Citations de Hélène Romano (25)
Le principal malheur des enfants et des adultes traumatisés n'est pas tant l'incompréhension des autres, mais leur indifférence et leur refus de vouloir savoir.
Les jeux post-traumatiques comme les pratiques dangereuses,témoignent de la blessure psychique de d'enfants ou d'adolescents confrontés à des évènements de vie indicibles; ils sont autant de traces traumatiques qui s'inscrivent dans leur histoire.
Ma parole libre et mon engagement professionnel dérangent ceux qui préféreraient que la défense des enfants maltraités, la prise en charge de personnes aux vies fracassées par des traumatismes et l’accompagnement des victimes restent des supports de communication bien plus qu’une réalité. J’aurais pu faire le choix d’une carrière simple mais le silence tue la vérité et détruit davantage ceux qui ne peuvent pas se libérer eux-mêmes de leur souffrance. La vie m’a appris depuis longtemps combien la liberté de penser est inaliénable. La volonté et le courage de faire face et de tenir malgré tout, m’ont permis de ne jamais renoncer. J’en connais le prix mais aussi toute la force que cela m’a permis d’acquérir.
L'enfant a horreur du vide. Très tôt il lui faut trouver des explications au monde qui l'entoure et donner du sens à ce qu'il vit. La réalité psychique de l'enfant ne supporte ni l'incertitude, ni le hasard et il va déployer une énergie considérable pour décrypter les événements de vie qu'il subit et leur trouver du sens en fonction de la valeur qu'il leur accorde.
Deux axes principaux de recherche ont progressivement orienté l’ensemble de mon travail : le traumatisme psychique et la dimension de transmission traumatique (au niveau institutionnel, comme au niveau familial). Ces deux axes se sont régulièrement rejoints avec des travaux sur le traumatisme psychique en situation collective et le développement d’études portant plus spécifiquement sur la clinique de l’enfant traumatisé, de la période périnatale à l’adolescence.
Grandir, c'est découvrir la réalité (psychique), sa consistance; c'est se sentir capable de créer,de produire et de croire à cette création.
Winnicott
C'est en jouant et seulement en jouant, que l'individu, enfant ou adulte, est capable d'être créatif et d'utiliser sa personnalité tout entière. C'est en étant créatif que l'individu découvre le soi.
Winnicott
- Mais si Papa devient un terrotriste aussi ?
- Est-ce que tu pourrais me dire pourquoi tu penses ça ?
- Mais parce que ces terrotristes, c'étaient des grandes personnes et Papa et toi vous êtes aussi des grandes personnes !
- Je comprends mais, tu sais, Papa nous aime. Il ne va pas devenir un terroriste, ni moi non plus. Il sait que la vie est un vrai trésor et, pour rien au monde, il ne se tuerait, ni ne tuerait d’autres personnes.
Nous, on se dit qu'on est malade parce qu'on n'a pas été sages, parce qu'on n'a pas obéi à nos parents ou parce qu'on s'est disputés avec notre frère ou notre soeur... On a tous un tas d'histoires pour expliquer qu'on est là. Mais tout ça, c'est faux ! On veut juste savoir ce qu'on a !
Au cours de mon itinéraire professionnel, la clinique, l’enseignement et la recherche ont toujours été étroitement associés. La recherche m’est vite apparue indispensable pour mieux comprendre les processus psychiques à l’œuvre dans la clinique et apporter une évolution positive à ma pratique. Seule, l’activité clinique n’est rien, si elle ne s’inscrit pas dans une dynamique de réflexion et d’évaluation qu’apporte la recherche et si elle ne vise pas à transmettre les connaissances acquises. Et la recherche témoigne que tout savoir est provisoire et perfectible. Elle nous incite à l’humilité et nous engage dans des perspectives multiples, passionnantes et sources infinies de créativité.
Si les adultes croient souvent que les enfants n'ont rien compris, qu'ils ne sont pas traumatisés et qu'ils continuent de vivre « comme avant », c'est bien souvent parce que les enfants se taisent ; ou plus précisément qu'ils ne s'expriment pas à la hauteur de leur détresse et de leur souffrance. L'événement traumatique déporte l'enfant hors du champ de la pensée, hors du monde.
La douleur physique comme la souffrance psychique chez les enfants ont longtemps été minorées tant par leur entourage que par les professionnels. La reconnaissance de l'existence des blessures psychiques chez les enfants est aujourd'hui admise.
Ça alors ! C'est pour cela que l'orage était si bizarre ! Ce n'était pas un nuage mais des gens méchants : des terrotristes !
Le regard porté sur l'enfant exposé à un événement traumatique abolit ou renforce le trauma.
Vivre au contact du trauma, de la souffrance et de la mort est une expérience terriblement difficile pour un enfant, sa famille et pour les professionnels qui les accompagnent. Cette indicible épreuve est pourtant l'ultime attention portée à l'enfant pour lui permettre de continuer d'être un enfant.
Prendre en charge et s'occuper d'un enfant traumatisé est une expérience bouleversante. Les situations d'enfants victimes d'événement traumatique sont rarement identifiées et prises en charge avec une réelle objectivité et dans un contexte serein : l'urgence et l'horreur de ces situations contaminent souvent les équipes, qui se trouvent alors prisonnières d'affects inconciliables.
Dans la vie de l'enfant, les amis tiennent une place importante. Ils permettent à l'enfant de s'ouvrir vers le monde extérieur et d'expérimenter d'autres rapports humains que ceux de la famille. Ces relations lui permettent aussi de se voir à travers le regard de l'autre et donc de mieux se connaître, tout en apprenant les règles sociales propres à la vie en société.
Le traumatisme rompt les habitudes de la famille, redistribue les responsabilités, change les priorités. Autour de cette « avalanche » d'inquiétudes qui monopolise toute l'attention parentale, la souffrance, les difficultés des autres membres de la famille ne sont plus prioritaires et dans certains cas ne peuvent même plus s'autoriser à être exprimées.
Pour grandir, se développer, apprendre, s'autonomiser, découvrir, survivre, [...] l'enfant a besoin de l'autre. Autour de l'enfant victime d'un événement traumatique, la constellation familiale se trouve bouleversée et donne lieu à de multiples réaménagements.
Les réactions de l'enfant face au trauma sont multiples. Selon son âge, son niveau de développement, ses ressources antérieures, son niveau d'exposition, les réactions de son entourage, le dispositif de prise en charge sera à adapter. Il nous semble cependant possible d'envisager au moins deux temps dans la prise en charge, le temps de l'urgence n'étant pas celui du différé.