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Citations de Jean-Antoine de Baïf (21)


Jean-Antoine de Baïf
PLANTONS LE MAI

Couchés dessus l’herbage vert
D’ombrages épais encourtinés
Écoutons le ramage du rossignolet.
Plantons le mai, plantons le mai
En ce joli mois de mai.

Dedans ce peinturé préau
Les fleurs, levant le chef en haut,
Se présentent à faire chapeaux et bouquets.
Plantons le mai, plantons le mai
En ce joli mois de mai.

Les oisillons joints deux à deux
Font leur couvée au nid commun ;
Et du jeu de l’amour ne prenons les ébats.
Plantons le mai, plantons le mai
En ce joli mois de mai.

La terre gaie épand le sein
Au germe doux qui vient d’en haut,
Du ciel amoureux qui sur elle se fond.
Plantons le mai, plantons le mai
En ce joli mois de mai.
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Au tems iadis en un païs de Grece,
Un jeune amant servit une maistresse
Bien accomplie en parfaitte beauté,
Mais endurcie en toute cruauté :
De son amant elle estoit ennemie,
Et n’avoit rien de douce courtoisie.
Ne cognoissant Amour, quel Dieu c’estoit,
Quel estoit l’arc, qu’en ses mains il portoit,
Ny comme grief par les fleches qu’il tire
Aux cœurs humains il donne grand martyre :
Mais de tous points dure en toute rigueur,
Ne luy monstroit nul semblant de faveur :
N’en doux parler, n’en douce contenance,
Ne luy donnant d’Amour nulle allegeance :
Non un clin d’œil, non un mot seulement,
Non de sa levre un petit branlement,
Non le laissant tant approcher qu’il touche
Tant soit petit, à sa main de sa bouche,
Non luy laissant prendre un petit baiser
Qui peust d’Amour le tourment apaiser.

AMOUR VENGEUR.
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Épitaphe



Pauvres corps où logeaient ces esprits turbulents,
Naguère la terreur des Princes de la terre,
Même contre le ciel osant faire la guerre,
Déloyaux, obstinés, pervers et violents,

Aujourd'hui le repas des animaux volants
Et rampants charogniers, et de ces vers qu'enserre
La puante voirie, et du peuple qui erre
Sous les fleuves profonds en la mer se coulant :

Pauvres corps, reposez, qui vos malheureux os,
Nerfs et veines et chairs, sont dignes de repos,
Qui ne purent souffrir le repos en la France.

Esprits aux carrefours toutes les nuits criez :
Ô mortels avertis et voyez et croyez
Que le forfait retarde et ne fuit la vengeance.
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Mets-moi dessus la mer d'où le soleil se lève,
Ou près du bord de l'onde où sa flamme s'éteint.
Mets-moi au pays froid, où sa chaleur n'atteint,
Ou sur les sablons cuits que son chaud rayon grève.
Mets-moi en long ennui, mets-moi en joie brève,
En franche liberté, en servage contraint.
Soit que libre je sois, ou prisonnier rétreint,
En assurance, ou doute, ou en guerre ou en trêve.
Mets-moi au pied plus bas ou sur les hauts sommets,
Des monts plus élevés, ô Méline, et me mets
En une triste nuit ou en gaie lumière.
Mets-moi dessus le ciel, dessous terre mets-moi,
Je serai toujours même, et ma dernière foi
Se trouvera toujours pareille à la première.
Jean-Antoine de Baïf
O doux plaisir plein de doux pensement,
Quand la douceur de la douce meslée,
Étreint et joint, l'ame en l'ame mellée,
Le corps au corps accouplé doucement.
O douce mort ! Ô doux trepassement !
Mon ame alors de grand'joye troublée,
De moy dans toy s'ecoulant a l'emblée,
Puis haut, puis bas, quiert son ravissement.
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Ô Toy par qui jour et nuit je soupire.

Ô Toy par qui jour et nuit je soupire,
De qui sans gré la superbe valeur
Me fait languir dedans un beau malheur,
Viendray-je point au sommet ou j’aspire ?

S’il ne te chaut de mon mal qui s’empire,
S’il ne te chaut d’eteindre ma douleur,
Au moins permetz que de cette chaleur
Par un baizer tant soit peu je respire.

Ainsi disoy-je, et tu me dis, Amant
Ne sçay-tu pas que le baizer n’appaize
Le feu d’amour, mais plus l’est enflammant ?

Crein qu’un baiser n’enflamme double braize.
Ha, di-je alors, Amour le petit dieu
Auroit il point dans ta poitrine lieu ?
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Ces yeux ces yeux, doux larrons de mon ame.

Ces yeux ces yeux, doux larrons de mon ame,
M’ont eblouy de leur belle splendeur,
Astres fataux qui de malheur ou d’heur
Me vont comblant au plaisir de madame.

Au cueur d’hiver un printemps l’air embame
Ou que tournez ilz fichent leur ardeur,
Et quelque part qu’ilz baissent leur grandeur
Fleurit un pré mieux odorant que bame.

