Il connaissait son histoire de France, Hirsch. Avant eux, avant l’invasion de ces Orientaux, il n’avait jamais entendu le mot « juif », sauf peut-être en relation avec une certaine affaire Dreyfus. (…) Il en voulait à ce Krantz blondasse comme un nazi, qui essuyait la morve au nez de ses rejetons : lui en voulait d’avoir femme et fils, d’être là, d’être tout court. Si au lieu de faire les avocats à Berlin, les docteurs à Paris, les commerçants n’importe où et les bolchevistes sous toutes les latitudes, ces Krantz étaient restés dans leurs Ukraines, leur Bukovines, le phylactère au front et la barbe dans la Thora, les Hirsch de France n’en seraient pas à courir comme des lapins de garenne avec du plomb au cul. Toute l’Europe était devenue une sorte de Bukovine, toute la terre une sorte d’Ukraine, et des juifs à chaque pas, avec le pogrom au ventre.