Jacqueline Guillaud

Voilà un livre bien singulier. Une étrangeté esthétique née du désir de conserver et transmettre dans toute leur fraîcheur la mémoire de fresques dont la plupart sont reproduites sur papier spécial dans des variations colorées qui offrent autant de visions différentes du récit biblique qu'elles racontent. C'est le bleu qui frappe dès qu'on ouvre les pages et l'azur lumineux dans lequel baigne la voûte étoilée de la chapelle, si profond, agit comme une invitation à se rendre à Padoue. Depuis longtemps dans ma bibliothèque et toujours en attente d'une description sa couverture et son titre évoquent la chapelle Scrovegni, "la plus grande concentration en Europe et dans le monde de cycles peints à fresques". Paru en 1987 pour célébrer le 650e anniversaire de la mort de l'artiste toscan Giotto (vers 1265-1267 - 1337) qui incarna le renouveau des formes dans la peinture au XIVe siècle, le livre est suffisamment rare pour qu'on lui rende justice. Il est entièrement consacré au cycle Padouan de Giotto, venant après celui d'Assise (basilique supérieure) et ses travaux de Rome, Florence et Rimini. La chapelle Sainte Marie de l'Annonciation de l'Arena, bâtie sur un site antique et près du Palais Scrovegni aujourd'hui disparu, fut décorée entre 1303 et 1306. Entièrement recouverts par les fresques, les murs et la voûte relatent les principaux épisodes de la vie de Marie et de Jésus comme la théologie du Moyen-Âge les enseignaient. le parti retenu pour leur présentation dans le livre rend visible l'extraordinaire expressivité des figures, ce qui n'est pas toujours possible in situ, à moins d'être équipé d'une bonne paire de jumelles et d'arriver avant le flot des touristes. Les images prévalent sur le texte. Cette histoire racontée en images dont les différents épisodes peints sur les murs occupent des cases d'environ deux mètres chacune feraient presque penser que Giotto fut un précurseur de la BD !

Magnifiques et nombreuses reproductions du fameux tryptique du Prado.

De quoi apprécier toute la précision du moindre détail. Du paradis du jardin d'Eden à l'enfer indicible tel que représenté au XVIème siécle par Jérome Bosch, peintre de l'école flamande.

Les commentaires en introduction et en conclusion sont parfois un peu savants mais nécessaires à la compréhension et l'analyse approfondie de l'oeuvre.

Un magnifique livre d'art que les années n'ont pas terni.

J'avoue avec un peu de honte que je ne connaissais pas du tout les Peintures Noires ( ou fresques noires) de Goya quand je suis entré au Prado. Mais du coup leur découverte a été un choc immédiat et énorme.

J'ai acheté ce livre magnifique essentiellement pour elles : reproduites en entier et avec des agrandissements de détails, sous diverses lumières, avec des analyses en coupe, elles remplissent des dizaines de pages fascinantes. J'allais écrire "elles illuminent des dizaines de pages", mais une telle noirceur dans l'esprit et la couleur peut-elle illuminer autre chose que nos cœurs?



On trouvera en pleine page d'autres œuvres de Goya (forcément les Majas, les exécutions du 3 mai à Madrid, beaucoup de dessins tirés de la Tauromachie, et d'autres auxquelles je suis moins sensible.



Peu de textes, mais à lire aussi.

une collection de très jolis petits livres, de belles reproductions (mais abus des détails) soin apporté au choix des papiers de nature et épaisseur différentes d'une page à l'autre, à la mise en page - poèmes de Maurice Guillaud