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Citations de Henri Cazalis (38)


CALME DES PLANTES

Car Dieu semble n'avoir créé dans notre tête
Que stériles tourments et vaine activité,
Réservant ici-bas pour la plante et la bête
Le calme bienheureux de la passivité.
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RÉBELLION
Si tu ne voulais pas que l'homme mécontent
Te demandât raison de ton œuvre imparfaite,
Il le fallait laisser dormir dans son néant,
Ou comme aux animaux lui mieux courber la tête,

De peur d'une révolte il te fallait garder
De mettre en notre esprit des rèves trop sublimes,
Et ne nous pas donner des veux pour regarder
Trop avant quelquefois au fond de tes abimes.

Mais tu nous fis ainsi : ne t'étonne donc pas
Qu'aimant et que pensant nous soyons des rebelles,
Et trouvions des laideurs aux choses d'ici-bas,
Que tes mains aisément pouvaient créer plus belles !

Ne pouvais-tu finir ce monde, ou le briser ?
Ne prévoyais-tu pas qu'il deviendrait infâme
Ton chaos dure encor : pourquoi te reposer ?
La vieillesse et l'ennui seraient-ils dans ton n âme ?

Tout affamé d'amour, de justice et de bien,
Je m'étonne parfois qu'un idéal se lève
Plus grand dans ma pensée et plus pur que le tien !
- Oh ! pourquoi m'as-tu fait le juge de ton rêve ?
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TERREUR DU BEAU

Le secret éternel que recèle le beau,
C'est lui qui me tourmente en eux comme en toi-même :
La beauté m'épouvante à l'égal du tombeau,
Tant j'ai vu de néant sous sa splendeur suprème.
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L'Illumination des Alpes
Les Alpes aux seins blancs se dressent dans l'air bleu;
L'ardent Soleil les mord de ses lèvres de feu;
L'amant divin est près de quitter ses maîtresses,
Et pour suprême adieu, pour dernières caresses,
Sur leurs beaux corps neigeux par son âme embrasés,
En un large incendie il répand ses baisers.
L'illumination immense de sa joie
Roule sur l'océan des cimes qui flamboie;
Et tout rougit, tout brûle, et le Soleil descend
Dans la gloire de l'or, de la pourpre et du sang.
Tandis qu'une ombre froide envahit les abîmes,
Cette pourpre s'attarde et fleurit sur les cimes.
Puis le couchant s'éteint; plus un sommet ne luit;
Un crépuscule vert précède encor la nuit.
Silencieuse et morne, ainsi qu'un temple vide,
Chaque cime présente une face livide,
Pâle de la pâleur d'un cadavre glacé;
Et tout ce fol éclat s'est soudain effacé.
0 symbole entrevu, devant ces Alpes roses,
Des trompeuses clartés que revêtent les choses!
Ces pourpres, ces éclairs embrasant les sommets
Transfiguraient aussi mon âme, quand j'aimais
Je la sais aujourd'hui, la fantasmagorie
De ce vain monde avec ses heures de féerie;
Et cependant je suis heureux d'avoir été
L'éphémère témoin de sa vague beauté,
Et d'avoir, conscient de l'infini mensonge,
Parfois tremblé d'amour, attendri par le songe.
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Tel qu'un enfant,, perdu la nuit dans une forêt, et qui frissonne et tremble devant la profondeur mystérieuse des ombres, dans cette forêt de l'infini, dont les cimes sont fleuries d'étoiles, parfois je marche égaré et comme fou, épouvanté de son silence, et des regards muets que me jettent les choses.
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Le Soleil est là-haut, ainsi qu'un ménétrier qui conduit la danse, et ses rayons s'épanchent comme des sons joyeux. Le vieux Soleil, il veut qu'on rie; le vieux ménétrier veut qu'on chante ; mais, je ne sais pourquoi, le bal est triste et l'on s'ennuie.
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L'art pour le peuple, à défaut de l'art par le peuple, est une idée en effet qui attire et rapproche aujourd'hui beaucoup d'esprits en Europe. C'est que partout on commence à comprendre ce que je viens d'exposer ou de rappeler. On a chez lui excité volontiers tous les appétits, quitte à ne les pas nourrir autant qu'on l'a promis. On a éveillé chez lui des besoins, excessifs peut-être, car on commence à s'apercevoir qu'il faut opposer cependant quelques limites aux appétits, aux besoins, aux faims et aux soifs sans limites, et je ne dis pas chez le peuple seulement, chez tous.
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L'hygiène déjà, une branche encore de l'esthétique – car la santé, car la propreté sont nécessairement des conditions de la beauté – l'hygiène déjà cherche à donner à son habitation ce qui lui manqua trop longtemps, l'air pur, le soleil qui tue les germes pathogènes, la lumière, non moins nécessaire à la pensée ou à l'âme qu'elle l'est au corps(2). Mais je demande plus, je voudrais partout en ses intérieurs, avec la salubrité, le confort, un peu d'élégance et de beauté, même un peu de ce charme qui y retient, comme parfois dans les nôtres. Est-ce impossible, et ne peut-on trouver une formule décorative qui s'applique à toute habitation, à celle de l'artisan comme aux autres ? On le peut, et c'est ce que tentent en ce moment
quelques artistes de France et de l'étranger.
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Oui, nous avons l'intérêt le plus grave et le plus urgent à voir ce mouvement d'art nouveau, qui devient général en Europe et en Amérique, parvenir jusqu'au peuple, jusqu'à cette immense foule populaire, en ce moment sans doute indifférente à lui, mais dont peut-être il renouvellera et illuminera un jour l'existence trop souvent encore sans clartés.
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L’Illusion



