Je me dis en brossant les cheveux de Jay qu’en l’absence de liens du sang, la force ou tout ce qui fait la connexion entre nous reposera toujours sur l’amour et rien que sur l’amour. L’amour que je donne à Jay, à ses deux sœurs et à leur mère me sera toujours rendu au centuple.
Cette hache qui sculpte, c’est l’amour.
C’est une gamine. Elle est habituée à ce qu’on lui dise quoi faire, à ce que sa vie soit mise entre parenthèses et sous contrôle. J’espère et je sens que ça l’apaise de se faire brosser les cheveux par son père, mais elle est surtout impatiente que je la libère.
Elle adore se battre contre moi. Elle aime bien mesurer sa force – pour se tester et me tester. Je sais qu’elle croit que chaque combat contre moi la rapproche du jour où elle me battra. C’est un tel plaisir de la tenir et de la regarder.
Ce sont des choses qui arrivent, quand on ne sait pas qui on est. Si on laisse faire, l’histoire de notre vie se résume à la part manquante, non à la présente. Il faut que j’invente une nouvelle histoire – de toute urgence.
Nous sommes des garçons propres, polis, bien habillés, et pourtant, dans cette ville, des gens qui ne nous connaissent pas croient pouvoir s’immiscer.