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Citation de Musa_aka_Cthulie


Que la mélancolie soit intimement liée au regard, c'est-à-dire à l'image, toute son histoire en témoigne. L'image idéelle de Platon, l'image vraie d'Aristote gouvernaient l'imagination dans la mélancolie antique, et donnaient au regard sa visée. Avec l'acedia, le regard, parce qu'il s'est détourné de la contemplation divine, laisse au contraire le champ libre à une imagination débridée, nourrie d'images trompeuses et de simulacres. Ainsi, hormis dans ses représentations des tentations de Saint Antoine qui précisément s'abandonnent aux flots monstrueux de l'imagination, le Moyen Âge représente le mélancolique et l'acédique le regard baissé vers la terre, ou errant dans la vague, et même si, à l'aube de la Renaissance, Dürer restitue dans sa Melencolia I la tension du regard, celui-ci n'en est pas moins dirigé vers un objet dont l'absence dans la gravure jette un doute sur la réalité même. Au XVIIème siècle, la mélancolie ne trouve plus guère d'horizon que celui de la mort : c'est sur un crâne que bute le regard mélancolique, symbole de la limite et donc de la vanité de toute ambition idéale. Il n'en va pas différemment au siècle suivant, quand celui-ci n'édulcore ou n'affadit pas trop le "sentiment" mélancolique.
L'iconographie mélancolique est donc toujours une iconographie du deuil ; ce qu'elle met en scène est d'abord une absence. De fait, la période qui produit le moins d’œuvres intitulées Mélancolie est précisément le romantisme, qui veut croire à un lien vivant entre l'homme et l'idéal, lien qui tiendrait au rapport de l'homme à la nature.
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