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Critiques de Jean-Marc Le Scouarnec (5)
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Toscan !

Voilà une biographie qui m'a ravi, tant celle-ci est riche en anecdotes, Jean-Marc Le Scouarnec ayant eu le privilège d'échanger avec de nombreux proches du célèbre producteur. C'est aussi une belle plongée dans le cinéma des quarante dernières années du XXème siècle. Fou de musique classique et d'opéras , c'est dans le cinéma que ce producteur atypique deviendra un personnage incontournable. Des projets improbables, onéreux, Toscan en a mené de nombreux à leur terme, même si sa gestion calamiteuse était connue. Son incroyable bagou, son charme et sa fidélité en amitié lui permettait d'aller au bout de ces projets. Amoureux des femmes a tel point qu'il voulait les épouser, Toscan laisse le souvenir d'un homme apprécié dans un monde ou les égos sont sur dimensionnés. On découvre aussi, sous l'aisance verbale, un homme hypocondriaque, avec des périodes dépressives qui contrastent avec l'image véhiculée.

Une biographie remarquable, vous l'aurez compris, qui ne laisse pas indifférent.

Comme le résume si bien son ami Nicolas Seydoux « Daniel Toscan du Plantier était avant tout « un rassembleur, un pacificateur ». Un séducteur aussi ...Un aristocrate du verbe, un comte du trait, un prince du mot ».

Un grand merci aux Editions Séguier et à Babelio pour cette belle découverte.
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Sabine Weiss, en deux films

Acquisition dans une librairie- caverne d’Ali-Baba, « Le Silence de la mer », à Vannes (Morbihan), après en avoir pris « plein les mirettes » devant la rétrospective de la célèbre et toujours active photographe, Sabine Weiss (97 ans) .Je connaissais cette artiste mais n’imaginais pas un parcours aussi éclectique… De la mode à la publicité en passant par des photos et un travail plus personnel, qui me retiennent plus et ont très nettement, ma préférence !



« Humaniste et alors ?



Ce qu'on connaît aujourd'hui de l'oeuvre de Sabine Weiss appartient essentiellement au courant humaniste,ce style photographique rattaché aux années 1940 et 1950 qui chante la foi en l'homme,décrit les bonheurs minuscules,les saines joies familiales et compatit aux souffrances des humbles (...)

La reporter au Rolleifleix,cet appareil "simple et discret"qui se porte sur le ventre et ne vise pas ces cibles comme de vulgaires proies,se sent bien dans la famille des Robert Doisneau,Willy Ronis, Izis ou Édouard Boubat.Elle ne renie donc pas l'étiquette humaniste mais n'en a jamais fait son porte-étendard. (p12)”



Cet ouvrage appartient à une collection très astucieuse, que je découvre avec quelque décalage : « Photograph (i )es « , une collection de livres DVD consacrés à la photographie contemporaine : portraits filmés de grands photographes, textes et photographies. Réalisé avec le concours du Centre national de la Photographie.



J’ai lu aussitôt le texte très vivant de Jean-Marc Lescouarnec… résumant les principales facettes de l’œuvre de cette artiste… il me restera à trouver un moyen de visionner le CD , offrant deux films surSabine Weiss, l’amie de Doisneau.



« Doisneau a su épauler sa consoeur suisse au bon moment, à plusieurs reprises. Il en dit quelques mots, d’une juste tendresse : « Avec Sabine Weiss, regardons d’un peu plus : les scènes, d’apparence inoffensive, ont été inscrites avec une volontaire malice, juste à ce moment précis de déséquilibre où ce qui est communément admis se trouve remis en question. Les concepts littéraires en prennent un bon coup. Je veux dire que les vieillards ne sont pas forcément vénérables, pas plus que les soubrettes obligatoirement accortes. Si cela dérange un brin, c’est très bien : c’est exactement le rôle que doit jouer la photographie. J’ai dit malice mais il y a dedans ni diablerie ni odeur de souffre, et si Sabine Weiss se sert d’un balai ce n’est pas pour ses déplacements mais pour faire le ménage dans le capharnaüm photographique ». (p. 16)



