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Critiques de Jean-Noël Levavasseur (10)
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Rien à foot

« On s'emmerde. Mais on s'emmerde ! Match nul. Zéro. Zéro. Zéro de chez zéro. I'm a poor lonesome corner : vous connaissez la chanson. Même pas un gusse venu poser un ballon sous mon petit étendard. Encore moins de danse du ventre et de contorsions limite obscènes autour de mon érectile petit membre de diamètre risible.

Poteau de corner en Régional 3, Ligue Normandie, tout riquiqui sous la pluie battante d'un dimanche d'octobre au beau milieu du Cotentin, spectateur passif d'un match engourdi, nul donc. Et c'est comme ça quasiment chaque semaine. Sérieusement vous trouvez que c'est une vie ? » (Jean-Luc Manet)



Commencer un livre et une chronique comme ça c'est pas mal non ? D'autant plus que c'est totalement faux, rien de plus éloigné que l'ennui des onze nouvelles de ce « Rien à foot ».

Ici, pas de stars rémunérées à coups de millions, ni de stades construits avec le sang d'ouvriers parqués loin de chez eux. Non, « Rien à foot » rassemble une équipe mixte, sacrée avancée, de joueuses et de joueurs du stylo, des touches de la machine à écrire, du clavier de PC.



Dans les cages et en pole position, Jean-Luc Manet déjà auteur de « Trottoirs » ou de « Aux fils du calvaire ». En quelques pages drôles et loufoques il nous conte l'histoire d'un vieux poteau sur qui les joueurs viennent se soulager. Lui-même se soulage d'ailleurs et c'est bien fait, sur la tête d'un joueur allemand dont on ne prononce jamais le nom, auteur d'un véritable attentat lors d'un célèbre France-Allemagne.

Dans ce petit recueil, le temps s'écoule aussi vite que la balle circule.

Jack Lamache nous transporte à Berlin en 1936. Il y invente un Allemagne-France. Problème pour les nazis, il y a dans l'équipe française trois joueurs juifs et un joueur noir. Les allemands ne peuvent pas perdre, et feront tout pour.

Jean-Noël Levavasseur, habitué des recueils collectifs, nous présente Alexandre, jeune agent qui s'apprête à signer son premier contrat. Le hasard, en l'occurrence Marius, ne fait pas forcément bien les choses et le samedi du chasseur de têtes tourne au vinaigre.



Le ballon est transmis au numéro 7.

« Trop de précipitation pourrait m'amener à l'erreur. Rater mon coup ou, plus grave, me faire prendre. L'idée de devoir expliquer à des policiers mes motivations me faisait froid dans le dos. Ils devaient être eux aussi en train de regarder le match et leur dire que je ne supportais plus le soutien indéfectible et grotesquement sonore de mon épouse à une équipe de branleurs en short ne jouerait pas en ma faveur. » (Julien Taillard)



Une coupe du monde c'est une nouvelle télé dans la vie de Sabine et son mari. Cette vingtaine de pages écrites par Julien Traillard nous renvoie en 1998 et nous fait vivre l'enfer de cet énorme raout footballistique retransmis dans le salon d'un allergique au foot, et par la même occasion instille un peu de sauvagerie dans le livre.

La Moldavie et la Transnistrie sécessionniste affleurent régulièrement dans l'actualité ces derniers mois. C'est ce petit bout d'Europe qu'a choisi Véronique Rey pour situer le meurtre d'un jeune joueur, Ismaël Diop. On y suit l'inspecteur Jouve tentant de trouver un début d'enquête dans cette trentaine de pages trempées dans la géopolitique contemporaine et les trafics divers. Pas étonnant que l'autrice évolue avec le numéro 9, son histoire est percutante, il serait dommage de passer à côté de "Carton noir".

Impossible de parler de chaque membre de l'équipe, on peut dire que le ballon avance vite et bien, genre une touche de balle. Chacun y va de son histoire, on croisera Batman chez Frédéric Prilleux, on ira à Doha avec Sylvaine Reyre et à Boiscourt grâce à Grégory Laignel, quant au sélectionneur et numéro 10 de l'équipe de « Rien à foot », Michaël Herpin, il invite notre Marseillaise dans un match opposant l'Italie à l'Angleterre.



Laissons le mot de la fin au numéro 4, Christian Robin : « Heureusement, le grand Benoît a rétabli l'équilibre en faisant sauter la rotule de l'ailier gauche des gars d'en face, comme ça c'était équitable, neuf contre neuf. »

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Vous avez demandé le 17, ne quittez pas...

