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Citations de Jean-Marie Domenach (24)


La Nature a fait beaucoup de choses en Yougoslavie : des montagnes abruptes, utiles en temps de guerre, mais impossibles à déplacer en temps de paix ; une mer réellement glauque, chaude et poissonneuse, qui est là moins pour elle- même que pour définir des îles, neuf cents îles ; une zone d'érosion, blanchâtre, tourmentée, et si persévérante qu'elle sert d'exemple aux géographes, qui l'appellent karstique ; des lacs où survivent des animalcules antédiluviens d'une espèce unique ; et des grottes, bien sûr, des grottes à ours, des grottes à maquisards, des grottes à guides — l'une entre toutes, celle de Postoyna, qui dispensera de visiter les innombrables grottes de France et d'Europe, parce qu'elle est la plus grande...
La Nature a fait beaucoup en Yougoslavie — trop peut-être. Lorsqu'on survole le chaos lunaire des rochers monténégrins entre lesquels scintillent de minuscules flaques vertes — quelques mètres carrés de champ —, on comprend que les indigènes s'en soient pris à Dieu plutôt qu'à une abs- traction philosophique, et lui aient reproché, dans leur légende, d'avoir déversé là le surplus de cailloux que lui laissait la création du monde.

Pourtant ce terrain violent et contrasté n'est qu'un décor. Les hommes ont fait plus étonnant, plus grandiose, plus terrible. Bien entendu les bureaux de tourisme, comme partout, s'efforcent de mettre en valeur les « curiosités naturelles » qui enchantent les foules sans mémoire ; la Yougoslavie est entrée dans le cycle rationnel des vacances modernes, et tout le monde, un jour ou l'autre, ira voir les bouches de Kotor et les seize lacs de Plitvitse.
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De l'amphithéâtre de Lyon où furent mis à mort les premiers chrétiens, au Mont-Valérien, ce pays a grandi dans la familiarité de ses héros, morts souvent avoir d'avoir commencé à vivre. Le sang s'y est mêlé à la terre, et pas seulement le sang des nôtres, le sang des autres : Anglais et Américains débarqués en 1944, réfugiés étrangers qui occupent le tiers des tombes à Vassieux-en-Vercors... La France est là, et plus que la France : ceux qui sont venus à son secours. C'est là, qu'il faut la chercher d'abord, qu'ils aient travaillé ou combattu pour elle.
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Jean-Marie Domenach
L’un des mots les plus menacés et les plus difficiles à employer aujourd’hui est celui de pudeur, car ce qu’il évoque est en contradiction totale avec le credo implicite de la société médiatique : à savoir que tout peut être vulgarisé, étalé et compris, sans discrimination, sans préparation, sans précaution.
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p.80 la responsabilité s'enracine étymologiquement dans le don. ... en prenant ma responsabilité à l'égard d'un être, d'un groupe ou d'une cause, je m'engage et, par là, dans une certaine mesure, je me dépossède.
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Entre-temps, on avait connu Auschwitz et le stalinisme, on avait eu la preuve que la seule résistance qui puisse faire face à toutes les terreurs et à tous les avilissements s'enracine dans l'affirmation spirituelle de l'homme.
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Contre la dépersonnalisation massive de l'homme sans dimension intérieure, incapable de rencontres, contre l'homme bourgeois qui ne se meut que parmi des choses, toute une partie de la jeunesse s'est révoltée et cherche la voie d'une nouvelle pauvreté. Jusqu'à la revendication d'une société autogérée qui resurgit parmi nous. La lutte contre la ségrégation par l'argent, la puissance et les catégories s'impose partout où il s'agit d'éduquer, de soigner, de juger, si l'on veut empêcher qu'une minorité en vienne à exclure la masse, jugée ignare, débile ou simplement « différente ». La « personne humaine » a beau être un concept bafoué, elle se prouve dans l'oppression et l'espoir où vivent les groupes et les individus que la dictature ou l'argent tiennent en servitude.
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Dans un film tchèque de 1967, on pouvait entendre ce mot terrible : « Ici, personne n'aime personne. » L'aliénation marxiste a rejoint dans les faits l'aliénation capitaliste : Mounier nous permet de comprendre pourquoi, lui qui a critiqué dans le marxisme une anthropologie mutilée et qui lui a opposé le projet d'une société où les fonctions ne se superposent pas, où l'individu puisse profiter du pluralisme des institutions, où une réponse et une correction démocratiques des erreurs soient possibles.
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«Le plus profond besoin de l'homme n'est pas l'ordre ni la justice, mais la signification. » (Albert Béguin).
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A ses yeux, c'est la bourgeoisie qui a « dévirilisé » le christianisme. Ce monde qui l'entoure est pourri. On ne peut être totalement chrétien aujourd'hui, si mal le soit-on, sans être un révolté (1934). Il faut en finir avec le capitalisme et, d'un même mouvement, libérer le chrétien de cette domestication douce qui suinte de son milieu, de sa culture; l'exposer au vent du large, en faire - refaire - un être robuste, sexué, courageux, qui affronte le monde et crée du nouveau, au lieu de consoler les arrière-gardes.
