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Citations de Jean-Marc Flahaut (15)


JE NEIGE AVANT MON HEURE,
je n’ai pas tout dit à Jim
de mon bureau
d’une photo
elle date de 1988
j’ai vingt ans je
suis avec des amis
plus aucun d’eux
ne fait encore partie
de ma vie
certains sont morts d’autres
ont pris des
routes
qui nous ont éloignés
la vérité
c’est que je ne suis pas fichue
d’avoir des amis
de les garder
alors
que j’ai toujours rêvé
d’un lieu comme d’un café
n’importe quoi même
la cafétéria
d’un centre commercial
pour retrouver mes amis
qui seraient les mêmes
depuis trente ans
un truc qui soit un peu normal
un peu idéal
mais
le temps passe
je n’essaie pas je n’essaie plus
de faire semblant
d’avoir des amis
je post-it sur la photo
des bouts de poèmes
en ce moment
c’est
Jack Hirschman
Je neige avant mon heure
c’est mon ami du dimanche soir
mais ça
je n’en parle pas à Jim
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Mon nom est Kujichagulia.
Soldat de l’Armée du Peuple ET révolutionnaire Blanc aux ordres d’un chef Noir. Car seuls les Noirs peuvent prendre la tête de la lutte pour la liberté. Seuls les Noirs savent commander. Les Blancs eux, sont incapables de diriger. Ils trahissent toujours la cause des opprimés. Ils l’ont toujours fait. Voilà pourquoi, je suis si fier de combattre sous les ordres d’un homme ordinaire aux accents de la rue. J’espère ainsi prouver comme l’ensemble de mes camarades que tous les Blancs ne sont pas des oppresseurs.
Tout homme doit mourir un jour. Mais toutes les morts n’ont pas la même valeur. Il n’existe aucune base de négociation avec les ennemis du peuple. J’appelle tous mes frères Blancs à rejoindre le combat pour écraser la dictature fasciste.
Et libérer les opprimés de toutes les races.

VIVE LA GUÉRILLA URBAINE !
MORT À L’OISEAU DE PROIE FASCISTE
QUI SE NOURRIT DU SANG DU PEUPLE !
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Réédition augmentée, éditions Interzone[s], 2021.
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19 février 1974 – La rééducation est aussi longue que nécessaire. Pénible comme tout le reste. Elle vise à éliminer les moindres résidus de sa mentalité et de ses passions bourgeoises. En commençant par ces traces de vernis sur ses ongles.
– Est-ce que les pauvres font ça ?
Elle contraint les membres du groupe à se relayer nuit et jour devant la porte du placard afin de lui réapprendre à parler comme tout le monde.
– Tu t’exprimes comme une riche avec des mots que le peuple ignore !
Ou lui enlever ses bonnes manières en l’obligeant à manger, une assiette posée en équilibre sur les genoux.
– Devine ce que tu bouffes ? C’est du frichti !
Se laver. Ou faire ses besoins. Sous le regard des autres.
– C’est simple, si tu veux aller aux toilettes, tu n’as qu’à dire : je veux pisser !
Plus le droit non plus de porter sa bague de fiançailles?
– Symbole sexiste !
Ni d’évoquer de près ou de loin ses études en Histoire de l’art.
– Magnifique exemple de consommation improductive !
Elle doit se laisser faire. Se plier à leurs moindres exigences. Ne pas réagir. Tout accepter. Même le pire.
– N’écoute jamais tes sentiments. Ils ne te sont d’aucun secours.
Elle devient leur chose. Un objet sans vie. Une espèce de poupée de chiffon dans le rêve de ses ravisseurs.
Elle pleure toujours.
Mais est-ce encore de vraies larmes ?
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Trois individus avec des perruques font irruption dans l’appartement. En hurlant des propos étranges. Et en gesticulant dans tous les sens.
Le fiancé s’élance. Et récolte un coup de poing au visage. Elle, tente de s’enfuir mais l’un des inconnus parvient à l’attraper près de la porte et lui attache les mains derrière le dos.
Dans la rue, elle rapetisse tant et si bien que ses pieds nus ne touchent plus le sol. Le commando l’emporte comme un lapin en peluche gagné à la fête foraine. En arrosant la nuit de plusieurs rafales à l’arme automatique.
Elle est ensuite jetée dans le coffre d’une voiture qui démarre à vive allure pour se fondre dans l’obscurité.
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4 février 1974 – Fin d’après-midi sur le campus de Berkeley, en Californie. De jeunes contestataires habillés de manière excentrique distribuent des tracts politiques ou des invitations à un concert. Certains étudiants s’arrêtent pour discuter avec eux. Le fond de l’air est rouge même si c’est encore l’hiver sur le calendrier.
Fidèle à ses habitudes, elle est restée cloîtrée toute la journée dans la bibliothèque, le nez plongé dans des bouquins d’art et de philosophie. Indifférente aux allées et venues des autres élèves comme à tous les bruissements du monde extérieur.
Elle n’a guère le temps de s’amuser ou d’aller manifester. Dans l’immédiat, elle a d’autres plans. D’autres projets. D’autres priorités.
Elle a dix-neuf ans. Un mariage prévu avant l’été. Elle n’a que faire de la liberté.
Même ici, au milieu de toute cette agitation.
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L’ELDORADO OU LA DÈCHE,
cette bagnole n’ira pas
bien loin alors
on prendra le bus
dit-elle
presque épaule contre
épaule
légèrement ivres
on les dirait tout
droit sortis d’un
film
français sosies d’
Annie Girardot
& Maurice Ronet
mais le plus drôle
dans tout ça
c’est Robert de
Niro simple figurant
au fond d’un restaurant qui les
regarde passer adieu
Times Square bonjour
le soleil de Californie
là-bas il fait beau
toute l’année comme deux
ombres glissant sur
les murs de la ville qui ne dort jamais
Bethany
eh tu m’écoutes ?
Bethany
oh tu fais quoi ?

