Le temps est venu pour les cygnes,
De retourner vers leur maison,
Où le soleil ne descend pas sous l’horizon.
C’est vers le Grand Nord que conduisent tous les signes,
Vers un pays qui ne connaît que deux saisons,
Où le jour et la nuit vivent à l’unisson.
« Connais-tu le nom de l’endroit où nous sommes ici ? me demanda-t-il. Intriguée, je scrutai les alentours et mon regard s’arrêta sur un écriteau en bois, fixé à hauteur d’homme sur le mur derrière le comptoir : « Je ne comprends malheureusement pas le turc, rétorquai-je.
– Le Miroir de l’âme, c’est ce qui est écrit sur l’écriteau, répliqua John.
– Drôle de nom pour un café ! m’exclamai-je à haute voix.
– Pas tant que ça. Le nom de ce café est le titre d’un ancien conte persan très connu dans la région.
– Ah, je vois. C’est plutôt poétique. J’imagine que tu connais cette histoire ?
– Oui, bien sûr. C’est un conte que je connais même très bien.
– Tu as piqué ma curiosité ! Pourrais-tu m’en dire plus ? À moins qu’il ne soit déjà un peu tard… Tu as peut-être du travail qui t’attends ?
– Non, j’ai tout mon temps. Ne t’inquiète pas pour moi. D’ailleurs, j’aime beaucoup raconter cette histoire, d’autant plus que je n’en ai pas souvent l’occasion. ».
Comment te sens-tu, Rime ? insista mon extraordinaire interlocuteur.
– Bien, je crois. Merci.
– Très bien, tu récupères vite. C’est bon signe.
– Mais qui êtes-vous ?
– Je suis un sylvain, l’esprit vivifiant et le gardien de cette forêt. Je vais t’aider à retrouver le chemin qui mène au vieux chêne.
– Comment savez-vous tout cela ? Je veux dire… Au sujet de tout ce qui m’est arrivée ?
– Tu es le cœur de cette forêt Rime. Y a-t-il ici ne serait-ce qu’un être vivant qui pourrait t’ignorer ?
Ah, je vois. Eh bien, sachez que chaque chose à son utilité. Tout d’abord ma besace contient des plantes, des minéraux et des huiles qui permettent de soigner toutes sortes de maux. Elle est effectivement lourde à porter mais indispensable ! Les grosses perles de nacre dans mes cheveux me protègent du mauvais sort. Mon collier porte un éclat d’étoile tombée du ciel le jour de ma naissance. Il brille dans l’obscurité, mais je le garde la plupart du temps à l’abri sous ma tunique. Le cordon tressé d’or et d’argent à ma taille, outre qu’il maintient en place ma tunique, symbolise les deux pouvoirs du silence et de la parole, c’est l’emblème de mon clan. Le bracelet en cuir que je porte au poignet droit est serti d’un rubis bleu très rare. C’est l’héritage le plus précieux de mon clan ! La lanière en peau de serpent à mon poignet gauche me protège contre le venin des reptiles. Quant aux plumes d’aigle cousues sur mon pantalon, eh bien, comment dire, c’est juste que je trouve ça trop joli !
La légende affirmait l’existence d’une terre sombre emplie de ténèbres. Elle se trouvait très loin, par-delà la forêt et même au-delà de l’endroit où se couchait le soleil dans les eaux de l’Ouest. Là-bas, quelque part perdue dans l’obscurité, il y avait une source d’eau fraîche aux vertus merveilleuses. Celui qui en buvait regagnait la jeunesse, acquérait la sagesse et la durée de sa vie était miraculeusement allongée. C’est pourquoi, on nommait cette eau : la source de vie !
La première action du nouveau roi fut d’ouvrir les portes du trésor royal afin de couvrir d’or les soldats de son armée. Puis, sous l’influence de son conseiller Ghadir, Nafs fit envoyer de la nourriture en grande quantité à Kafara ainsi que de l’or et des bijoux. En retour, il obtint le renfort de nombreux hommes guidés par leur avidité et attirés par les précieux trésors que recelait la cité des Saules.
Les contes deviennent très intéressants si on considère leurs personnages non pas comme des êtres indépendants, autonomes et se suffisant à eux-mêmes, mais comme les différentes facettes de l’être humain.