AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean-Marie Dallet (18)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
De pareils tigres

Voici un récit à multiples voix à la frontière entre le roman d'aventures, l'enquête policière et le roman historique.

L'ouvrage revient sur le destin véridique et peu commun des frères Rorique alias (vous découvrirez qui) accusés vers 1892 d'avoir pris le commandement d'une goélette tahitienne au prix de sept assassinats.

Leur accusateur est un repris de justice qu'on a autant envie de pendre que d'écouter et les deux frères, Alexandre et Joseph, ne font vraiment rien pour avoir l'air au dessus de tout soupçon.

Leur destinée est entrecoupée avec celles de célébrités comme Paul Gauguin, Joseph Conrad ou encore Robert Louis Stevenson.

Le procès qui aura lieu en France interviendra en plein pendant l'épisode de l'assassinat du Président Sadi Carnot. Je vous laisse en découvrir l'issue et comment les deux frères termineront leur existence...

Le style de l'auteur est incisif et très agréable. On pourrait éventuellement lui faire le reproche d'utiliser un vocabulaire et des tournures de phrases actuelles alors qu'il cherche manifestement à donner l'illusion du témoignage d'époque, mais ce n'est franchement pas trop gênant.

Bref, selon moi, un ouvrage très honnête, fort plaisant à découvrir, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          601
De pareils tigres

Jean-Marie Dallet est un écrivain marin et sa passion pour la mer et la Polynésie se ressent dans son écriture. Romancier discret, si discret que j'ignorais son nom, lui qui a pourtant un palmarès impressionnant, il entraîne ses lecteurs dans de magnifiques voyages vers les atolls de Polynésie et à travers le temps.

De pareils tigres nous entraîne donc sur les traces des frères Rorique, Joseph et Alexandre, qui ont défrayé la chronique à la fin du XIXème siècle, accusés d'avoir supprimé l'équipage d'un navire pour en prendre le contrôle.

La force de ce roman historique réside dans le fait que l'histoire se déroule au travers du témoignage des personnages du livre. Chacun, tour à tour, donne sa version de l'histoire et il est bien difficile de se faire un avis : les frères Rorique sont-ils coupables ou non? Seul témoin de leur forfait, un cuisinier qui va témoigner contre eux et faire arrêter les deux frères que tout accuse. Et lisant le récit des Rorique, on se met à douter de la véracité des dires du cuistot, tant ceux-ci n'ont de cesse que de clamer leur innocence.

Ce roman, très documenté et d'une grande érudition, se lit comme un roman d'aventures. On y croise de nombreux et illustres personnages, tel le peintre Gauguin en proie aux doutes et à la maladie, Joseph Conrad, Alfred Dreyfus lors de leur emprisonnement à Cayenne. On suit avec horreur le sort réservé aux bagnards, la cruauté de l'époque où le bagne signifiait la mort dans les pires des conditions.

Un très grand moment de lecture. Je remercie les éditions Libretto et Babelio de m'avoir permis de découvrir cet auteur.
Commenter  J’apprécie          400
Je, gauguin

Bien que « Je, Gauguin », soit une autobiographie imaginaire comme l’indique la 4ème de couverture, on arrive aisément à imaginer ce que fut la vie de ce peintre maudit.

Le manque de reconnaissance par ses pairs et par la société en générale va le faire souffrir et va le conduire à partir sans cesse. Sa vie sera faite de voyages , mais pas des voyages d’agrément , plus des voyages pour fuir sa condition et chercher ailleurs , dans les îles, dans d’autres pays, dans d’autres régions, dans d’autres villes un espoir de succès, une vie meilleure.

Dans ce livre Gauguin à une image moins négative que ce que j’avais pu lire jusqu’à présent. Ici, il me parait moins hautain. Par ailleurs ses actes même ceux qui peuvent paraître condamnables sont ici présentés de telle façon que je n’ai pas ressenti l’agacement que j’avais pu avoir pour lui.

Oui, il est plus ici question de sa personnalité, de sa vie, de ses tourments, de sa misère et de sa famille que de ses tableaux proprement dit, qui sont très peu décrits. On n’a pas non plus beaucoup de renseignements sur son style même si on voit ses attirances et ses rejets. Cette biographie romancée reste toutefois intéressante et aiguise notre curiosité.



