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Citation de santorin


Que le corps humain semble fort lorsque c'est la chair d'un autre homme qui saigne ! Qu'il est facile de regarder la mort en face lorsque c'est d'un autre homme qu'elle approche ! Eh bien ! c'était son tour maintenant. Ce n'était plus d'un enfant chinois, d'une femme espagnole, d'un Juif d'Europe centrale, de ces pauvres charmants Français qu'il s'agissait, mais de lui, de Hugo Grayer ! De son corps roulé dans l'écume de la mer et les vomissements, glacé, solitaire, malheureux, tremblant ! Comme il avait regardé, puis froissé d'une main paisible, avant de se mettre au lit, ces journaux qui contenaient les récits de bombardements, de torpillages, d'incendies - ah ! il y en avait trop, la pitié elle-même se lassait -, ainsi, demain, des gens sages et tranquilles contempleraient un instant l'image d'une mer monotone et lisse où flotte une épave, et ils n'en perdraient pas une bouchée de pain, ni une gorgée de vin, ni une heure de sommeil. Il serait gonflé par l'eau, mangé par les bêtes marines, et dans un cinéma de New York ou de Buenos Aires passerait sur un écran : "Le premier navire neutre torpillé dans cette guerre !" Et cela serait vieux et oublié et n'intéresserait personne. Des gens penseraient à leurs affaires, à leurs maladies, à leurs ennuis. Des garçons saisiraient dans l'ombre des filles par la taille ; des enfants suceraient des bonbons.
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