Dans l'île, on écoute mieux
le silence
les syllabes qui volent
vec les goélands
les coquillages qui chuchotent
la légende du temps
es percussions puissantes
de l'océan.
J'attends de renaître
d'un rêve d'un regard
d'un fleuve d'un départ
de la fougère rouge
qui bouge au fond du corps
de la mémoire immense
où les cités se lèvent
de leurs eaux de leurs cendres
parfois de leur légende
je vois mes mains loin de moi
remuer jouer changer
comme branches de pêcher
il neige sur mes phalanges
et le majeur fait le mort
Les choses soudain m'échappent
je veux saisir leur rondeur
leur duvet leur densité
leur éclair ou leur fruité
mes paumes soudain s'effacent
Le matin n'est pas fini
soupire Alice à mi-voix
Il manque encore mais quoi ,
Une serrure une aubade
la carte des souterrains ?
Une tour pour voir très loin
des lendemains qui poudroient ?
Un train un astre une rade ?
les choses flottent perdues
dans ce pays incertain
Les mots fondent sous la langue
s'étonne Alice qui change
Ils voyagent dans les veines
pour resurgir très étranges
dans la forêt de mon corps
Au pays des mots troublants
je suis devenue -fougère-
En moi la lumière bouge
dans ces fourrés de lisière
où rôde entre roux et vert
l'ombre d'un frère ou d'un fou (p.40)