Il préférait ceux qui posent les questions à ceux qui systématiquement prétendent apporter des réponses. Il se méfiait aussi comme de la vérole de toutes ces bonnes âmes qui cherchent par tous les moyens à faire le bien, à faire, selon leurs propres convictions, le bonheur des autres.
"La formule " faire le bien" est la plus néfaste du monde : c'est la formule de Torquemada, des guerres civiles et religieuses, des colonisations. Primo: "n'emmerde personne", écrivait- il dans " La Delteilherie".Que de conflits, n'est-ce pas, gigantesques ou anodins, pourraient être évités si seulement les hommes parvenaient un jour à faire leur cette devise de Delteil ?
( p.139)
Quand je vois un homme, je l'allège de son képi, de son sabre, de ses médailles ou de ses diplômes...N'être qu'un cerveau, quelle horreur !
Moi, je préférerais encore n'être qu'un pied.
Joseph Delteil
( p.75)
Dans " Le Sacré Corps", au sein de la rubrique intitulée " Mes Amis", entre les pages relatives à André de Richaud et à Montherlant, avant celles concernant Pierre-André Benoît, Louis- Ferdinand Céline et le peintre Jean Dubuffet, il consacra trois chapitres à Henry Miller,
" notre moderne Cervantès...un mélange de Sancho Pança et de Don Quichotte."
( p.138)
" Francois d'Assise " n'est évidemment pas destiné aux seuls catholiques.Il s'adresse à " l' honnête homme" de toute race et de toute religion et même agnostique, libre- penseur et athée. Delteil, en effet, y parle fort peu du ciel mais beaucoup de la terre et des " cinq monstres modernes ", qui, selon lui, la rongent: l' Usine " le grand tintamarre des industries...la civilisation caricature"
l' Agglomération, " cette séquestration de l'humanité" en d'énormes villes concentrationnaires, " gigantesques éponges absorbant tout à la ronde, chair et esprit", le Robot ou " l'homme décervelé", le Travail forcé, "le travail comme destin", nouvelle idole de l'homme alors que la Bible en avait fait la punition du péché, et la guerre permanente, " chaude ou froide, éclatante ou larvée "...et finalement la bombe atomique.
( p.103)