Il y a trois siècles, les Misandres ont découvert les preuves génétiques de leur infériorité et les chamallos ont été déchus de leurs droits. Leur nature binaire et leur virilité ont été reconnus comme les symptômes d'une maladie qui a touché une frange importante de l'espèce humaine. Les Misandres se sont longuement questionnées sur l'utilité de ces êtres inférieurs et leur place dans la société. Ce sont les spécialistes technomagiques qui ont découvert l'intérêt de la force chamallienne en tant que biomasse. Leur corps est une source de matière première renouvelable. Elles ont donc développé la technologie pour l'exploiter. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, les mâles furent utiles.
Même si, à mon image, on manque d'ouverture sociale, deux siècles d'errance en ce bas monde vous forcent à collaborer épisodiquement avec vos semblables.
Karl est le genre de type que tout le monde aime et dont je me méfie d'instinct. Il aurait pu passer pour un protecteur, mais sa jalousie trahissait un intérêt plus poussé. Ce loup déguisé en agneau manquait d'assurance. Son corps effilé refusait de contenir à lui seul tant d'absurdités. Et dire que cette marionnette désarticulée se prenait pour un grand sage...
Les mâles sensuels à la beauté plastique évidente ne m'attiraient pas. Je préférais les géants poilus au charme discret qui parvenaient à me maîtriser en un tour de bras et que je quittais avant le lever du soleil. Mais, il y a toujours un cas particulier qui fait exception à la règle qu'on croyait immuable.
Avec l'âge, ma patience à l'égard des humains s'amenuise. Si leur instinct de survie n'était pas défaillant, ils m'ignoreraient et j'éviterais de leur briser les cervicales. Malheureusement, l'alcool incite à l'interaction. J'avais l'habitude de lutter contre ce genre de mâles nocifs.
Pour ma Bête, les humains incandescents se démarquaient tels des ballons de chair gorgés de vitalité.
L'élite recrute toutes sortes d'agents pour éliminer les dissidents et il s'avère que je possède les qualités pour exécuter avec hygiène et discrétion mes semblables. Je préférais toutefois m'envisager comme un agent darwiniste subordonné à la sélection naturelle plutôt que le bras armé d'un pouvoir oppressif. Simple question de point de vue.
Le loup s’élance à travers la forêt. Ses lourdes pattes s’enfoncent dans la neige. De la fumée s’échappe de ses naseaux. Son pelage sombre contraste avec sa peau d’homme. Zac pense que sa forme lupine reflète mieux son âme. L’animal ne ment pas. Il est sans concession. Pas toujours cordial, mais entier.
On ne change pas ce qu'on est.
Les vampires ont moins de pudeur que la bienséance ne l'exige et le concept d'intimité semble encore plus extravagant à leurs yeux.