Le Willi-Waw était mouillé dans le passage entre le récif côtier et le grand récif. De celui-ci parvenait le murmure d'un ressac indolent, mais la surface d'eau abritée, qui s'étendait tout au plus à une centaine de mètres jusqu'à la grève blanche de corail, était calme comme un miroir.
Malgré l'étroitesse du passage, et bien que le Willi-Waw pût encore virer dans l'endroit le moins profond, sa chaîne d'ancre se déroulait sur une bonne centaine de pieds.
On suivait des yeux ce serpent monstrueux qui traçait ses méandres sur le fond de l'océan et se recroisait plusieurs fois avant d'aboutir à l'ancre immobile....
(extrait de "Fils du soleil", première nouvelle du recueil du même titre, paru dans la collection "10/18" en 1978)