L’OGRE où BON CONSEIL AUX AMANTS
Un brave ogre des bois natif de Moscovie
Était fort amoureux d’une fée et l’envie
Qu’il avait d’épouser cette dame s’accrût
Au point de rendre fou ce pauvre cœur tout brut.
L’ogre un beau jour d’hiver peigne sa peau velue
Se présente au palais de la fée et salue
Et s’annonce à l’huissier comme prince Ogrousky
La fée avait un fils on ne sait pas de qui
Elle était ce jour-là sortie et quant au mioche
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche
Don fait par quelqu’Ulysse à cette Calypso
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l’ogre et lui tout seuls dans l’antichambre
Comment passer le temps quand il neige en décembre
Et quand on n’a personne avec qui dire mot
L’ogre se mit alors à croquer le marmot.
C’est très simple pourtant c’est aller un peu vite
Même lorsqu’on est ogre et qu’on est Moscovite
Que de gober ainsi les mioches du prochain
Le bâillement d’un ogre est frère de la faim.
Quand la dame rentra plus d’enfant on s’informe
La fée avise l’ogre avec sa bouche énorme
As-tu vu cria-t-elle un bel enfant que j’ai
Le bon ogre naïf lui dit : “Je l’ai mangé”.
OR C’ÉTAIT MALADROIT
VOUS QUI CHERCHEZ À PLAIRE
NE MANGEZ PAS L’ENFANT
DONT VOUS AIMEZ LA MÈRE
Poème de Victor Hugo
Musique de Julos Beaucarne
ET MAINTENANT C’EST LA DERNIÈRE
Et maintenant c’est la dernière
Et la voici tout en noir
Et maintenant c’est la dernière
Ainsi qu’il fallait la prévoir
Et c’est un homme au feu du soir
Tandis que le repas s’apprête
Et c’est un homme au feu du soir
Qui mains croisées baisse la tête
Or pour tous alors journée faite
Voici la sienne vide et noire
Or pour tous alors journée faite
Voici qu’il songe à son avoir
Et maintenant la table prête
Que c’est tout seul qu’il va s’asseoir
Et maintenant la table prête
Que seul il va manger et boire
Car maintenant c’est la dernière
Et qui finit au banc des lits
Et maintenant c’est la dernière
Et que cela vaut mieux ainsi.
Texte de Max Elskamp
Musique de Julos Beaucarne
Le petit royaume
Même si notre histoire
Paraît dérisoire
Dans le temps qui fuit
Même si elle est vaine
cette course humaine
vers quoi et vers qui
ce petit royaume
sans majordome
c'est chez lui
jamais à la traîne
viens si l'vent t'amène
j'ai du Frascati
Ne crains pas la pluie
De canard t'habilles
Amène Sophie
au petit royaume
Sans majordome
chez lui
Dans un coin de silence
une mouche danse
sur un air de gigue
des cheveux de neige
des yeux qui recherchent
on ne sait quoi ni qui
ce petit royaume
sans majordome
chez lui
un pied dans la tombe
la mort fait sa ronde
Et tu lui souris
Sa faux est à la porte
on sait qu'elle est proche
mais c'qui la séduit
C'est ce p'tit Royaume
sans majordome
chez lui
si tu passes outre
si dans une poutre
on t'enferme aussi
tu passeras en douce
comme sur de la mousse
vite en paradis
Dans ce p'tit royaume
sans majordome
chez lui
2909 – [Poésie et Chanson n° 39, p. 67/68]
Tout doux
Tout doux je referme la porte
Peut-être on s'verra plus jamais
Les heures passées tu les emportes
Ne reste que ce lit défait
J'ai replanté des marguerites
Dans ce jardin me souvenant
Que même si le temps s'effrite
Faut en garder tout son content.
Si au hasard d'une ballade
je revoyais ton frais minois
C'est p't'être un autre dans l'enfilade
Que j's'rai devenu pour toi.
Pourtant on n'oublie pas la belle
Les accords parfaits la chaleur
La tendresse qui rend plus belle
Nous deux nous étions le bonheur
Rien que pour ces moments, Madame
Valait la peine d'être né
Ce n'est pas vrai que l'on se damne
On n'en finit pas d'espérer.
Dans le cadre de la Quinzaine du Bon Langage, ne disez pas « disez ». Disez : « dites ».