Jean Bernard-Luc

Quel Bonhomme, ce René Laënnec !

Ce livre est un vrai thriller, une lutte pied à pied contre "la Grande Faucheuse" que René regarde en sculpture chez lui.

Sous le premier empire, il travaille avec Gaspard-Laurent Bayle sur les maladies du poumon. Ce dernier détecte six phtisies (tuberculoses ) quand il est atteint par cette maladie, après la fiancée de René Laënnec. Ils en font alors une affaire personnelle, et réfléchissent à comment bien entendre la respiration et la toux. René voit des gamins avec une poutre. L'un gratte à un bout et l'autre écoute à l'autre extrémité. Bon sang, mais c'est bien sûr ! Il n'y a pas une minute à perdre :

"Pourras-tu me guérir ?

- Je le veux !

-Oui, mais le pourras-tu ?

Silence...

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Ce livre est très bien écrit, fluide et palpitant. Palpitant, car c'est une course contre la montre, encore et toujours, une lutte pour gagner des journées à la mort : "encore un instant, s'il vous plaît, mon Dieu !"

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Vous savez, cette tâche de sang que les jeunes filles (ou hommes ) romantiques crachent dans le mouchoir, au XIXè siècle ? L'amant soupçonne alors la phtisie, maladie très courante à l'époque, ... et c'est alors le drame, car il ne reste que quelques mois à vivre.

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Grâce au jeu des gamins avec la poutre, Laënnec invente le stéthoscope ( 1816 ) qu'il met au point avec des quantités d'essais sur un tour à bois. Et malgré les moqueries de ses collègues, dont le célèbre François Broussais, qui en est encore aux sangsues et à la saignée, René progresse pas à pas, réduit les six phtisies à une seule, entend mieux la respiration et la toux des malades grâce au stéthoscope, et obtient sa première victoire : une amie était déclarée phtisique, Laënnec détecte autre chose, et la malade guérit.

L'altercation entre Broussais et Laënnec est magnifique !

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Il a fallu du temps pour accepter Copernic et Gallilée. Il faut du temps pour accepter Laënnec. Cinquante ans après, Koch lui donne raison en isolant le bacille de la tuberculose. Puis, en 1943, Waksman découvre la streptomycine et guérit les malades.

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Laënnec n'est même pas mentionné dans l'article "tuberculose" de wikipedia ! Est-t-il le plus grand médecin depuis Hyppocrate, comme le prétend le Dr Canetti dans l'introduction du livre ?

Peut-être pas, mais toutes ses recherches en font vraiment l'un des précurseurs de la "méthode expérimentale", avant Claude Bernard et Louis Pasteur. Il a fait sortir la médecine du "fé noir", comme on dit en créole, et a contribué à élever cette discipline au rang de science.

Deux professeurs, spécialistes de l'hibernation artificielle, ont miraculeusement réanimé un homme retrouvé parfaitement intact dans les glaces du pôle-nord, sans papiers, ni marques sur ses vêtements.

Le mystère sur son identité est entier, mais une chose est sûre, il est français. Le professeur Loriebat, éminent psychiatre, a pris sa destinée en mains.

Son assistant surgit au Vézinet annoncer à Edmée de Tartas que l'homme plongé dans les glaces est son grand-père. Il est né en 1875 et pourtant a, en 1957, toujours 25 ans.

Pour éviter à "l'hiberné" un choc brutal avec le monde d'aujourd'hui trop évolué, le professeur Loriebat décide de lui cacher à quelle époque il se trouve.

Il se croit en 1900, pense avoir fait une chute de cheval, et ne doit pas sortir de ces convictions

Pour assurer la santé mentale du vénérable jeune homme de 80 ans, Hubert et Edmée de Tartas joueront le rôle de ses parents, toute la famille doit se transporter en 1900 et se grimer en conséquence, le pavillon doit-être transformé et la circulation automobile sera même interdite dans tout le Vézinet...

Cette pièce de Jean Bernard Luc est passée à la postérité grâce à la version filmée par Edouard Molinaro en 1969, avec Louis de Funès et Claude Gensac en tête d'affiche. Mais en 1957, une troupe emmenée par Jean Parédès et Germaine Auger offrait, déjà à ce texte savoureux, un succès formidable au Théâtre de l'Athénée. Jean-Pierre Marielle y excellait dans le rôle du professeur Loriebat.

L'auteur a pris le contre-pied du scénario logique d'un visiteur du passé, étonné par le monde nouveau et a choisi de plutôt transporter artificiellement le décor à l'époque d'origine du voyageur dans le temps.

Le postulat est ingénieux et mène vers une pièce drôle faite de confrontations burlesques et de situations saugrenues.