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Ce que Mounier fuit dans les groupes confessionnels, c'est d'abord « la sécurité mystique », comme disait Péguy, la connivence des détenteurs du sacré. Mais aussi il y trouve trop de ces petits hommes, qu'évoquait Nietzsche, de l'espèce rabougrie, qui, parce qu'ils ont communication avec le divin, jugent l'humain superflu : ceux qui ont la charité mais qui n'ont pas l'amour, qui ont la grâce mais qui n'ont pas la joie, qui ont le salut mais qui n'ont pas le courage...
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Le personnalisme n'est pas un discours crypto-chrétien pour l'édification des non-chrétiens, une apologétique camouflée, mais la traduction, forcément appauvrie dès lors qu'elle se rationalise, d'une intuition et d'une communion vivantes.
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Nous ne voulons pas un monde heureux, nous voulons un monde humain, et un monde n'est humain que s'il donne leurs possibilités aux exigences essentielles de l'homme. Tout bouleversement qui ne sera pas commandé par elles, toute révolution qui ne s'accompagnera pas d'une transfiguration, mourra de sa mort.
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Il y a un antagonisme foncier entre la liberté et le bien-être. Rechercher le bonheur - il en trouvera la confirmation en Suède quelques mois avant sa mort - exige qu'on veuille plus que le bonheur. La disparition de l'angoisse primitive, l'accès à de meilleures conditions de vie n'entraînent pas infailliblement la libération de l'homme, mais plus communément peut-être son embourgeoisement et sa dégradation spirituelle. Telle est bien la difficulté de l'époque : lutter contre le malheur, la misère, la guerre, il le faut ; mais proposer à la libération l'objectif du bien-être, c'est préparer la généralisation de l'idéal petit-bourgeois. Il faut donc être révolutionnaire doublement : une première fois contre le malheur et une seconde fois contre le bonheur.
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Mounier ne cessera de préciser son cheminement entre des pôles apparemment antagoniques. Le langage établi, visiblement, le gêne pour exprimer une dialectique qui embrasse les contraires. Extériorisation - intériorisation..., au lieu d'opposer ces deux mouvements qui se disputent la personne, tâchons plutôt de concevoir leur implication mutuelle : Il faut sortir de l'intériorité pour entretenir l'intériorité. (...) La personne est un dedans qui a besoin du dehors. Sa meilleure définition n'était-elle pas déjà dans le premier éditorial : Un mouvement croisé d'intériorisation et de don ?
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C'est de la qualité de notre silence intérieur que rayonnera notre activité extérieure... Notre action n'est pas dirigée essentiellement au succès, mais au témoignage.
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Telle est la première tâche : rendre révolutionnaires les spirituels, c'est-à-dire les arracher à l'individualisme et à l'abstention où ils se complaisent, les obliger à des ruptures et à des engagements politiques. La seconde tâche complète la première : rendre spirituels les révolutionnaires, c'est-à-dire les ouvrir aux valeurs sans lesquelles la révolution retombe en oppression collective.
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Alors que droite et gauche rabâchent leurs vieilles querelles, alors que les marxistes cherchent la justification de leur doctrine dans une crise qui n'est pour eux que celle du capitalisme, Mounier a l'intuition que cet ébranlement signifie la fin d'un monde et qu'il appelle une résurrection, qu'il faut opposer à cette civilisation qui s'effondre un projet global et nouveau. Pendant des siècles de domination bourgeoise, le rationalisme, l'individualisme et l'argent ont abîmé l'homme, l'ont dissocié de la nature, de la communauté et de lui-même. Il n'y a pas de solution partielle, il faut tout recommencer dans une lumière neuve.
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Vois-tu, il faut à tout prix que nous fassions quelque chose de notre vie. Non pas ce que les autres voient ou admirent, mais le tour de force qui consiste à y imprimer l'infini.
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Mounier sait que la pureté natale ne se conserve pas, mais se regagne, en pleine vie, par la méditation, la protestation et le combat. « Les enfantillages ont un temps. L'enfance n'en a pas. A mesure que les années passent, il faut, pour la garder, la reconquérir sur l'hostilité de l'âge. (...) On verra bien si nous ne savons pas, au moins à quelques-uns, parer à l'invasion de l'âme bourgeoise. Nous demandons, au bout du compte, à être jugés là-dessus » (1935).
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"La science, disait Peguy, c'est l'industrie théorisé." Cercle vicieux qui peut être rompu par une décision qui parie sur la liberté en même temps qu'elle en témoigne, qui insère l'action inventive des individus et des groupes au cœur du processus qui servait à l'expulser. (p.136)
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