RÉMINISCENCES
À DARWIN

Je sens un monde en moi de confuses pensées,
Je sens obscurément que j’ai vécu toujours,
Que j’ai longtemps erré dans les forêts passées,
Et que la bête encor garde en moi ses amours.

Je sens confusément, l’hiver, quand le soir tombe,
Que jadis, animal ou plante, j’ai souffert,
Lorsque Adonis saignant dormait pâle en sa tombe ;
Et mon cœur reverdit, quand tout redevient vert.

Certains jours, en errant dans les forêts natales,
Je ressens dans ma chair les frissons d’autrefois,
Quand, la nuit grandissant les formes végétales,
Sauvage, halluciné, je rampais sous les bois.

Dans le sol primitif nos racines sont prises ;
Notre âme, comme un arbre, a grandi lentement ;
Ma pensée est un temple aux antiques assises,
Où l’ombre des Dieux morts vient errer par moment.

Quand mon esprit aspire à la pleine lumière,
Je sens tout un passé qui me tient enchaîné ;
Je sens rouler en moi l’obscurité première :
La terre était si sombre aux temps où je suis né !

Mon âme a trop dormi dans la nuit maternelle :
Pour monter vers le jour, qu’il m’a fallu d’efforts !
Je voudrais être pur : la honte originelle,
Le vieux sang de la bête est resté dans mon corps.

Et je voudrais pourtant t’affranchir, ô mon âme,
Des liens d’un passé qui ne veut pas mourir ;
Je voudrais oublier mon origine infâme,
Et les siècles sans fin que j’ai mis à grandir.

Mais c’est en vain : toujours en moi vivra ce monde
De rêves, de pensers, de souvenirs confus,
Me rappelant ainsi ma naissance profonde,
Et l’ombre d’où je sors, et le peu que je fus ;

Et que j’ai transmigré dans des formes sans nombre,
Et que mon âme était, sous tous ces corps divers,
La conscience, et l’âme aussi, splendide ou sombre,
Qui rêve et se tourmente au fond de l’univers !
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L’Illusion



VIE DIVINE

Aime, ainsi que la mer, la mer dressant ses vagues
Comme des seins tendus aux baisers du soleil,
Et de ses cris d’amour, de ses longs soupirs vagues,
Gémissante, emplissant tout l’espace vermeil ;

Comme ces larges nuits qui cachent sous leurs voiles
La palpitation d’un cœur illimité,
Aime, et fais de ton cœur un grand ciel plein d’étoiles,
D’où s’épanchent la paix sereine et la clarté !

Désire, aime sans fin, souffre, brûle, aime encore,
De rêves sans limite enivre-toi toujours ;
Avant le soir funèbre, abreuve-toi d’aurore,
Ouvre toute ton âme à d’immenses amours.

Alors verse tes chants aux sombres multitudes,
À tous ceux qu’ont rendus stériles les douleurs,
Comme ces vents qui font germer les solitudes
Et, tièdes et féconds, trembler l’âme des fleurs.

Aime et vis, comme un Dieu sur terre voudrait vivre,
Penche-toi vers tous ceux que tu verras souffrir,
Et de lumière et d’art, de rêves toujours ivre,
Incendié d’amour, ne crains plus de mourir !
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L’Illusion



LE SAGE

Le vieux Viçvamétra dans les austérités
Avait vécu cent ans, et le farouche ascète
Assombrissait parfois de regards irrités
Le ciel clair, où les Dieux anciens menaient leur fête.

Le peuple entier du ciel redoutait ce géant,
Car le vieillard pouvait, d’une seule parole,
S’il les dédaignait trop, renvoyer au néant
Tous ces amants divins dont la terre était folle.