Les chastes feuz de ces freres jumeaux
Me retirant du naufrage des eaux
Par leur clarté de sauveté m’asseurent :

En leur saint feu mon vivre est allumé,
Mon vivre, las, qui sera consumé,
Quand leur destin arrestera qu’ilz meurent.
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Du printemps


Extrait 2

La mer est calme et bonasse ;
Le ciel est serein et clair,
La nef jusqu'aux Indes passe ;
Un bon vent la fait voler.

Les messagères avettes
Font çà et là un doux bruit,
Voletant par les fleurettes
Pour cueillir ce qui leur duit.

En leur ruche elles amassent
Des meilleures fleurs la fleur :
C'est à fin qu'elles en fassent
Du miel la douce liqueur.

Tout résonne des voix nettes
De toutes races d'oiseaux :
Par les champs, des alouettes,
Des cygnes dessus les eaux.

Aux maisons, les arondelles,
Les rossignols dans les bois,
En gaies chansons nouvelles
Exercent leurs belles voix.

Doncques, la douleur et l'aise
De l'amour je chanterai,
Comme sa flamme ou mauvaise,
Ou bonne, je sentirai.

Et si le chanter m'agrée,
N'est-ce pas avec raison,
Puisqu'ainsi tout se recrée
Avec la gaie saison ?
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Tu me desplais, quoy que belle tu soys.

Tu me desplais, quoy que belle tu soys,
Tu me desplais, croy moy, je le confesse,
Et, bien qu’a moy tu desplaises, sans cesse
Je suy contreint ton amour toutesfoys.

Ton doulx regard, ta plus qu’humaine voix,
Ton port divin, tes graces, ma Deesse,
Me font t’aimer, mais ceste amour me laisse
Par la fierté, dont meurdrir tu me doys.

Ainsi le dieu, qui mon ame martire,
En ton amour, or me chasse, or m’attire,
Monstrant rigueur, et parfaite beaulté :

L’une m’enflame, et l’autre me rend glace,
Ainsi à toy m’atrait la bonne grace,
Tost m’en deboute une grand’ cruaulté.
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Metz moy au bord d’ou le soleil se lève.

Metz moy au bord d’ou le soleil se léve,
Ou pres de l’onde ou sa flamme s’esteint,
Metz moy aux lieux que son rayon n’ateint,
Ou sur le sable ou sa torche est trop gréve.

Metz moy en joye ou douleur longue ou breve,
Liberté franche, ou servage contreint,
Mets moy au large, ou en prison retreint.
En asseurance ou doute, guerre ou trêve.

Metz moy aux piedz ou bien sur les sometz
Des plus hautz montz, Ô Meline, et me metz
En ombre triste, ou en gaye lumiere,

Metz moy au ciel, dessous terre metz moy,
Je seray mesme, et ma derniere foy
Sera sans fin egalle a ma premiere.
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Ô doux plaisir plein de doux pensement.

Ô doux plaisir plein de doux pensement,
Quand la douceur de la douce meslée,
Etreint et joint, l’ame en l’ame mellée,
Le corps au corps accouplé doucement.

Ô douce mort ! ô doux trepassement !
Mon ame alors de grand’joye troublée,
De moy dans toy s’ecoulant a l’emblée,
Puis haut, puis bas, quiert son ravissement.

Quand nous ardentz, Meline, d’amour forte,
Moy d’estre en toy, toy d’en toy tout me prendre,
Par celle part, qui dans toy entre plus,

Tu la reçoys, moy restant masse morte :
Puis vient ta bouche en ma bouche la rendre,
Me ranimant tous mes membres perclus.
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Du printemps


Extrait 1

La froidure paresseuse
De l'hiver a fait son temps :
Voici la saison joyeuse
Du délicieux printemps.

La terre est d'herbes ornée,
L'herbe de fleurettes l'est ;
La feuillure retournée
Fait ombre dans la forêt.

De grand matin, la pucelle
Va devancer la chaleur
Pour de la rose nouvelle
Cueillir l'odorante fleur ;

Pour avoir meilleure grâce,
Soit qu'elle en pare son sein,
Soit que présent elle en fasse
À son ami de sa main ;

Qui de sa main l'ayant eue
Pour souvenance d'amour,
Ne la perdra point de vue,
La baisant cent fois le jour.

Mais oyez dans le bocage
Le flageolet du berger,
Qui agace le ramage
Du rossignol bocager.

Voyez l'onde claie et pure
Se crêper dans les ruisseaux ;
Dedans, voyez la verdure
De ces voisins arbrisseaux.
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Ô doux plaisir …


Ô doux plaisir plein de doux pensement,
Quand la douceur de la douce mêlée,
Etreint et joint l'âme en l'âme mêlée,
Le corps au corps accouplé doucement.

Ô douce mort ! ô doux trépassement !
Mon âme alors de grand joie troublée,
De moi dans toi s'écoulant a l'emblée,
Puis haut, puis bas, quiert son ravissement.

Quand nous ardents, Méline, d'amour forte,
Moi d'être en toi, toi d'en toi tout me prendre,
Par cela mien, qui dans toi entre plus,

Tu le reçois, me laissant masse morte ;
Puis vient ta bouche en ma bouche le rendre,
Me ranimant tous mes membres perclus.
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Quiconque fit d’Amour la pourtraiture.

