L’affection des gens de la campagne pour leurs masures est un fait inexplicable. Quelque insalubre que puisse être sa chaumière, un paysan s’y attache beaucoup plus qu’un banquier ne tient à son hôtel. Pourquoi ? Je ne sais. Peut- être la force des sentiments est-elle en raison de leur rareté. Peut-être l’homme qui vit peu par la pensée vit-il beaucoup par les choses ? Et moins il en possède, plus sans doute il les aime. Peut-être en est-il du paysan comme du prisonnier ?... il n’éparpille point les forces de son âme, il les concentre sur une seule idée, et arrive alors à une grande énergie de senti- ment. Pardonnez ces réflexions à un homme qui échange rarement ses pensées. D’ailleurs ne croyez pas, monsieur, que je me sois beaucoup occupé d’idées creuses. Ici, tout doit être pratique et action. Hélas ! Moins ces pauvres gens ont d’idées, plus il est difficile de leur faire entendre leurs véritables intérêts.