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Citation de genou


Il suffit d’ailleurs de passer quelque temps en Orient pour juger par soi-même combien il est mal aisé de réagir contre les mœurs, les coutumes et les idées du pays où l’on vit.
À mon arrivée en Perse la seule idée de voir appliquer une bastonnade me serrait le cœur ; le sang me montait à la face quand j’entendais parler des madakhels, vols plus ou moins déguisés des gouverneurs aux dépens du roi, des femmes au dé-triment de leur mari, des domestiques au préjudice de leurs maîtres ; je me servais moi-même ; je me pressais quand je croyais être en retard ; j’étais exacte à mes rendez-vous ; je con-naissais le quantième du mois et tenais à jour mon calendrier.
Aujourd’hui je promets et, à la rigueur, je ferais moi-même administrer la bastonnade aux gens qui me gênent ou m’ennuient ; j’apprends sans rougeur appréciable que le dernier gouverneur de Chiraz, un frère de Sa Majesté, ne négligeait pas les bénéfices les plus modestes et se faisait payer une rente journalière de cinq francs par le portier de son palais, quitte à autoriser le pipelet à rançonner les gens que leurs affaires appelaient auprès du chef de la province. Je n’ouvre plus des yeux ébaubis quand les dames du high life persan me racontent naïvement qu’elles font danser l’anse du panier et thésaurisent toute leur vie afin de s’assurer une belle situation à la mort de leur mari ; j’appellerais plutôt deux serviteurs que de ramasser de mes propres mains mon mouchoir ou mon ombrelle ; j’arrive toujours en retard d’une heure aux rendez-vous donnés ; enfin, en comparant mes cahiers avec le calendrier du télégraphe, je me suis aperçue que, depuis mon départ de Téhéran, j’ai rajeuni de trois jours.
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