Commenter  J’apprécie          331
De pareils tigres

Quand Babelio m’a généreusement sollicitée pour critiquer un roman à choisir parmi pléthore d’autres livres, j’ai opté pour De pareils tigres. L’été approchant, j’avais sûrement envie d’évasion. Du coup un roman ayant pour scène Tahiti et la Polynésie me vendait suffisamment de rêve et je me suis donc laissée tenter comme une touriste à l’affut d’un peu d’exotisme. Bon tout n’est pas vraiment exotique ni tout rose dans notre récit qui reprend un fait divers ayant défrayé la chronique judiciaire à la fin du XIX en France : celle des frères Rorique accusés d’avoir détourné un navire rempli de biens « vendables » et d’avoir assassiné la quasi-totalité de l’équipage. Accusés par le seul survivant, le cuisinier (loin d’avoir un passif irréprochable d’ailleurs, bref), ils sont arrêtés, jugés militairement à Brest avant d’être envoyés au bagne de Cayenne. Voilà pour le résumé en trois lignes chrono de notre roman. Mais la force et le talent de Jean-Marie Dallet (même s’il m’a perdue avec l’usage excessif de termes de marine, je n’y entends rien à tout ça) est d’avoir rendu picaresque et haut en couleur ce drame judiciaire. L’alternance des points de vue : ceux des frères (Joseph et Alexandre Rorique) au caractère bien trempé (ripailleurs, fornicateurs, menteurs, voleurs et tueurs ?), celui des protagonistes (réels ou inventés) ayant été - de près ou de loin - en lien avec cette histoire. On y retrouve ainsi Gauguin, en pleine déprime artistique ou encore l’écrivain joseph Conrad venu trouver matière à ses romans. Tout concoure à faire croire que notre duo fraternel diabolique a bien détourné le navire et tué ses occupants sans aucun scrupule ; le récit qui en est fait par le cuistot donne d’ailleurs froid dans le dos. Mais, et en cela cette affaire restera à jamais une énigme, en dépit de caractères bien trempés et de preuves accablantes, cette culpabilité sera toujours mâtinée de circonspection. On ne saura jamais vraiment si les frères Rorique sont bel et bien coupables de ce crime. Bravo donc à Jean-Marie Dallet qui a su restituer avec brio cette confusion dans les esprits et des contemporains de l’affaire et dans celui du lecteur. Frustrant pour moi mais d’un autre côté, intéressant et déconcertant. Et j’apprécie ! On pardonnera quelques légères longueurs et comme je le disais, cet usage à outrance des termes de marine. Je remercie donc Babelio et les éditions Libretto pour ce beau partenariat.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
Commenter  J’apprécie          210
De pareils tigres

Merci à Babelio pour l'envoi de ce livre !

En 1891, le navire Niuroahiti disparait en Polynésie. Considéré comme perdu, il réapparait pourtant quelques mois plus tard, sous un faux nom et accostant à une ile dans le Pacifique. Arrêté par les autorités, le navire ne contient plus que trois membres : Joseph et Alexandre Rorique, ainsi que le maitre-queux.

Les frères Rorique vont être accusés de meurtres et de pirateries. Lors du procès et de leur emprisonnement, nous allons avoir droit à leur histoire, à leur volonté de prouver leur innocence, ainsi qu'aux témoignages retenus contre eux.

Lors de la masse critique de Babelio, j'avais retenu ce titre surtout parce les frères Rorique, de leur vrai nom Degrave, ont réellement existés et ont été jugés pour ces actes de piraterie. C'est une affaire judiciaire qui a eu un grand retentissement, notamment dans des milieux intellectuels assez élevés, comme Emile Zola. Il y a toujours eu un doute sur leur culpabilité, ce qui a fait couler énormément d'encres. C'est aussi une affaire qui a inspiré à Jules Verne son roman Les frères Kip, ce qui n'est pas rien !

Donc, il m'en faut peu pour me faire baver. Dites-moi « histoire vraie », « marins », « piraterie » ou « affaire non élucidée », et je fonce directement ! Surtout que vous ajoutez à cette histoire vraie des descriptions de pays pour le moins exotique, comme la Polynésie mais aussi le sérieux de l'auteur. Jean-Marie Dallet a publié une vingtaine de romans et a notamment obtenu la bourse Goncourt du récit historique pour Dieudonné Soleil (Laffont, 1983), mais c'est aussi un marin qui a énormément voyagé entre la Méditerranée, le Pacifique... Cette expérience se reflète indéniablement sur ce livre, et j'ai eu l'impression de me retrouver embarquée au milieu d'une tempête, avec des descriptions des paysages et des us et coutumes tout à fait fascinantes !

