Jean-Christophe Potton

Le deuil est un processus reptilien, si on n’y prête attention on ne sait où il commence et finit, et dans quel repli de conscience il peut se glisser, à quel moment il va mordre ou étouffer.

Nous ne sommes que tels que l’on nous a forgés. Si l’on réfléchit bien, notre libre-arbitre n’est que du vent.

-Julien, reprend-il, j'ai un message de Michel. Il dit que la cigale fait bien son travail et qu'on aime bien son chant à Paris. Je n'ai rien compris, comme d'habitude. P164.

Qu'il est doux de parler de conspiration dans le confort d'une belle librairie ouverte sur le ciel! Le plaisir des frissons à faible coût, la complicité du petit danger ,l'exotisme à portée de main ... La conversation se poursuit au-delà du raisonnable et et le baiser du départ est depuis longtemps devenu un frôlement des lèvres.

"Décomposé, Je suis décomposé", se dit-il soudain. Il sent des auréoles se former sous sa veste et sont front suinter d'une humidité qui fera mauvais effet. Il a eu trop chaud dans cette maudite cabine de chiotte et maintenant que les stress l'assaille comme une sève de printemps, son corps lui échappe et la sueur perle -"perle" , belle expression ridicule, comme si la sueur sortait d'une huitre et allait séduire ces dames. D'ailleurs, la secrétaire de Dampierre lui demande :
- Vous n'allez pas bien, M. Ennac?

- Etre insignifiant, avait-il expliqué, est un atout dans une carrière administrative. Tu ne fais peur à personne, personne ne te voit venir et un beau jour, tout le monde est stupéfait de te découvrir ambassadeur.

Nous ne sommes ni entiers , ni complets .Pour nous mettre en accord avec nous-mêmes ,l'harmonie doit régner entre de multiples éléments .c'est peut -être ce que Bernanos avait deviné à onze ans , le jour de sa première communion :nous sommes tout petits , condamnés à l'humilité.

-Julien, reprend-il, j'ai un message de Michel. Il dit que la cigale fait du bon travail et que l'on aime son chant à Paris. Je n'ai pas compris, comme d'habitude.