Interview de Michaël Herpin à l'antenne de France Bleu La Rochelle, à propos de "Vous avez demandé le 17, ne quittez pas" :

https://www.francebleu.fr/emissions/circuits-courts-dans-les-2-charentes/la-rochelle/vous-avez-demande-le-17-ne-quittez-pas-circuit-court-de-l-ecriture-avec-michael-herpin-qui-nous
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La Souris déglinguée : 30 nouvelles lysergiques

L'un des meilleurs groupe de rock Français ,pour moi le meilleur

question de goût et de souris.

Quelques nouvelles excellentes et parfois totalement déjantées
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The Doors : 23 nouvelles aux portes du noir

Le 3 juillet 1971, Jim Morrison est retrouvé mort à Paris, au 17 de la rue Beautreillis. Le roi lézard venait de semer le chaos dans l'Amérique puritaine des années soixante.



Quarante ans après, la légende des Doors demeure intacte. Vingt-trois auteurs de polar français s'en emparent et revisitent le mythe à travers autant de nouvelles inédites, aussi lyriques et noires que leurs inspirateurs.

23 nouvelles noires inspirées de ce célèbre groupe de rock. Le recueil réunit des auteurs de polar français qui s'emparent de la légende de Jim Morrison et le revisitent. Les récits se succèdent chronologiquement sur une période qui s'étale de 1965, date de la fondation des Doors, à 2005, année de la recomposition du groupe sous un autre nom.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Replay

Léo Tanguy est, comme Le Poulpe, un personnage dont des auteurs peuvent s'emparer à la condition de respecter quelques règles. Il est cyber-journaliste, vit en Bretagne et conduit un vieux combi Volkswagen, a des parents, des amis et ne dédaigne pas jeter un œil sur des histoires troubles.



Cette fois-ci Jean-Noël Levavasseur le plonge dans la Normandie rurale en pleines festivités de commémoration du D Day. Il y raconte les jalousies, les haines, les luttes pour le pouvoir, les ambitions, tout ce qui fait la joie et la bonne humeur dans les petites villes de Province. L'ambiance est à la fête et camoufle un peu tout cela, au moins quelques jours. Léo n'enquête pas vraiment dans ce numéro, il écoute, voit et vit les événements tragiques lorsqu'iceux adviennent.



Balade normande agréable, publiée en numérique chez Ska.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Terminal mortuaire

quadragenaire installé sur la cote de nacre, vivant de petits boulots, martin mesnil accepte un contrat d une semaine sur le port de ouistreham , aupres de la société de securité. Si le controle des camions embarquant sur le ferry ne semble pas bien compliqué. La donne a changé avec l arrivee des migrants , tenant la traversee vers l angleterre. L un d eux , de salvenie, est retrouvé crucifié . Coincidence etrange, le patron de la spb vient du meme petit pays d europe de l est. De quoi susciter l interet de martin , qui s i_mmisce dasn le quotidien de ces invisibles en quete d un monde meilleur

a la maniere de la serie le poulpe, jean nole levavasseuur , journaliste a ouest france , ca^ptive avec son heros solitaire en quete de vérité

rythmé et bien construit, son reit depeint avec jsutesse une province tranquille , confrontée a l inconnu
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Parce que ça nous plaît

20 auteurs, 20 nouvelles, un dénominateur commun: le groupe punk mythique OTH, chaque nouvelles faisant référence à un titre du groupe. Le système est bien rodé, Jean-Noël Levavasseur ayant déjà coordonné un paquet de recueils sur ce principe.

Le résultat est efficace, électrique, punk, à lire!

Une pensée pour Merle Leoce Bone qui, comme une Dominique Manotti, se permet de changer de mode de narration en cours de paragraphe dans son excellent nouvelle Voyou Vaudou.

Retrouver une chronique plus longue de ce recueil sur le blog R2N2.
Lien : https://romancerougenouvelle..
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Au nom de la loi : Vingt sentences autour d..

Ça faisait longtemps que je n’avais pas chroniqué de recueil de nouvelles. On aurait pu croire que j’avais abandonné mes premières amours, mais ce serait mal me connaître.



La deuxième chronique de ce blog, c’était Sandinista! l’hommage du polar aux Clash. C’est important une deuxième. On fait toujours tout un foin avec les grandes premières, mais la deuxième fois qu’est-ce que c’est sinon la première fois que ce n’est plus la première fois ? Donc, vous je ne sais pas, mais moi, cette chronique je m’en souviens bien. Si besoin je vous laisse le temps d’aller vous rafraichir la mémoire.