Publication à la mise en page très soignée entre le texte aéré et une sélection de clichés personnels , ceux pris à la sauvette, hormis les portraits d’artistes, dont un , extraordinaire d’Alberto Giacometti, dans son atelier…



Je laisse, pour achever cette note de lecture, la parole à Sabine Weiss dans un interview de juillet 2020 :

« Durant des décennies de carrière, "j'ai fait de tout dans la photo : je suis allée dans des morgues, dans des usines, j'ai photographié des gens riches, j'ai fait des photos de mode... Mais ce qui reste, ce sont uniquement des photos que j'ai prises pour moi, à la sauvette", des photos pour le plaisir en dehors des commandes de travail, explique à l'AFP Sabine Weiss dont plus d'une centaine d'œuvres sont exposées au Kiosque, au port de Vannes (Morbihan), jusqu'au 6 septembre [2020 ] «



Moment jubilatoire que la vision de ces photographies , au fil des années, traversant les époques et les pays, pleines de naturel et d’humanité., augmenté d’un étonnement sans nom en écoutant des interviews de Sabine Weiss, projetés dans l’espace d’exposition, au vu de sa confondante modestie et simplicité. Elle précise d’ailleurs à l’interviewer qu’elle ne se considère pas comme une artiste mais comme « un artisan de la photo »…



Si vous vous trouvez à proximité du Morbihan et de Vannes, ne manquez pas cette exposition exceptionnelle , se clôturant dans quelques jours : le 6 septembre 2020…

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Toscan !

Figure emblématique du cinéma français, Daniel Toscan du Plantier a régné sur le monde du 7ème art pendant plus de 40 ans. Cette biographique, construite à partir des témoignages de ses proches, retrace l’itinéraire de ce producteur star.

De Chambéry, sa ville natale, au festival de Cannes, Jean-Marc Le Scouarnec retrace toutes les étapes d’un succès inespéré. Si l’on retrouve avec plaisir toutes les grandes personnalités du cinéma européen (Pialat, Fellini, Comencini..), le goût immodéré de Toscan pour l’opéra et les femmes (ah le mythe du producteur mentor), ce documentaire présente son véritable intérêt lorsqu’il analyse l’irruption du marketing dans le cinéma, les montages financiers de plus en plus sophistiqués. La question de la culture et de ses enjeux économiques et politiques devient un vrai cheval de bataille de Toscan, combat où il laissera quelques plumes. Au de-là des paillettes et des drames demeure de façon persistante la relation forte mais ambiguë avec Nicolas Seydoux, l’autre personnage incontournable du cinéma et de la télévision. Ami et concurrent à la fois, une personnalité austère à l’envers de la flamboyance de Toscan, cette relation personnelle et professionnelle reste pour moi la vraie et belle découverte de ce documentaire. Sans pour autant les ignorer, l’auteur a su s’affranchir des contingences purement biographiques pour élargir son regard plus largement à la production culturelle des années 1970-2000.

Lu en partenariat avec Masse critique.

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Jean Dieuzaide La photographie d'abord

Jean Dieuzaide, dit Yan (1921-2003) fut l'un des plus grands photographes français du XXème siècle. Certes, le livre présente quelques-unes de ses photographies mais, en fait, c'est surtout une biographie. L'auteur donne un aperçu détaillé sur la vie et l'oeuvre de Yan, qui n'a peut-être pas eu toute la célébrité qu'il méritait. Cependant, il a obtenu le prix Niepce et le prix Nadar.

C'était un self made man, qui a découvert la photographie et en a fait son métier très tôt. C'était un bourreau de travail passionné, hyper-actif, perfectionniste, mais aussi opportuniste et ouvert à toutes les possibilités. Pour lui, la photographie passait avant toute autre chose et il y pensait à chaque instant. Dans sa très longue carrière, il a tout photographié: des usines, des avions, des églises, des hommes, des femmes, des enfants, des paysages, etc… mais aussi d'autres sujets, certains étranges et quasi-abstraits (comme le brai). Lui-même hésitait à se définir comme un artiste, préférant le terme modeste et noble d'artisan.

