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4.54/5 (sur 25 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Reims , 1973
Biographie :

Hervé Heurtebise écrit tard dans la nuit, mais pas seulement. Il dessine, peint surtout, mais pas seulement. Il est photographe, enseignant, père de famille, mais pas que ça.
Ce Champenois exilé dans le sud de la France garde de sa jeunesse plate l’amour des livres, le goût des fines bulles et la nostalgie des hivers rémois. Il nourrit depuis lors une véritable passion pour le verbe, pour les mots : les mots écrits, les mots dits, les jeux de mots, les mots anciens, les mots rares, les gros mots aussi, quelquefois. Les mots et les imparfaits du subjonctif, fussent-ils distillés ça et là, par petites touches aux détours d’un vers, aux confins d’une phrase.
Il écrit des histoires qui se veulent drôles à défaut d’être vraies, des histoires caustiques, parfois cyniques, souvent tendres. Ses personnages, à son image, jettent un regard faussement désabusé sur les événements qui les frôlent, les indiffèrent, les entraînent, les atteignent, les amusent ou les peinent.
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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
12 janvier
Je ne sais pourquoi j’éprouve aujourd’hui, à près de cinquante ans, le besoin de tenir un journal comme une adolescente, moi qui, même adolescent, ne l’ai jamais fait.
Je me souviens avoir lu, vers l’âge de treize ans, le journal d’Anne Frank. J’en ai un souvenir précis car je lisais ces pages lourdes d’une angoisse sourde alors que j’attendais avec anxiété dans une chambre d’hôpital que l’on vint me faire une injection préopératoire. Les mots de l’étouffant récit trouvaient alors en moi un étrange écho à ma propre peur de cette piqûre que je savais douloureuse.
Je suis proctologue. Je sais que cela fait souvent sourire. Plus souvent encore cela provoque un rictus de dégoût. Je connais par cœur tous les jeux de mots inhérents à ma profession : « ce doit être un métier de merde », ou encore : « vous êtes un expert en la matière », et je sais que le putain d’amant de ma femme ne parle de moi qu’en disant : « l’autre trou du cul ». Je dis le putain d’amant de ma femme parce que je m’interdis de dire l’amant de ma putain de femme, cela ne m’empêche pas de le penser parfois et de le regretter souvent. Ceci dit, à sa décharge, le brave homme a toutes les raisons de m’en vouloir, moi qui, pour le désigner, n’emploie jamais d’autre terme que : « l’autre charlatan ».
On devient proctologue par hasard, je ne connais pas un enfant qui voudrait le devenir une fois devenu adulte. J’imagine d’ici la scène du bambin annonçant à ses parents :
« Moi, quand je serai grand, je veux être proctologue !
— Tu veux être quoi ?!?
— J’veux être proctologue, j’veux que les gens s’agenouillent devant moi et moi, je leur mettrai des doigts dans le trou des fesses ! »
À coup sûr, l’enfant qui dirait cela finirait sans tarder chez le pédopsychiatre. Je n’étais pas cet enfant-là, moi je voulais être chirurgien, je voulais opérer des cœurs.
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Émilie a insisté pour que nous allions à la fête des voisins. Elle a de ces idées, parfois ! Je consens à y faire acte de présence uniquement pour lui faire plaisir. Il faut savoir faire des sacrifices et je suis pour la paix des ménages, surtout le mien ! Je ne sais pas pourquoi elle y tient tant. Elle pense peut-être devoir se présenter au groupe pour pouvoir intégrer la joyeuse bande des propriétaires névrosés. On voit vraiment qu’elle ne les connaît pas ; ils sont tous plus sinistres les uns que les autres. Franchement, je ne comprends pas pourquoi on a inventé une fête pareille. Pour recréer du lien social, pour retrouver un esprit de village dans nos grandes villes déshumanisées, me dit Émilie. Depuis Le – très fascisant – Corbusier et sa maison du fada à Marseille, plus personne ne peut croire en de telles balivernes. S’ils avaient eu un tant soit peu d’honneur, les architectes qui les ont commises se seraient pendus avec leurs belles utopies, en voyant ce que leurs grandes cités idéales sont devenues. Fallait-il qu’ils soient cyniques ou fous – ou bien les deux – pour imaginer des gens vivre heureux dans des habitations construites dans un matériau dont on avait fait, quelques années auparavant, le mur de l’Atlantique et la dernière résidence secondaire du petit moustachu allemand. Sincèrement, si le lien social s’est délité, si on ne se fréquente plus entre voisins – dans nos villes de grande solitude, comme le dit le chanteur – il doit bien y avoir une raison, non ? Une raison simple, explicite, compréhensible par le premier des enfants. Une raison qui tiendrait en quelques mots : le voisin est un gros con ! Seule Émilie fait étonnamment exception à cette règle immuable et c’est pour cela que nous vivons ensemble. Et puis l’esprit de village, je le connais. J’ai grandi à la campagne où chacun médit, où tout le monde se mêle des affaires de tout le monde, où les histoires de coucherie de la mère Michel avec le père Lustucru, qui a lutiné son chat, se répandent comme des effluves de lisier en rumeurs nauséabondes, plus sûrement que l’indigence intellectuelle sur les programmes télévisuels, plus rapidement que la photo d’une quelconque Miss France nue sur les réseaux sociaux.
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Pour vous, un extrait inédit que vous ne lirez nul part ailleurs, pas même sur le site de l'éditeur !

7 mai
Il a fait aujourd’hui un temps magnifique, un de ces temps de printemps ensoleillé où il ne fait pas trop chaud. Le soleil sur le visage apporte juste ce qu’il faut de chaleur, l’air paraît plus léger. Quand il fait un temps pareil, j’ai l’impression que ça ne cessera jamais, que les jours gris ne reviendront pas, que l’air ne deviendra cet été ni trop lourd ni vicié, que le temps est suspendu à cette saison, à cette sensation, à ma démarche sans peine.
Hélas, après août étouffé de chaleur, les jours sombres reviendront, et Paris retrouvera son manteau gris de journées de pluie morcelées d’un ineffable ennui.
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Il n’y a pas de place pour la pudeur à l’hôpital, qu’elle soit vraie ou fausse. Il n’y a plus que des bouts de corps malades, des tas de chairs asexués que l’on examine, que l’on opère, que l’on mutile, que l’on meurtrit, et que parfois, on espère guérir.
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Ces dix dernières années, j'ai bien trié mes déchets, mes emballages en carton, mes bouteilles de verre... Est-ce que j'ai sauvé la planète ? Non. Est-ce que cela a fait de moi quelqu'un de meilleur ? Sincèrement, je ne le crois pas. La planète n'a sûrement pas besoin d'être sauvée et l'espèce humaine ne le mérite certainement pas. S'il est probable que d'ici quelques siècles ou au mieux quelques millénaires, l'espèce humaine ne sera plus, la Terre, elle, sera toujours là et je doute que toute trace de vie en disparaisse ; virus, bactéries et d'infinies autres formes de vis subsisteront.
La Terre, débarrassée de la seule espèce animale néfaste à son environnement, ne s'en portera pas plus mal.
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Je sais qu’on est tous le con de quelqu’un mais lui est, décidément, le con de plusieurs.
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Faire un enfant, c'est faire l'apprentissage de la peur.
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