Le photographe raccroche. Il lève son téléphone pour un selfie. Un visage de jeune femme apparaît sur l’écran. Collée contre son épaule, elle fait mine de l’embrasser. Elle devait passer du grade de senior au grade de manager. Elle ne s’en soucie plus. Elle a lu son petit rouleau « l’histoire ne repasse pas les plats » au moment où il attrapait son visage heureux dans sa chambre noire. Ils y ont vu un signe.
Pour beaucoup, le séminaire ne sera qu’une parenthèse. Eux, vont changer de vie. Clic, c’est fait, l’objectif les a couchés sur la pellicule.
Mon cadre fixé, je suis prêt pour le combat. Étant toujours en mode « off », une scène d’un des films délirants des Monthy Python me revient en mémoire, celle du « chevalier noir » qui continue de se battre sans bras et sans jambes, son heaume sur la tête. L’invective comme seule arme.
Avec ma tête d’apéricube saveur jambon, me voilà à nouveau sur un brancard, en direction du service d’imagerie médicale. À cet instant précis, j’ai l’impression que le cadre pèse au moins dix kilos, renseignement pris, il en fait vingt fois moins.
Alors Double-Clic est parti en vadrouille sur le Web à la recherche des statistiques qui pourraient lui permettre de mieux comprendre pourquoi Old Hubert s'est pris d'affection pour lui.
… lui faut multiplier les tentatives pour qu'enfin la souris produise de double-clic … récompensé par l'ouverture d'une fenêtre …
Maousse est toujours étonnée de sentir la main de Double-Clic, si rigide au lever redevenir agile.
Drôles de chroniques d'une maladie chronique
Double-Clic, père de famille parisien, est un homme épanoui dans sa vie privée et heureux dans son parcours d'entrepreneur. Mais le jour où il apprend qu'il est atteint de la maladie de Parkinson, tout bascule. Confronté à sa première grande épreuve personnelle, il analyse l'étonnante métamorphose imposée à son corps, à son esprit et à son cœur.
Dans cette fiction inspirée d'une histoire réelle, l'auteur nous invite avec humour et dérision, à découvrir au travers d'un blog enjoué, les aspects peu connus de cette pathologie chronique, une parmi tant d'autres. L'opportunité de s'interroger, plus largement, sur notre façon de vivre ou d'appréhender la maladie.
Une lecture déculpabilisée, émouvante et drôle à l'usage de tous.
Ce matin, le soleil n’a pas la moindre intention de se lever.
Il fait nuit noire dans cette chambre d’un appartement parisien
où un homme qui aimerait bien poursuivre son sommeil se
voit forcé d’y renoncer. Réveillé contre son gré, par la contraction
aussi inopportune qu’intempestive des muscles de son dos,
immédiatement éclipsée par une crampe au troisième orteil, il
se trouve contraint de se lever dans un état aux trois quarts
comateux. Le quart restant, tout juste lucide, se mobilise pour
que sa poussive extraction du lit conjugal ne vienne pas troubler
le sommeil d’Aure, sa très douce femme, endormie à ses
côtés.
Je ne suis pas dépaysé car j’ai souvent vu cette belle cour pavée à la télévision. Mais aujourd’hui, ni garde républicaine, ni journalistes agglutinés derrière une barrière, ça sonne un peu creux. Cependant, je suis tellement tenaillé par le trac que j’évacue assez vite ma déception. Ma maladie me crée pas mal de désagréments et n’offre que peu d’avantage sinon une carte d’invalidité qui me permet de couper les files dans les musées. Elle renforce notamment l’émotivité. En faisant banquette dans l’antichambre, voilà que je me mets à trembler comme un vieux frigo déglingué.
« Un mois après l’annonce du diagnostic, Double-Clic a donc contacté Mona, spécialiste des « maladies de la motivation », terme issu d’une époque qui n’aime pas nommer la souffrance, et à la mode dans les milieux psychiatriques pour désigner les tendances dépressives. Très mal à l’aise mais contraint de s’ouvrir, il a d’abord rappelé une phrase de Steve Jobs : « Parfois la vie vous envoie une brique en pleine figure ». Elle a acquiescé sans dire un mot..»
Il avait été particulièrement sensible à cette invitation à profiter du temps présent, si essentielle quand le passé est synonyme de nostalgie et le futur d'inquiétude.
Aucun médecin ne peut suivre l'histoire individuelle de chaque patient. À l'inverse, aucun d'eux ne peut s'imaginer n'être qu'un parmi tant d'autres. Et pourtant...
Décidément, la vie n'est pas tendre avec les tendres.