Sur le plan personnel, il pouvait faire preuve d'une exigence excessive et d'un caractère difficile. Elevé très durement par sa mère, il fut également sans indulgence pour ses enfants; son épouse était une sainte, par force. En affaires, il se montrait habile et même dur. En revanche, avec des tiers il pouvait se montrer d'une gentillesse et d'une générosité étonnantes. Bien connu dans la région toulousaine (notamment pour ses reportages "alimentaires" dans la région), il a su nouer des contacts amicaux avec les plus grands photographes de son temps. Il a aussi créé à Toulouse l'une des premières salles d'exposition digne de ce nom en France.

Les quelques photos montrées dans le livre, bien reproduites, démontrent la très grande maîtrise de Jean Dieuzaide. Elles donnent évidemment envie de découvrir ses plus belles photos dans les nombreux livres ou catalogues qui sont consacrés à son oeuvre foisonnante.

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Toscan !

De Daniel Toscan Du Plantier, j'avais l'image d'un homme de pouvoir, hâbleur, grande figure du cinéma français côté coulisse, producteur vaguement mégalo durant ses années Gaumont, amateur de musique classique et aux nombreux mariages comme souvent lorsque l'on est un homme public brassant de l'argent. Curieux du monde du cinéma, c'est avec une certaine curiosité que je me suis plongé dans cette biographie .... que j'ai dévoré.

Mon image n'était pas fausse mais bien incomplète. Daniel Toscan Du Plantier fut bien un beau parleur plein de verve et d'humour, agaçant pour certains, totalement indispensable dans les dîners parisiens pour d'autres tellement il animait avec brio les conversations. Il a bien dilapidé l'argent de la Gaumont en faisant tourner les grands maîtres du cinéma qu'il admirait ( Losey, Comencini, Fellini, ...) et à qui il ne refusait rien, même leurs pires caprices. Il a bien été un grand séducteur, grand amoureux des femmes dont quatre furent épousées. Il a été dans la dernière partie de sa vie le grand promoteur de tout le cinéma français, pouvant défendre en Ouzbékistan le pire nanar hexagonal.

La biographie de Jean-Marc Le Scouarnec nous raconte tout cela par le détail mais dépeint aussi un Toscan plus intime. Du jeune provincial arrivant de Chambéry, un poil arriviste et sachant utiliser au mieux son voisinage assez chic du XVIème arrondissement ainsi que ses camarades fortunés de Sciences Po au producteur au bord de la faillite, épuisé physiquement et se ressourçant vraiment simplement dans un hameau aux confins du Gers, le livre cherche à portraiturer au mieux ce personnage haut en couleurs. Grâce à de nombreux témoignages de ses amis, de ses maîtresses ou femmes, de ses collaborateurs voire de quelques détracteurs, le portrait se complète en relevant les failles et les ombres que toute personne volubile et à l'aspect brillant camoufle forcément. Le regard du biographe n'est jamais celui d'un hagiographe même si l'on perçoit un certain respect pour ce Don Juan d'un autre temps, voire une pointe d'admiration. Les pages se tournent rapidement, le style léger et rapide de l'auteur s'adapte parfaitement à la frénésie du personnage. Et lorsque arrive la dernière partie de sa vie où la mort rôde de façon inquiétante ( assassinat de sa troisième épouse, mort des parents, de son grand ami Maurice Pialat, ...), j'ai même été pris d'une certaine émotion. Le beau parleur, sûr de son goût et de son intelligence, se fait soudain plus pathétique sous la plume décidément inspiré de l'auteur, et termine sa vie de façon théâtrale au milieu de tout un aréopage de stars. Une mort semblable à une scène finale d'opéra, art qu'il adorait autant que le cinéma.

Bien sûr, je pense que l'on prendra beaucoup plus de plaisir à lire cette biographie, si l'on est fan de cinéma, et si l'on a connu toutes les productions parfois hasardeuses de ce producteur esthète. Cependant, si l'on n'a qu'une connaissance très lacunaire de la personne, si l'on voit juste une crinière blanche, une bouche presque lippue à force de saillies drolatiques et un nœud pap, on trouvera sans nul doute un certain intérêt à découvrir ce parcours étonnant d'un homme qui a marqué de sa flamboyance le cinéma français de la fin du 20 ème siècle.
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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