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Citation de Acerola13


Les vents étaient réguliers dans la baie et les bateaux bien manœuvrables. Ils approchèrent de la côte et passèrent presque au pied de l’immense silhouette qu’ils avaient vue de la mer.Ni capucin de pierre ni chevalier infernal, le rocher, d’apparence lisse et bombée, évoquait plutôt pour ces Normands un pot de beurre et, pour les plus riches, un pain de sucre. À son pied grimpait un tumulte de grands arbres qui cherchaient à échapper au corps à corps végétal des basses terres. Le long de la côte, ce n’était qu’une débandade de branches torses, de racines aériennes, de lianes, sans la rémission d’une clairière ni d’un pré. D’autres rochers, aussi gros que le pot de beurre, d’un gris brillant sous le soleil, émergeaient de la forêt dense.
Quand un navire les doublait, il paraissait si petit qu’on prenait la mesure surnaturelle de ces dents de pierre. Toute la côte semblait résulter d’un combat violent, d’une farouche résistance de la terre à l’heure de la création. Le Grand Ouvrier avait brisé ses outils sur cet ouvrage et la violence du lieu gardait la trace de cette grandiose défaite.Toutefois, pour monstrueux qu’il fût, ce chaos n’était pas sans harmonie. Le caressant travail de la mer calmait ces terres en rébellion en tirant sur leur fouillis les traits réguliers de ses plages. À certains endroits, la terre ferme, en mangroves, en marécages, en falaises abruptes, plongeait directement dans les eaux. Mais, sur de longues étendues, des armées de cocotiers s’interposaient, en rangs serrés, pour préserver la sérénité de la mer et laisser jouer les jeunes vagues sur d’immenses esplanades d’arènes et de sablons.
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