Jean-Manuel Traimond

De même, les autorités n'ont guère encouragé les recherches archéologiques sur les kofun, les grandes tombes impériales, sous prétexte de respect envers la famille impériale. En réalité, nul n'ignore que ces tombes prouvent les liens historiques entre "Japonais" et "Coréens" à une époque où les nationalistes voient la famille impériale descendre du soleil pour prendre possession d'un Yamato vierge de tout autre peuple. La forme de ces tombes est cependant identique à celles des tombes aristocratiques et royales coréennes. Pire encore, celle que l'on a ouverte, à Takamatsuzuka, révèle des fresques de personnages vêtus à la mode coréenne de l'époque.

Dans tous les bons ouvrages, il est dit qu'au Japon on ne saurait se passer d'intermédiaires ni d'introducteurs. Fortes paroles, que je méditai respectueusement avant de me présenter sans intermédiaire, sans introducteur, sans recommandation, et, pire que tout, sans rendez-vous, dans les bureaux du Kenkyusho, à Osaka. Le Kenkyusho est un institut de recherches, chargés des contacts internationaux de la Buraku Kaiho Dômei, le mouvement de libération des buraku, les ghettos où vivent les burakumin.
Myung-Mi m'avait aidé à trouver l'adresse de cet organisme dans les impénétrables bottins japonais, mais même son audace coréenne pâlit à l'idée d'attaquer sans parrain cette forteresse.
Elle m'avait déjà tant aidé que je ne lui en voulus pas et partis à l'assaut en solitaire.