Quiconque fit d’Amour la pourtraiture,
De cet Enfant le patron ou prit il,
Sur qui tant bien il guida son outil
Pour en tirer au vray ceste peinture ?

Certe il sçavoyt l’effet de sa pointure,
Le garnissant d’un arc non inutil :
Bandant ses yeulx de son pinceau subtil,
Il demonstroit nostre aveugle nature.

Tel qu’en ton coeur, ô peintre, tu l’avoys,
Tel qu’il te fut, tel que tu le sçavoys,
Telle tu as peinte au vif son image.

A ton amour du tout semble le mien,
Fors que volage et leger fut le tien,
Le mien pesant a perdu son plumage.
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Quand le pilot voit le nord luire ès cieux.

Quand le pilot voit le nord luire ès cieux,
La calme mer ronfler sous la carène,
Un doux zéphyr soufrer la voile pleine,
Il vogue, enflant son coeur audacieux.

Le même aussi, quand le ciel pluvieux
Des vents félons meut l’orageuse haleine,
Qui bat les flancs de sa nef incertaine,
Humble, tapit sous la merci des dieux.

Amour ainsi d’une assurance fière
Haussa mon coeur, tandis que la lumière
De tes doux yeux me pouvait éclairer ;

Las ! aujourd’hui que je te perds de vue
Quelle âme vit d’amour plus éperdue
Quand fors la mort ne puis rien espérer ?
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Quand je te vis entre un millier de Dames.

Quand je te vis entre un millier de Dames,
L’elite et fleur des nobles, et plus belles,
Ta resplendeur telle estoyt parmy elles,
Quelle est Venus sur les celestes flames.

Amour adonq’ se vangea de mille ames
Qui luy avoyent jadis esté rebelles,
Telles tes yeux eurent leurs estincelles
Par qui les cueurs d’un chacun tu enflames.

Phebus, jaloux de ta lumiere sainte,
Couvrit le ciel d’un tenebreux nuage,
Mais l’air, maugré sa clarté toute estainte,

Fut plus serain autour de ton visage.
Adonq’ le dieu d’une rage contreinte
Versa de pleurs un large marescage.
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Haute beauté dans une humble pucelle.

Haute beauté dans une humble pucelle,
Un beau parler plein de grave douceur,
Sous blondz cheveux un avantchenu cueur,
Un chaste sein ou la vertu se cele :

En corps mortel une grace immortelle,
En douceur fiere une douce rigueur,
Eu sage esprit une gaye vigueur,
En ame simple une sage cautele :

Et ces beaux yeux mouveurs de mes ennuis,
Yeux suffisants pour eclersir les nuitz,
Qui font sentir aux plus transis leur flame,

Sont les larrons (et point je ne m’en deux)
Qui, me guettans au passage amoureux,
Au depourveu me ravirent mon ame.
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Durant l’esté, par le vergier grillé.

Durant l’esté, par le vergier grillé,
Les tendres fleurs sous la nuit blandissante
Vont redressant leur tresse fanissante,
Qui ja pleuroyt son honneur depouillé.

D’amour ainsi mon esprit travaillé,
Qui ja quittoyt ma vie languissante,
Reprit vigueur par la force puissante
Du restaurant qu’ores tu m’as baillé.

Doux restaurant, dousucrée ambrosie,
Qui ne doyt rien a celle qui es cieux
Des immortelz la bouche resazie,

Plus doux manger ne gouttent, non les dieux :
Si ce repas me sustente la vie,
Je ne seray sus le leur envieux.
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Depuis le jour que mon ame fut prise.

Depuis le jour que mon ame fut prise
Par tes doux feuz traitrement gratieux,
Un seul doux trait jusqu’ici de tes yeux
N’avoyt ta grace a mon ardeur promise :

Elle aujourdhuy, par longue usance aprise
De se nourrir en travaux soucieux,
M’a quitté presque au goust delitieux
D’un nouveau bien, dont ton oeil l’a surprise.

Ô gaye oeillade, oeillade qui vrayment
As effacé tout cela de tourment,
Que j’enduroys depuis ta seur ainée.

Un an entier avoyt langui mon cueur,
Puiss’il languir en la mesme langueur,
Moy, t’essayer encor une autre année.
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D’Amour d’Amour je fu je fu blessé.

D’Amour d’Amour je fu je fu blessé,
Et de mon sang la liqueur goute a goute
En chaudes pleurs hors ma playe degoute,
Qui de couler puis le temps n’a cessé.

Je suis d’Amour si bien interessé.
Que peu a peu s’enfuit ma force toute,
Et quelque onguent qu’a ma playe je boute
Sans l’etancher, mon mal ne m’a laissé.

En tel estat ma blessure decline,
Que Machaon de nul just de racine,
N’en pourroyt pas amortir la poyson.

Mais pour guarir, Telephe je devienne,
Toy faite Achil, douce meurtriere mienne,
Qui me navras, donne moy guarison.
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