De pareils tigres est un récit très court, qui se dévore en un clin d'œil. Mais c'est surtout toute une histoire qui repose sur une seule interrogation : les frères sont-ils coupables des faits dont on les accuse ? Les deux visions de l'affaire, celles des frères et celles de leurs détracteurs. Deux versions, deux histoires, deux points de vue entièrement différents. Malgré la curiosité de savoir si Joseph et Alexandre Rorique sont innocents ou pas, le plus intéressants est de voir comment ces deux personnages historiques mènent leur vie, très riches en aventures, ils refusent absolument de courber l'échine devant qui que ce soit et ne vont pas se laisser faire. Mauvais ou bons, ce sont deux individus très intéressants à suivre !

Avec cette lecture, je me suis retrouvée embarquer sur un navire, le visage fouetté par les embruns et le moral retourné par la vie dans le bagne. De pareils tigres est une lecture très addictive, à lire si vous vous sentez d’explorer les traces de la piraterie, un voyage au goût de Jules Verne !
Lien : http://chezlechatducheshire...
Commenter  J’apprécie          90
Fin de partie au Sans-Souci

Jean-Marie Dallet s'est intéressé dans ce livre à une affaire qui défraya la chronique à la fin du XIXème siècle dans ce roman assez court, environ 150 pages, auquel il est difficile d'accrocher même si l'histoire présente un petit intérêt.
Commenter  J’apprécie          60
Dieudonné Soleil

Livre aventureux, parois compliqué à lire car manque de ponctuation, reste cependant à découvrir pour les amoureux d'histoire et de navigation
Commenter  J’apprécie          50
Je, gauguin

Une autobiographie imaginaire où Jean-Marie Dallet ne se pose ni en critique d'art, ni en historien, un mélange des correspondances de l'artiste et des ressentis de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          40
Je, gauguin

Si Avant et après ne se lit pas comme un roman ou une banale autobiographie, en revanche, Je, Gauguin, de Jean-Marie Dallet se lit comme une fiction et permet de saisir le contexte social avec le recul historique. Pour bien comprendre l'artiste, sans doute faut-il commencer par lire le roman qui dévoile, entre autres, la face cachée du peintre. Vous apprendrez que sa grand-mère n'était autre que Flora Tristan (il en parle dans Avant et Après), que son père a dû fuir au Pérou les persécutions de Napoléon III, le Pérou où Paul vécut toute sa petite enfance jusqu'à l'âge de sept ans, avant de rejoindre Paris, une ville qui ne lui conviendra jamais mais qu'il ne cessera de fuir pour y revenir maintes fois. Mariée à Mette, une Danoise, il pense trouver une vie plus facile et le succès à Copenhague. Une désillusion parmi tant d'autres, toutes celles qui ont jalonné la vie du peintre, dont les voyages - le Panama, Tahiti, les Iles Marquises pour ultime demeure, mais aussi bien avant, Rouen, Pont Aven, Arles - sont inscrits dans son oeuvre.

vant-gardiste au même titre que Huysmans, qui l'admire, et Pissarro dont il se sent proche, il sera un perpétuel fauché après avoir quitté son emploi de courtier à la Bourse pour se consacrer entièrement à sa peinture, question de vie ou de mort : "J'en ai marre tout simplement. J'en ai assez de la vie boursière, du quotidien besogneux, je me veut peintre à part entière, et j'en étouffe." Il veut aller plus loin que les impressionnistes, ses frères ennemis : "(...) libérer l'oeil de ses contraintes séculaires, bravo ! mais libérer l'oeil et l'esprit ne serait-il pas encore mieux ?"

"Je me remonte le moral avec mes nouveaux compagnons de route, ni académiciens, ni impressionnistes ! Puvis de Chavannes avec ses fresques immobiles, Odile Redon avec ses rêves de mondes imaginaires, Gustave Moreau avec son travail de ciseleur, tous trois me font naviguer au-delà des apparences, dans les eaux profondes de l'inconscient, tout comme m'emportent loin du réel les Japonais que l'Europe vient de découvrir, Utamaro, Hokusai, Hiroshige, ces maîtres lointains qui, eux, comblent mon goût - jamais tari - d'exotisme."