Ça y est, c’est bon? Vous avez en tête ce que je vous avais raconté sur ce beau coffret de nouvelles noires en hommage aux clash? Et bien Les $hériff c’est tout pareil. Enfin tout, sauf qu’il ne s’agit pas d’un coffret et qu’il ne s’agit pas des Clash. Ni de punk anglais d’ailleurs. Ah, et aussi que ce n’est pas le même éditeur, pas tout à fait les mêmes auteurs…



Bon on va dire que c’est tout pareil sauf ce qui change.



Le principe



Le principe, lui, c’est vraiment le même que pour Sandinista. Enfin presque le même, on ne va pas chipoter. Cette fois-ci, le thème n’est pas un album en particulier, mais un groupe dans son ensemble, Les $hériff dont on reparlera plus bas.



Non, pas ici, encore plus bas. Au nom de la loi… est un recueil de nouvelles noires. Dedans il y a 20 nouvelles noires, exactement comme dans le sous-titre du bouquin qui s’appelle in extenso Au nom de la loi : 20 sentences autour du groupe les $heriff, sacrée coïncidence. Chaque nouvelle porte le titre d’une chanson du groupe Les $heriff et est librement inspirée de cette chanson, son histoire, ses paroles, son titre, son rythme… Librement. Chaque nouvelle est d’un auteur ou d’une autrice différents et chacun a fait ce qu’il voulait de la contrainte.



Les $heriff



Ça y est. On est tombé assez bas, c’est maintenant que j’en parle. Les $heriff c’était un groupe de punk français fondé à Montpellier zoo en 1984.



(...)



Leurs titres d’album illustrent bien leur style musical comme Pan!, ou 3, 2, 1, 0! ou encore leurs live Les deux doigts dans la prise ou Pagaille générale. Certains qualifient leurs textes de simples ou simplistes, c’est juste qu’ils n’ont rien compris à la notion d’efficacité qui guide autant les textes des $heriff que leur musique. Quand ils ont un message à faire passer, ils ne s’embarrassent pas de circonvolutions; ils le font entrer dans vos crânes à coups de battes de base-ball (« Il faut qu’ils se souviennent de ces mots, qu’ils les retiennent, qu’ils ne les oublient pas. On va les répéter cent fois, leur enfoncer dans le cerveau, à coup de batte de base-ball!« ).



Si on a un peu la même idée d’une bonne nouvelle noire, vous devez commencer à le sentir ce recueil, non?



(...)



Les auteurs et autrices



Il y en a donc 20 différent·e·s pour ce recueil et la formule est un peu toujours la même. Les habitués de la collection ne seront donc pas dépaysés: il y a des auteurs de polars qui aiment bien le rock, des gens issus du milieu du rock qui écrivent un peu, des gens qui sont tout ça et bien d’autres choses. À l’intersection du rock et de l’écriture on trouve notamment pas mal de personnes qui se sont fait connaître par leurs écrits sur le rock dans divers fanzines ou dans la presse musicale plus mainstream comme Best ou Rolling Stone. Le mélange fonctionne farpaitement, et certain·e·s doivent d’ailleurs particulièrement aimer l’exercice parce qu’il y en a qu’on retrouve dans un paquet des bouquins de la collection.



Celles et ceux qui, un peu éloignés des milieux punk et rock, ont besoin de références en littérature noire seront peut-être rassurés par la présence de pointures telles que JB Pouy ou Marc Villard, mais, s’il y a hétérogénéité des styles, la qualité elle, est plutôt homogène, noms connus ou non.



Il faut enfin parler du 21e homme. Il s’agit du musicien Nasty Samy qui s’est chargé de la lourde tâche d’introduire le recueil en rédigeant la préface. Pourquoi, comment? Vous le saurez en la lisant, mais cette préface pourrait presque pu faire office d’une des nouvelles et son rédacteur se doit donc de figurer parmi les auteurs du recueil.



Les nouvelles



Encore une fois, on n’abandonne pas une méthode qui a fait ses preuves. Ce qui fait que ces recueils de nouvelles n’ont rien de lassant, c’est leur diversité.



On est cependant globalement en plein cœur du genre littéraire noir. Ici, il ne faut pas chercher de grandes énigmes à la mode des whodunit, ni d’accumulation de crimes gores comme en raffolent les thrillers actuels. On est majoritairement dans une littérature réaliste et de classe, qui nous décrit le quotidien des prolos que touchent Les $heriff, leurs petites combines, leur loose habituelle, leurs plaisirs du quotidien, les grands rêves qui les animent…



C’est en principe à peu près le moment où les chroniqueurs se mettent à distribuer les bons et les mauvais points: « j’ai beaucoup aimé telle nouvelle, mais beaucoup moins telle autre, unetelle à une écriture très agréable alors qu’untel… »



Je n’ai aucune envie de me plier à cette tradition qui ne m’emballe pas sur le principe et me déplait dans le cas concret. Après tout, un recueil ce n’est pas une compétition entre les nouvelles le composant, mais au contraire un ensemble et c’est cet ensemble que cette chronique vise à conseiller et non telle ou telle de ses composantes. Ce qui ne signifie évidemment pas que j’aime toutes les nouvelles autant ou que je m’interdis de faire mention de ces préférences.