Il avait si longtemps, du fond de ses forêts,
Pesé la vanité du ciel et de la terre ;
Il avait pénétré d’effroyables secrets ;
iMais, comme il était bon, il préférait les taire.

Il savait qu’eux aussi les Dieux devaient périr,
Que tous étaient encor plus vains que nous ne sommes,
Et qu’un mot suffirait pour faire évanouir
Ces fantômes créés par le songe des hommes.

Il était devenu très vieux ; il dit un jour :
« Ces ombres, ma pitié les a trop laissés vivre ;
J’élargirai le cœur des hommes par l’amour ;
Mais il est temps qu’enfin leur esprit se délivre ! »

Alors il aperçut, sanglotante, étouffant,
S’affaissant sous le poids trop lourd de sa souffrance,
Une femme qui, près du cercueil d’un enfant,
Les yeux au ciel, cherchait sa dernière espérance.

— Et le vieillard pensa : « Le silence vaut mieux…
Quel mot consolerait cette âme qui succombe ? »
Et, n’osant pas encor faire écrouler les cieux,
Les deux doigts sur sa bouche, il entra dans sa tombe.
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Nuit devant la mer



Tous deux, naguère, assis la nuit sur ce rivage,
Nous écoutions pleurer les harpes de la mer :
La mer bondit ce soir, amoureuse et sauvage ;
Flots que hurlez, mon cœur comme vous est amer !

C'est comme un bruit sans fin de sanglots et de râles ;
Les grands flots vers le ciel montent désespérés :
Et la lune et la mer s'attirent et sont pâles,
Ainsi que deux amants que l'on a séparés.
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Il avait du reste l'exécution prodigieusement facile; mais c'était cette facilité qui suit chez les grands artistes, le patient travail antérieur de l'observation et de la réflexion continuelles. Ses portraits au crayon, d'une tournure si large et d'une expression si vivante, il les faisait avec une incroyable rapidité, ayant de plus ce miracle d'une vue intense, qui d'un coup d'œil saisit tout, et va surprendre par delà le visage, l'être intérieur sous son masque.
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Il avait tous les goûts nobles, adorait les chevaux, aimait le vrai luxe, une richesse à la fois éclatante et sombre.
Infatigable, saisissant avec passion toutes choses, il travaillait presque toujours avec une véritable furie, oubliant tout alors, ne pouvant plus quitter sa toile, laissant ses repas ou se contentant de dévorer du pain, sans s'interrompre.
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Henri Regnault était un de ces êtres privilégiés chez lesquels les facultés les plus belles se rencontrent, et, dans une admirable harmonie, se soutiennent et se fortifient mutuellement. Il était de ces hommes rares, chez lesquels le caractère est aussi haut que la pensée, et, pour le représenter fidèlement, ce n'est donc pas assez de rapporter l'histoire de ses travaux; il nous faut dire encore tout ce qu'il a été, tout ce qu'il voulait et pouvait être.
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LES HARPES DE DAVID

La nuit se déroulait, splendide et pacifique;
Nous écoutions chanter les vagues de la mer,
Et nos coeurs éperdus tremblaient dans la musique;
Les harpes de David semblaient pleurer dans l'air.

La lune montait pâle, et je faisais un rêve:
Je rêvais qu'elle aussi chantait pour m'apaiser,
Et que les flots aimants ne venaient sur la grève
Que pour mourir sur tes pieds et les baiser;

Que nous étions tous deux seuls dans ce vaste monde;
Que j'étais autrefois sombre, errant, égaré;
Mais que des harpes d'or en cette nuit profonde
M'avaient fait sangloter d'amour et délivré,

Et que tout devenait pacifique, splendide,
Pendant que je pleurais, le front sur tes genoux,
Et qu'ainsi que mon coeur le ciel n'était plus vide,
Mais que l'âme d'un Dieu se répandait sur nous!

Chants de l'Amour et de la Mort
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Ce qu'il a voulu, nous tous le devons vouloir il a voulu que son pays, comme chaque pays, gardât ou reprit pieusement la tradition de son art national; et il a voulu que cet art fût logique, fût simple, fût sain et robuste.
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Henri Cazalis
Arbres, silencieux géants , spectres sans voix,
qui apparaissez devant nos yeux;

fils aînés de la Nature, rochers noirs,
endormis immobiles sous les claires étoiles ;

lune, témoin éternel,

Qui êtes-vous
et qui suis-je ?

Et pourquoi nous rencontrer ainsi
dans l'immensité de l'abîme ,

moi, vous interrogeant,
Et vous, pleins de silence ?

(" Le livre du Néant ")
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Henri Cazalis
Amour, vin étrange !
Ceux que tu désaltères
ont toujours plus soif
après qu'ils ont bu

(" Le livre du néant ")
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