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Citation de nadejda


Je ne suis qu’un apatride, ou un émigré d’opinion. Plutôt qu’aux tropismes moutonniers du siècle, auxquels je suis viscéralement rebelle, je succombe à la seule élégie discrète des pays dont le lent effacement me bouleverse. Il y a, dans l’agonie des terroirs, un charme auquel l’épithète ineffable convient, c’est le charme des promenades de Nerval, des sourires masqués de Paul-Jean Toulet, des prénoms anachroniques des jeunes filles de Francis Jammes, et des chambres feutrées, des voix du silence, de Rodenbach.
Cette promenade-ci, autour d’une cave née d’un songe, j’aurais aimé qu’elle pût ressembler aux tableaux d’une exposition de Moussorgski, interprétés pas Ivo Pogorelich. Cette lenteur indécise, ces contrastes éloignés de toute enflure, cette retenue au bord du silence, et ces martèlements sourds aux échos si profonds et si lointains qu’ils semblent émaner de la texture même de la nuit.
Serait-il possible d’aller avec plus de lenteur encore, ce ne serait plus de la musique, mais du silence – une succession de silences habités comme on rêve que soient la littérature et la rencontre avec un vin sans égal et si confidentiel qu’il semble n’avoir mûri que pour se dévoiler hors du temps.
(...) En renonçant à l’art comme au vin, à la paresse comme à l’ivresse de l’inattendu, nous nous livrons à la commune terreur, nous nous faisons les complices de ces tueurs d’humanité que sont les fous messianiques, les hommes d’État vergogneux, les sbires des sectes nazies.
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