J'ai été emportée par cette autobiographie fictionnelle qui plonge à la fois dans la violence historique du Paris de l'époque et la vie artistique. On prend l'air également, avec tous les voyages de l'artiste. On ressent toute la pugnacité, le désespoir, le caractère entier et ombrageux de Paul Gauguin, toute sa vie vouée à sa conception de l'art. Une âme sauvage qui ne se laisse pas enfermer.

Jean-Marie Dallet a eu l'idée originale de faire parler Gauguin depuis sa dernière demeure : "Cinquante-cinq ans, ma vie et moi qui du fond de la mort ressasse tout en long et en couleur, une vie trop vite close en cette tombe du bout du monde où, bien allongé à plat sur ce qu'il me reste de dos, avec du sable noir des Marquises débordant de mes orbites fixées sur un ciel de terre, je peux revivre - privilège extrême, épreuve extrême qui me vaudront peut-être enfin l'éternel salut ? (...)".

Immortel, c'est aujourd'hui quelque chose de certain ! Un bel hommage à l'artiste.


Lien : http://milleetunelecturesdem..
Commenter  J’apprécie          30
Architectures de mémoire

[...] Fruit de plusieurs années de travail et de recherches, la publication d’Architectures de mémoire, fait suite à une série de rencontres, événements artistiques et scientifiques organisés de concert par les porteurs du projet et leurs partenaires dès 2014. C’est en effet, dans un écrin très élégant et richement illustré, que cet essai collectif porté par les chercheurs Jean Marie Dallet et Bertrand Gervais, se déploie, réfléchissant à la question de la mémoire/des archives à une époque charnière où cohabite culture du livre et culture de l’écran. L’ouvrage passe au crible les architectures complexes des nouveaux « palais de mémoire », des bibliothèques, archives et musées aux structures informatiques, bases de données et fermes de serveurs qui alimentent le flux de données sur le réseau. Et pose au fond cette interrogation centrale : comment la culture numérique et les architectures de mémoire qui lui sont spécifiques contribuent-elles à opérer une mue de notre esprit, de nos arts, comme de nos pratiques de création ou d’exposition ? [...]



Un essentiel à la fois intéressant et enrichissant à garder en mémoire et en bibliothèque que Pro/p(r)ose Magazine vous recommande.(...)



(Re)découvrez notre chronique dans son intégralité entre les pages numériques de notre bimestriel littéraire et culturel en ligne le dernier dimanche tous les deux mois...



https://proprosemagazine.wordpress.com/2022/07/31/architectures-de-memoire-sous-la-direction-de-jean-marie-dallet-bertrand-gervais/
Lien : https://proprosemagazine.wor..
Commenter  J’apprécie          20
De pareils tigres

http://lesruinescirculaires.blogspot.com/2010/04/de-mer-de-soleil-et-de-sang.html



De mer de soleil et de sang...



Jean-Marie Dallet est un romancier discret, il se tient loin du petit monde germano-pratin...et pour cause il écume les mers sur son bateau entre la France et le pacifique-sud (le monde est donc vaste). Tahiti semble être devenu son jardin et par extension le théâtre de son travail de romancier, De pareils tigres fait état d'une affaire de piraterie dans les eaux de la Polynésie qui défraya la chronique française à la fin du XIXème siècle. Parce qu'elle fut en marge de l'affaire Dreyfus, que les deux protagonistes les frères Rorique se retrouvèrent au bagne de Cayenne en même temps que lui, et surtout parce qu'en France des intellectuels (Zola, une journaliste libertaire du nom de Séverine...) prirent fait et cause pour les deux frères et constituèrent un groupe de pression pour obtenir leur libération.

Mais au fait de quoi les accuse t-on ?

De s'être emparé d'un navire le Niuroahiti et d'avoir tué son équipage.

Mais les accusations se fondent sur le seul témoignage du cuisinier de bord et de concours de circonstances qui jouent en leur défaveur.



En réalité, à la lecture du roman on ne peut pas savoir s'il sont coupables ou non, les deux visions de l'affaire sont racontées simultanément par un jeu très habile d'alternance de narrations. Les différents narrateurs viennent jouer les deux musiques en parallèle.



Le roman est très subtil parce qu'il n'est pas à thèse, il ne cherche pas à découvrir la vérité, mais seulement à montrer l'aventure humaine ( d'où en exergue du livre cette phrase de Conrad : "la réalité est cachée. Dieu merci").