tu vas ?
je t’aime tant
Maurice
mais
putain
c’est pas la question
je t’aime aussi
Annie
allez
viens
il faut partir
maintenant
la Californie est un jardin d’Eden
un vrai coin de paradis
mais croyez-moi
ça ne vous plaira pas
sans pognon
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CONFUSION
j’entre dans un bar
je fais ça tout le temps
lorsque je suis loin de chez moi
j’entre dans un bar
dans le fond de la salle
des types fortement alcoolisés
se mettent à brailler autour d’un billard
l’un d’eux renverse aussi de la bière sur son pantalon
je les dévisage un à un
c’est plus fort que moi
je ne peux m’en empêcher
et soudain
je m’aperçois que je me suis planté
à la fois d’animal et de film
ce n’est pas un bar d’usine
c’est un pub branché du centre ville
ces gars-là ne sont pas des métallos
ce sont des étudiants d’une école de commerce voisine
de futurs managers spécialisés dans la gestion d’actifs
et la prévention des risques
on n’est pas dans The deer hunter
mais dans Wall street
aucun de ces jeunes loups ne va y rester
ils vont tous s’en sortir
ce sont leurs futurs clients qui vont mourir
je paye mon verre
you’re just too good to be true
je vérifie que j’ai bien mon portefeuille
can’t take my eyes off you
je sors sous une petite pluie fine
je rembobine
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EXCUSE ME FOR COMPARING MY MOTHER TO LARGE BUILDINGS,
lorsqu’il n’est pas au Double Down
à draguer tout ce qui bouge
Elvis passe ses nuits sur
des forums complotistes
qui contredisent la version officielle
des attentats du WTC
le 12
Septembre on n’a rien retrouvé
tout était parti en fumée
les planchers avaient été pulvérisés
réduits en poussière de béton
les fenêtres avaient été pulvérisées
réduites en poussière de verre
les structures avaient été pulvérisées
réduites en poussière d’acier
tout avait été pulvérisé
et réduit en poussière de marbre
de plâtre & de ciment
les bureaux
les imprimantes
les ordinateurs
les armoires métalliques
il ne restait plus rien
tout avait disparu
plus aucun téléphone
plus aucune porte
pas une seule chaise
le 12
tout avait disparu
pulvérisé
réduit en un immense nuage
de fumée noire
les corps n’étaient pas empilés
les uns sur les autres
les corps s’étaient évaporés
il ne restait rien d’autre
que des fragments d’os
disséminés dans la ville
restes humains
de la taille d’une punaise
l’effondrement total des tours
à la vitesse de la chute libre
c’est la preuve
les fragments d’os de pompiers
expulsés sur les toits
des immeubles voisins
c’est la preuve
les nombreux témoignages
faisant état de plusieurs explosions entendues
dans les étages
c’est la preuve
les éjections
les projections
les découpes en biseau sur les colonnes
des deux tours
c’est la preuve
les feux qui ne s’éteignent pas
les températures extrêmes
les poutres incandescentes
le béton l’acier le métal fondu
sous les décombres
c’est la preuve
maman n’est plus là
elle repose loin d’ici
Bethany est partie
avec ce paumé de Chris
notre enfance est partie en fumée
nos souvenirs pulvérisés
tiennent dans une boîte à chaussures
dont le contenu finira
un jour à la poubelle
c’est la preuve
d’une démolition contrôlée
a rose is a rose is a rose is a rose
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LE SHINING (ET COMMENT L’AVOIR)
lettre
de Jack Torrance
à un jeune poète :
oh tu sais
ça veut rien dire du tout
le nombre de pages
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À MES YEUX
les vrais indiens
je veux dire
les hindous
qui parlent allemand
dans Les trois lanciers du Bengale et Le tombeau hindou
sont d’une crédibilité parfaite
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BANDE-ANNONCE
dans un monde sans avenir
où la frontière entre le bien et le mal n’existe plus
dans une société déchirée par la violence
où le mot justice n’a plus aucun sens
dans une ville livrée au chaos
où règne la loi du plus fort
l’amour
que vous soyez d’accord
ou pas
l’amour
demeure le seul espoir
que vous le vouliez ou non
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DÉSINTÉGRATION

