L'évidence ne constitue certes pas un critique de choix, dans quelque démarche intellectuelle que ce soit ; pas plus que ce bon sens dont chacun pense être si bien pourvu.
L'usager du bus 1 voit Liège comme une ligne droite et plate, allant des portes de Herstal à la gare des Guillemins, selon un trajet qui, sans vraiment la longer, n'est pas étranger au parcours de la Meuse. Il en va tout autrement pour l'usager du plus mythique de tous les bus mythiques de Liège : le glorieux bus 4. Celui-ci présente une double particularité, comme chacun sait. D'abord, son parcours n'est pas constitué d'un aller-retour, à l'instar du 1, mais d'un cercle, qui franchit à plusieurs reprises le fleuve. Ensuite, sur cette circonférence, les bus circulent à la fois dans un sens et dans l'autre...
Une discipline ne se définit jamais par son objet, mais par sa méthodologie.
Cité en note 2 de bas de page 143 Pierre Desproges : "Lhomme qui s'adonne à l'endive [nom français du chicon] est aisément reconnaissable : sa démarche est moyenne, la fièvre n'est pas dans ses yeux, il n'a pas de colère et sourit au guichet des Assedic. Il lit Télé 7 jours. Il aime tendrement la banalité. Aux beaux jours il vote, légèrement persuadé que cela sert à quelque chose."
La langue est typiquement l'un de ses objets que l'on croit connaître, tant il nous est familier, mais qu'en réalité on ne connaît point.
Ca y est ! Le soleil fait à nouveau glisser ses rayons en direction de la place Cathédrale. Rendons-nous y d'un pas allègre et joyeux pour contempler avec tendresse le pas léger des belles Liégeoises qui dansent au lieu de marcher.
La langue est pour le citoyen et non le citoyen pour la langue.