Après tout peut importe que ces frères Rorique soient coupable ou non, leur histoire est celle de deux tigres qui ne veulent pas se laisser enfermer, dompter par les conventions du monde, une histoire d'hommes libres comme on peut en trouver chez Conrad, ou comme pouvait l'être Gauguin (un des protagoniste et narrateur de l'aventure)



De pareils tigres est à tout les niveaux un roman envoûtant, jouant de l'exotisme des mers du sud, mais sans tomber dans le cliché, il y a là un pouvoir d'évocation presque magique; d'une part le lecteur sent très bien le fond documentaire et la précision sur laquelle prend appuis l'histoire (les termes de marine ne trompent pas, Dallet connaît son affaire ), mais en plus par un très habile jeu de narrations et de voix qui tissent le fil du récit.



On ressort du roman avec la tête encore pleine des embruns de Tahiti mais aussi des affres de l'épouvante du bagne de Cayenne.



Ce n'est pas pour rien que l'on retrouve Conrad comme narrateur partiel de l'histoire ni que l'on pense fréquemment à Jules Verne (c'est un sujet dont il s'inspira pour écrire les frères Kip). En fait ne manque que Segalen au tableau (mais lui viendra à Tahiti que des années plus tard pour être le chroniqueur d'un monde disparu) et nous aurions une évocation de toute cette époque pour qui l'invitation au voyage fut une vraie source créatrice.



Dans le roman et pour le lecteur, il s'opère un renversement de la notion d'exotisme. Comme le note Segalen dans son journal des Iles :



« La relativité de la sensation d'exotisme est plus qu'avérée. Ce n'est qu'un recul dans l'espace, un lointain, ou bien, le lointain aboli, une surprise des premiers instants. Maintenant, voici que je vis très naturellement en des « pays enchanteurs » […] et que c'est le retour vers la vieille Europe qui me semble mirage. »



Dallet nous fait admirablement bien nous acclimater à ce Pacifique sud au point de nous faire sentir cette relativité de la notion d'exotisme.

Mais c'est certainement là un réflexe d'enfant. L'appel sauvage de l'aventure qui vient hanter le lecteur. parce que De pareil tigres est et reste avant tout un grand roman d'aventure.
Lien : http://lesruinescirculaires...
Commenter  J’apprécie          20
De pareils tigres

« De pareils tigres » Jean Marie Dallet



Lecteurs accrochez-vous. Le début de ce roman n'a rien d'engageant tant il est difficile d' en comprendre le sujet.

Cela commence par les dialogues alternés de deux frères -marins de leur état- Joseph et Alexandre Rorique. L'incipit écrit au présent comme le veut cette détestable mode actuelle m'a quelque peu refroidi. Suivent, inattendues, les interventions du peintre Gauguin (pas moins!) ainsi que d'autres personnages inconnus dont il faut deviner le rôle.

Peu à peu tout s 'éclaire . En fait , nous sommes dans un montage à la Agnès Varda ou encore à la Orson Welles dans « Mensonges et vérités ». Des personnages se succèdent. Ils témoignent. Comme un puzzle, les témoignages s'assemblent et le lecteur commence à comprendre.

Je tiens Jean-Marie Dallet pour un de nos plus grands écrivains contemporains. Son style d'abord, fait de longues phrases mais des phrases fluides qui roulent comme une houle avec des images surprenantes et des sonorités renouvelées. C'est un style marin avec une mer aux reflets changeants qui va du bleu de Prusse au vert émeraude en permutant par le gris argenté du mercure, une mer aux bruissements divers du simple clapotis aux hurlements de cyclone, un style océanique qui passent du zéphyr caressant au grain piquant, un style aux parfums tantôt exotiques et enivrants, tantôt âpre comme du goudron norvégien. Ses histoires ensuite, toujours renouvelées. Ses personnages enfin jamais d'un bloc . Jean-Marie Dallet est de la race de Jacques Perret, de Mac Orlan, de Francis Carco. Il est bien supérieur à Conrad dont la célébrité me surprend tant le style de ce dernier est besogneux,ses histoires incompréhensibles et ses constructions bancales.

Pour se hisser au rang de génie, il manque à J.M. Dallet la profondeur d'un Dostoïevski, d'un Camus et même d'un Kazuho Ishiguro. Mais qu'importe, l'essentiel étant qu'il nous régale.

