J'en ai été témoin. je l'ai [***grand-mère du narrateur-auteur ] vue s'abîmer les yeux sur des livres sans rien demander d'autre qu'une parcelle de lumière, un acompte sur l'éternité, si peu, presque rien, un brin de consolation à Jules Vallès, Victor Hugo, Lamartine, Tolstoï, Taine, Marx, Babeuf, qu'elle considérait comme l'inventeur du marxisme, ou à Aragon.
Personne sur la place ne lisait, du moins pas autant qu'elle et pas les mêmes auteurs. Et puis, d'une part, elle n'en faisait jamais état et, d'autre part, le monde des livres appartenait à sa chambre, autant dire à la nuit. Lire fut de tout temps pour elle une expérience intime et impartageable. (p. 168)