J'écris ces vers au stylet de ma
révolte
à l'encre caustique de mon
désespoir
et le tronc de l'arbre
métier à tisser
gardera l'empreinte douce
de ton coeur
un manœuvre n’en fait
qu’à sa forte tête
de par
le luberon
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24/29
pourquoi découlent tant de peines
eau souillée dans la source
joie
j’irai boire à quelle fontaine
une prise de tabac brun
désengourdit mes humeurs bleues
on célébrait l’évènement
sinon le saint du jour connu
j’ai le calendrier en poche
ou l’heure d’un cadran lunaire
saqué de fièvre de cheval
comme après le feu de saint jean
la plus courte nuit de l’année
les cendres démarquaient la terre
d’un haut ciel étoilé de rouille
point de buée sur le miroir
mais le froid qu’imprègne le verre
je le sens qui me cerne aux yeux
qui m’agrippe
qui m’envahit
j’en suis venu à redouter
d’avoir approché l’allumette
des quelques brindilles craquantes
dans les poignes du seul fantôme
qui tendaient une ombre de main
allongée par le clair de lune
geste
peut-être de confiance
geste
peut-être calculé
je n’ai plus regardé que lui
débarrassé du vêtement
sans motif de dentelles
manches
faucilles qui torchaient ma morve
maintenant
un lourd poing de pierre
esquisse la statue bâtarde
qu’il me reste à découvrir
quand je piétine la nature
un manœuvre n’en fait
qu’à sa forte tête
de par
le luberon
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21/29
mais un nouveau poème
bille en tête
c’est-à-dire d’un
faure
évolué
qui se ramasse encore sur lui-même
pour se lancer entier dans la forêt
avec plein les poches de provisions
de l’essentiel
ou
de la pacotille
trop enrichis de joies et de souffrances
tant dénudés des anciennes ferveurs
de plus en plus
les autres n’ont des arbres
que le bois
parce que mâts poteaux poutres
parce que billes traverses madriers
parce que planches fagots copeaux bûches
avec l’arbre j’ai communication
par le jeu habile de mes cinq sens
dont j’exercise la gamme
délire
à tous les horizons montrant du doigt
quelques traces de bêtes qui m’inquiètent
me laissant espérer quel avenir
retranché d’aussi vieille compagnie
… devant ce cadavre qui ressemble aux sages
plus près de nous
à l'homme en croix
soudain tout se désorganise
avec des hoquets de regrets vains
les orbites vides s'approfondissent
et l'oreille gauche dressée vers la voûte
attend la réponse à l'appel lancé
la réponse qui tarde tant à venir
qui ne viendra
j'en suis sûr jamais
jamais
et jamais non plus le mouton ne sortira
de l'ornière où trop folle sa tête
l'entraîna
où il a chu tout d'un coup au matin
où il coula et où seulement reste
sa toison sur la surface ridée
comme une étrange mousse savonneuse
dans laquelle je me lave les mains
un manœuvre n’en fait
qu’à sa forte tête
de par
le luberon
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25/29
blanc
gris
bleu
vert
sont les
couleurs
d’un
arc-
en-ciel
bizarre
que l’on
devrait
loger
ici
parmi
mes vers
afin
de
rendre
les quelques
éclairs
de cette
présence
que j’ai
R
un manœuvre n’en fait
qu’à sa forte tête
de par
le luberon
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26/29
astuce dernière
une voix de femme
et
l’entendre dire
quel âge avez-vous
au jour d’aujourd’hui
bougre
de
monsieur
je
dans le soleil
je
dans la provence
je
dans la chaleur
dans
le luberon
bourdonnant de sève
insecte de sang
fauve qui s’étire
dans ce merveilleux
la terre en rigole
de volupté verte
en ce temps de pâques
je
et
je
toujours
que tient la nature
plutôt qu’en son sein
dans l’œil de perdrix
d’un collimateur
du fusil de mort
dans les affres d’un ...
un manœuvre n’en fait
qu’à sa forte tête
de par
le luberon
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19/29
tel
un
caraque
nippé
de peu
haillons
frustrés
mais tête
fournie
mystère
joyeux
je l’en
traverse
de long
en large
pour qu’
il
me donne
vêture
d’orgueil
pape
un enfant de chœur sur la touche
11
combien j’entrais en errance
depuis mon dernier poème
mil neuf cent soixante six
ouais
tirant dur sur ma roulotte
comme un vieux cheval de cirque
du velay en la provence
saint-étienne
ville close
si tu veux qu’enfin je t’aime
passe en territoire vellave
élargis tes dimensions
de rudesse et de fierté
un seul soir rien que pour moi
avec le doux vent tombé
des montagnes sud-ouest
quand elle montera dans ma voiture
passagère clandestine embarquée
sans bagage pour quelque île lointaine
vogue la galère au cri des mouettes
puis se tiendra assise à mes côtés
les bras croisés et les genoux serrés
elle deviendra la plus belle fille
du monde
en coin de mon rétroviseur
je dépends de vos tics
comme s’ils étaient miens
j’ose les recréer
en faux jour d’un miroir
avec l’espoir secret
d’en tirer bon parti
pour être comédien
allumeur de soupirs
je me rappelle
un monde fou
se glissait dans ta tête lourde
dès que le trépan inventé
avait découpé une trappe
sur ton bonheur marécageux
un manœuvre n’en fait
qu’à sa forte tête
de par
le luberon
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17/29
agacement d’un bruit
sourd
à l’oreille vive
l’empreinte de la mer
par les hautes falaises
que la nature étreint
son dos tourné vers
l’homme
qui n’ose intervenir
de peur de
Bousculer
le miracle
en gestion
un manœuvre n’en fait
qu’à sa forte tête
de par
le luberon
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18/29
je suis
vaudois
et viens chercher asile en tes cavernes
dis
oh
tu ne me moucharderas pas
au roi de France
qui n’attend qu’une occase
pour ramener sa splendeur
où le sang fut toujours teinture de ses ornements
qu’il disputait
au pape
de frénésie assassine
la république n’apporte la moindre solution