Commenter  J’apprécie          10
Je, gauguin

Écrite à la première personne et chronologiquement, elle se lit vite car l’auteur parvient à nous accrocher dès le début. La vie de Gauguin est jalonnée d’aventures, de découvertes et de grands espaces. Il a parcouru le monde et exercé de nombreux métiers ne parvenant pas à vivre de sa peinture.

J’ai été bien sûr très sensible aux descriptions de la Polynésie : Tahiti, Moorea et Les Marquises. Les polynésiens l’ont adopté même si la vie était difficile aussi là-bas pour le peintre : il avait faim aussi sous les Tropiques.

Le style est vivant et imagé.

En synthèse : une lecture fluide et passionnante.
Lien : http://www.despagesetdesiles..
Commenter  J’apprécie          10
Ce que disent les morts et les vivants

Un grand-père grièvement blessé à la guerre de 14-18, un père mort à celle de 39-45, avant la naissance de son fils, le narrateur, écrivain, le vivant, hanté par ses morts, en proie au doute, qui triture les mots dans l'espoir d'être sauvé par eux, tel sont les personnages de ce roman rare, d'une grande beauté littéraire, d'une construction digne des grands écrivains qui inspirent l'auteur. Le lecteur est tout à tour; bouleversé par l'horreur de la guerre dans les tranchées, par le calvaire de ce grand-père, Désiré, devenu aveugle par une balle qui lui ravage le visage, par sa volonté de reprendre son poste d'instituteur malgré son handicap, par François le père, écrivain en devenir, publié dés son premier manuscrit, qui meurt dans la débâcle du début juin 40; amusé par les scènes de la vie quotidienne du narrateur, par ses rencontres; attendri, par les souvenirs de jeunesse du grand-père, par la rencontre avec un chien qui a échappé à son maître; intéressé par les interrogations de l'écrivain sur son rôle, sur l'écriture, sur le pouvoir des mots pour sa survie, et vis à vis du lecteur, lorsqu'il révèle ce qu'il nomme lui-même son " barda " qui contient ses " saints patrons ", Conrad, Melville,Rimbaud, Proust, Céline, Garcia Màrquez....; et continuellement passionné par un livre qui pose autant de questions. Jean Marie Dallet oblige le lecteur, à s'interroger sur la construction de la personnalité, sur ce que l'individu doit à ses ascendants. La construction du livre accentue cette impression d'interaction entre les morts et les vivants. Il entremêle les paroles des aïeuls avec celle du narrateur. Il nous montre comment se forge la personnalité du narrateur, qui refusera de tirer un coup de fusil en 1960 au moment de l'Algérie, estimant avoir " déjà trop donné du côté de la mort guerrière ", et comment il s'est construit comme écrivain en nous rappelant régulièrement les noms de ceux qui lui ont servi de modèles. Lorsque le livre débute, Jean Lecœur, le narrateur reçoit la visite de ses grands-parents morts et l'auteur les installe sur une banquette constituée par des cantines recouvertes d'un couvre-lit, c'est une magnifique métaphore, de ces revenants qui sont comme sortis des cantines (dans lesquelles habituellement on range les souvenirs). Lorsque le narrateur prend pour confident un chien, il montre non seulement son amour pour les animaux, mais également l'ampleur de sa solitude, personne d'autre ne peut imaginer la difficulté de lutter contre " la fatalité et l'oubli ", que lui, le chien qui ne sait pas qu'il va vers une " mort certaine ". Le livre est également riche de toutes les références littéraires de l'auteur, on n'est pas surpris à la lecture de ce roman que Alberto Manguel est accepté d'en écrire une si belle préface; ils sont là ceux qu'il vénère également les Borges, Stevenson, Conrad, Hemingway... Pour tenter de rassurer le lecteur sur la possibilité de survivre à un tel passé, le roman se termine par une relation amoureuse et deux mots de fin pleins d'espoir.
Commenter  J’apprécie          10
Au soleil des vivants

Lu en 2003Je n'ai pas tellement aimé ce roman qui ne m'a laissé qu'un très vague souvenir.
Commenter  J’apprécie          10
De pareils tigres

Ce livre est magnifique. D'une grande puissance. Il ne fait pas le jour sur cette affaire de piraterie qui a enflammé la France à la même époque que l'affaire Dreyfuss (Les protagonistes croiseront d'ailleurs ce dernier au bagne sur les terribles îles du Salut) mais à travers les différentes voix auquel le romancier laisse la place (on y rencontre entre autres Conrad ou Guauguin), il illustre cette phrase de Conrad mise en exergue: "la vérité est cachée. Dieu merci !"