Voilà celui que les autorités présentent comme le second suspect des attentats.
Un jeune homme plein d’ambition.
Un garçon plein d’entrain.
Un leader qui prenait toujours les choses en main.
Sauf quand son grand frère était là.

Les experts le disent et le répètent, il n’y a pas de profil type.

Après le divorce de ses parents et leur retour au pays, il s’est senti seul et abandonné.
Fragile émotionnellement.
Profondément déprimé.
Sur une photo prise dans un aéroport, on le voit avec son frère.
Il l’attrape par le cou.
Il a l’air beaucoup plus fort que lui.
Il le retient avec son bras.
On dirait qu’il a peur qu’il s’échappe.

Les experts le disent et le répètent, il n’y a pas de profil type.

Au moment de passer à l’acte, de transgresser les règles, toutes ses angoisses et tous ses doutes ont pris fin.
Il était libéré et comme soulagé.
La réalité ne lui apparaissait plus comme la réalité.
Il voyait enfin le monde tel qu’il est.
Ce qui se trouvait derrière, de l’autre côté.
Il avait la conscience tranquille et les yeux grands ouverts.
Il n’était plus dans le faux, il se sentait prêt.

Les experts le disent et le répètent, il n’y a pas de profil type.
À tout moment, n’importe qui peut basculer.
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DEUX FRÈRES

Hier, on ne savait rien d’eux.
Aujourd’hui, le monde entier découvre leur visage, leurs traits pixellisés intimement captés par les caméras de vidéosurveillance.

On vérifie leur profil.
On fouille dans leur itinéraire, leur passé.
On remonte pas à pas le cours de leur existence en cherchant un récit à leur équipée sanglante.

La presse finit par exhumer des photos d’enfance, des clichés familiaux qu’elle étale au grand jour comme des vêtements trop vieux ou trop petits qu’on balancerait un soir en bas de chez soi parce qu’ils prenaient trop de place dans les placards.
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WATERTOWN
[19 avril 2013, 07 h 31]

Le quartier est en état de siège.
Coupé du monde, recroquevillé sur lui-même et cerné par une menace invisible.

La nuit dernière, les habitants ont reçu l’ordre
de ne plus sortir de chez eux.
Ce matin, tous les accès sont bouclés.
Les écoles, les bâtiments publics, les magasins sont fermés.
Le trafic métro est suspendu.
Pareil pour les trains, les bus et les taxis.

Derrière les fenêtres, on voit des unités mobiles envahir progressivement les rues désertes.
Des milliers d’hommes armés de fusils à pompe et de fusils d’assaut, protégés par des boucliers, des casques en kevlar, des gilets pare-balles et même des chars de l’armée.

Nous allons continuer de nous déployer, déclare le chef de la police en conférence de presse, sécuriser la zone et poster des tireurs d’élite sur les toits.

On fait du porte-à-porte.
On inspecte les moindres recoins.
On a déjà fouillé une cinquantaine de maisons.
On les fouillera toutes si c’est nécessaire.
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