Sur la grève
J’ai beau me retourner
Plus de trace de pas.
La porte se referme
Dans un grand bruit
Le temple s’endort.
Il n’y a rien
Dans le tiroir du bureau
Que j’ai ouvert histoire de voir.
jour de pluie
à la lumière d’une lampe
seul
Sur la lettre
Qu’allongé j’écris
Le coq se penche.
Sur la pointe d'une herbe
devant l'infini du ciel
une fourmi
(Haiku)
Dénigrer autrui ?
Je me lave l’esprit
En écossant mes pois.
Lever du jour,
seul près du pont -
un saule dans la tempête
disant adieu
le chant des cigales le soir
s’amenuise
Tellement seul
J'ouvre pour voir
Mes cinq doigts
avec des enfants ;
les vagues se brisent à nos pieds
Il n’y a rien
Dans le tiroir du bureau
Que j’ai ouvert histoire de voir.
Au fond de la brume
le bruit de l'eau -
je pars à sa rencontre
J’ai cédé le grand pin
Aux bandes de moineaux
Moi j’ai ma hutte
Fleurs coupées - le malade les contemple
kirareru hana o byônin miteiru
Plus ou moins rétabli, le malade arrange les fleurs
byônin hana ikeru hodo ni narishi
En silence
je taille la couleur bleue
d'un crayon de couleur
Chaîne de montagnes s'élevant dans le ciel de l'est, par beau temps, le soleil y a son lever. Il sort de derrière les monts, monte, monte, grimpe tant et encore. Une allure telle ! Incomparable l'émotion de qui, assis, le regarde monter au firmament et demeure sans mots. A propos de la mer, j'aimerais vous faire une confidence. Durant ces trois dernières années d'errance et de vagabondage, j'ai toujours cherché à résider dans des temples qui pouvaient offrir une vue, même discrète, sur la mer. Ou mieux, des temples situés en bord de mer et pouvant offrir un environnement semblable à celui que je viens de décrire. Le ciel au-dessus de la mer offre le matin et le soir, en effet, toutes sortes de nuages flottants aux formes et aux couleurs extrêmement variées, dont l'éventail est tel qu'il est impossible à oublier. Une chose est certaine : si on ne réside pas à proximité de la mer, on est privé à tout jamais de la beauté de ces phénomènes. Pendant ces trois dernières années de marche, d'errance, de flottement, j'ai recherché la compassion qu'offre la mer et, en même temps, celle de cette chose ambigüe, vague, qu'est le nuage. Installé dans cet ermitage par la grâce de Bouddha, je peux jouir de la proximité et de la beauté de la mer, des transformations des nuages matin et soir ; de plus, le pilier m'offre son soutien durant mes longues heures d'observation. Maintenant que nous sommes au milieu de l'automne, la mer, les nuages, la lune, les insectes proposent des spectacles, des concerts encore plus intéressants. En d'autres mots, c'est la plus belle saison pour les hommes.
Extrait de "Notes de Shôdoshima", La Mer.
De retour d'une pêche nocturne, à l'aube, un petit bateau
yozuri kara akete modotta chiisai fune da
Deux seins
superbes –
et un moustique !
A un enfant un peu souffrant, j'offre un poisson rouge
sukoshi yamu ko ni kingyo kôterayu