En conséquence, si parmi vos relations, vous connaissez des individus ayant chacun une des caractéristiques ci-dessus, soit pathe soit tique, faites en sorte qu’ils ne se collent pas si vous tenez un tant soit peu à leur santé, en leur évitant un accident « pathétique ».
16 h 00 piles. Fedguer, Hoquette et Abriqué se pointent devant la porte du commissaire. Le voyant vert est allumé, Fedguer toque à la porte, les trois entrent à la queue leu-leu.
– Bonsoir Patron.
Le commissaire répète à l’intention des deux enquêteurs le but de cette réunion et précise ce qu’il attend de chacun.
– Hoquette, je te demande de faire avec ta coéquipière une enquête discrète dans le quartier et d’en rendre compte à ton supérieur direct, ...
Ces deux raisons jumelées font qu’un délit grave sinon un crime commis le jour J, entraînant un frémissement d’horreur de tout un peuple, se lénifie au cours des temps et devient le jour J+x un acte banal et non répréhensible.
Il gardait en tête son image quand elle était passée à son bureau attifée en bourgeoise affriolante. En fermant les yeux, il la revoyait comme si elle était là devant lui… Bref, elle l’obnubilait, il en devenait dingue.
Il l’imaginait dans les bras de Abdaker, ce salaud, et il serrait les poings.
– Le salopard… Et dire que c’est moi qui l’ai jetée dans la gueule du loup… mea culpa… Mais ma parole, mon pauvre Myzo, tu ne deviendrais pas un peu jaloux par hasard… Voyons, réfléchis un peu, c’est pas à 50 balais bien sonnés que tu vas t’amouracher d’une minotte de 20 ans… Boudiou secoue-toi !
Pour poursuivre notre raisonnement, nous attribuerons au psychopathe le signe + et au psychotique le signe . Comme vous le savez, les signes + et s’attirent à tel point qu’ils finissent par se coller et par un phénomène d’osmose, les caractéristiques de l’un se mélangent à celles de l’autre et vice versa. Un psychopathe et un psychotique, dont nous simplifierons d’office les noms en « pathe » et « tique », réunis, vont former un ensemble « pathétique » qui, une fois l’osmose terminée, constituera un mélange ô combien détonnant.
Chekib Abdaker, qui n’aime que copuler avec mon corps et ridiculiser mon père, est incarcéré pour au minimum cinquante ans. Quand il sortira de tôle, j’aurai donc 74 ans et lui 80 bien sonnés… donc fini la bagatelle. Mais je veux vivre, moi, et je n’ai aucunement l’intention de déménager et de me pointer chez ma mère avec ma petite valise et la tête basse… Alors, mon cher Gontran, tu vois ce qui te reste à faire !
Marseille 3e arrondissement, 143 rue Félix Pyat, 5 mai 2002 à 10 h. Le commissaire Myzoclerc, Myzo pour les intimes, à califourchon sur son siège la tête appuyée dans le creux de sa main gauche est plongé dans ses pensées.
Il réfléchit à la solution la plus intelligente et élégante pour dénouer l’écheveau emmêlé d’une affaire plus qu’embrouil-lée dont vient d’hériter son commissariat.
– Nous avons des professions diamétralement opposées… Mais vous avez, je crois, une formule choc : « un temps pour le business, un temps pour les gonzesses ». Alors je vous suggère d’en faire ma maxime. Il est une heure du matin, le temps du business est passé, vive le temps des gonzesses… Si vous êtes partant, je vous propose de porter un toast à notre semi-amitié…
Il a donc décidé de gravir les échelons un par un par concours internes jusqu’au grade de commissaire principal et, par acquit de conscience, il a adhéré au syndicat Alliance, non par conviction politique mais pour faire comme les copains et peut-être aussi, inconsciemment, profiter des avantages d’être syndiqué.
Curieux bonhomme que ce commissaire. Doté d’un QI relativement élevé, après avoir tenté une flopée de petits boulots dont aucun n’accrochait son intérêt, il a passé à 25 ans le concours de lieutenant de police. Après quelques années, il s’est aperçu qu’il était en adéquation parfaite avec le métier de policier.