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Citation de aleatoire


Et un jour, moi aussi je suis mort.

La lumière était insupportable. Tout était blanc, à perte de vue, saupoudré de neige fraîche et encroûté de glace. Le soleil tombait là-dessus et tapait sur cette blancheur et en tirait des éclats aveuglants. Le ciel était d'un bleu pur tellement transparent et profond que je m'attendais à apercevoir en plein jour quelques étoiles.
La route était vide. Les traces de pas recouvertes de neige filaient vers l'ouest en millions de creux bleuissant sous la lumière crue. Empreintes de fantômes. Le silence était total dans l'air immobile. J'entendais cogner sous mon crâne le battement de mon sang mais ce ne pouvait être qu'un écho lointain de la vie, parce que j'étais mort. Je l'ai su à cet instant. Jamais je ne reviendrais de cette terre figée, jamais je ne quitterais ce chemin balisé de cadavres. Jamais je ne retrouverais la vie. J'allais sur cette route parmi les morts abandonnés sur les bas-côtés, sans appui sur le sol poudreux et froid, ni consistance physique. J'étais seul désormais à me voir, à éprouver la réalité matérielle de mon spectre. Je me confondrais pour les autres dans la transparence de l'air. Leurs regards passeraient à travers moi sans deviner jamais ma réalité.
La nuit s'ouvrirait parfois autour de moi et seules me reconnaîtraient alors les âmes errantes que je croiserais par hasard, les yeux morts d'épouvante comme les miens, la gueule grande ouverte sur leur dernier souffle.
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