Les frères Rorique - dont on apprendra que ce n'est pas le vrai nom - sont-ils coupables ?

Peu importe. Importent seuls le récit, cette vision des tropiques loin des clichés et les réflexions que la lecture de ce livre suscite.

Commenter  J’apprécie          10
Je, gauguin



Le genre de l’autobiographie imaginaire est malaisé à maîtriser .Jean-Marie Dallet, auteur de Je, Gauguin dément quelque peu ce présupposé .Dans ce récit, il est le « Je » de Gauguin, son intimité, ses secrets, ses tourments récurrents, ses obsessions. Ce qui accroche dès l’entame de l’ouvrage, c’est l’explicitation des choix de ce peintre ; il avoue ainsi, au retour de son voyage en Amérique Latine où il a passé soit dit en passant une partie de son enfance, sa dépendance vis-à vis du désir d’évasion, de fuite d’un ailleurs forcément attractif : « En fait dès qu’il s’agira de fuir , de chercher ailleurs plus loin , toujours plus loin- un existence différente , je serai toujours partant, n’admettant jamais que de lever l’ancre, même pour le bout du monde, ne sert à rien, que l’on n’échappe jamais à l’enfer intime qui vous colle au cœur, au Sud comme au Nord. » Le besoin vital d’exploration et de découverte est circonscrit, d’autant plus que Gauguin tente dans un premier temps de concilier vie professionnelle et amour de la peinture .Il n’y parvient pas, même s’il tire des revenus confortables de son emploi à la banque .Le désir, composante essentielle de sa vie de peintre et d’homme, est plus fort . Il est contradictoire avec ses choix matrimoniaux : Gauguin a en effet épousé Mette, jeune bourgeoise danoise qui ne comprend guère ses aspirations artistiques .Mais quel est le déclic purement artistique ? Quelles sont les clés qui ouvrent les portes de l'univers pictural ? Jean-Marie Dallet, alias Gauguin, nous donne des pistes fructueuses .Le perfectionnement à l’art pictural, les repères esthétiques sont donnés par les Arosa, une famille, qui lui sert de tuteur financier et de mentor artistique .Il est vrai qu’aux murs des appartements de ces demeures visitées par Gauguin, pendent des toiles de Courbet, Delacroix, Corot, Jongkind, Pissaro… On ne saurait rêver plus belle entrée en matière .Marguerite, la fille cadette de la famille Arosa emmène Gauguin se parfaire à la technique dans les bois de Viroflay, elle l’initie aux multiples nuances des verts .Le filleul d’Achille Arosa applaudit les talents naissants de ce jeune peintre, il s’appelle Claude Debussy…Pour les préférences des courants, nous sommes également guidés de main de maître « Degas, Cézanne, Pissarro seront bien mes hommes et je ne le dirai jamais assez , » Pour les interrogations, elles seront présentes sa vie durant : « Je rêve seulement d'adonner l’épiderme des êtres et des choses, pour chercher-au-delà de la réalité première des réponse impossibles à des questions impossibles, des questions –pourquoi ? comment ?-concernant la vie. La vie ! »

On est frappé également par la présence continuelle du tourment dans la vie de cet homme, soucis financiers quasi-constats, échec conjugal, désir frénétique de séduire, recherche des sources de vie dans son esthétique. Jean-Marie Dallet a réussi son pari : les recoins les plus intimes et les plus secrets de l’âme de ce peintre nous sont familiers à l’issue de la lecture de ce livre passionnant.

Commenter  J’apprécie          00
Dieudonné Soleil

il n'y pas de points , les phrases font trois pages et on se perd d'entrée de jeu dans ce pataquese . J'ai arrêté de lire à la quinzième page tellement c'était insupportable . Si quelqu'un le veut , je le lui donne volontiers gratuitement !
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jean-Marie Dallet (53)Voir plus

Quiz Voir plus

Un polar, une capitale d'Europe

"Les nouveaux mystères de Paris" de Léo Malet, série avec Nestor Burma, l'enquêteur.

Allemagne
Autriche
Espagne
France
Royaume Uni
Suède

19 questions
496 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , europe , capitale , humourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}