Il parait cependant que ça se fait de parler un peu des nouvelles composant un recueil quand on le chronique, j’ai donc décidé pour se faire et pour changer, de souscrire à une autre tradition bien ancrée et bien dégueulasse: la délation (plus ou moins) anonyme. Je vais ainsi dénoncer quelques-uns des tricheurs de ce recueil.



Par exemple, ce cher Eddy Bonnin pensait peut-être passer inaperçu en s’arrogeant deux titres des $herrif pour composer celui de sa nouvelle, là où ses petits copains devaient se contenter d’un seul? Et avec ça, non encore rassasié, il en cite plein d’autres dans sa nouvelle.



Notez que ça, on ne peut pas le qualifier de triche, rien ne l’interdit et ils sont d’ailleurs nombreux à l’avoir fait. Par contre, Max Well pousse le bouchon un peu plus loin que la moyenne. Il cite plein de chanson des $heriff, mais n’en cite aucune puisqu’il en déforme systématiquement le titre en parodies dont un certain nombre avec une connotation paillarde (par exemple Fanatique de télé devient Fanatique de nénés, Les deux doigts dans la prise devient… oh et puis si vous tenez vraiment à le savoir – c’est dispensable – vous n’avez qu’à lire sa nouvelle J’veux savoir pourquoi), à se demander s’il n’a pas confondu Les $heriff avec Tulaviok3.



Quand j’ai parlé de tricheurs, je n’ai pas dit que c’était quelque chose que je condamne. Par exemple ils sont plusieurs à avoir, disons, une conception large du genre de la nouvelle noire et, étant moi-même rétif aux cases trop bien définies, ce n’est pas pour me déplaire. Si À la chaleur des missiles de Luna Satie (qui m’a un poil retourné et en fait c’est pour ça que j’en parle ici alors qu’il n’y avait aucune raison, mais je ne savais pas où y caser une allusion et j’y tenais) est une pure nouvelle noire malgré ses allures de nouvelle post-apocalyptique, on peut décemment penser que Les deux doigts dans la prise de Fred Prilleux tient plus de la SF, quant à Condamné à brûler de Giuglietta, son texte ne rentrerait pas dans les limites le plus souvent définies de ce qu’est une nouvelle. Dans le genre, trans-genre, il faut faire une mention spéciale à Patrick Foulhoux qui arrive à faire un condensé de cultures populaires en à peine six pages nous offrant en plus du rock alternatif des références à toutes les littératures de gare4 (Western, SF, littérature érotique…). Chapeau.



J’évoquais Les deux doigts dans la prise, si rien n’empêche a priori une nouvelle noire de se dérouler en 2257, son auteur aurait de toute façon eu le droit à sa médaille de tricheur tant il y multiplie les jeux de mots et messages codés.



Voilà, je vous ai donné un aperçu d’un gros tiers des nouvelles du recueil, je vous laisse maintenant aller sur le site de Kicking pour découvrir les deux autres.



Critique extraite d'une chronique plus longue à retrouver in extenso en suivant le lien ci-dessous.
Lien : https://romancerougenouvelle..
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Sandinista, the Clash : Coffret 3 volumes

En 1980, la sortie du triple album des Clash Sandinista! est un véritable tremblement de terre. La réplique aura mis 37 ans à survenir mais, toute proportion gardée, elle est là.



1980 : Sandinista!, c'est un coffret, trois volumes, 36 titres. 2017 : Sandinista!, c'est un coffret, trois volumes, 36 titres. Quelle coïncidence !



Non, bien-sûr. Il s'agit au contraire d'un système bien rôdé ; à chaque morceau de l'album musical correspond ici une nouvelle noire qui en reprend le titre. Et si le système est bien rôdé, c'est parce que le coordonnateur de l'ouvrage n'en est pas à son coup d'essai.



Parlons-en un peu du coordonnateur, tiens. Jean-Noël Levasseur est journaliste, auteur de romans et nouvelles noirs et sûrement encore bien d'autres choses que ses biographes ont préféré ne pas nous dire. Mais l'homme s'est fait une spécialité : des bouquins de nouvelles noires en relation avec un groupe de rock, avec un penchant particulier bien que non exclusif pour les groupes punkifiants. Il a ainsi coordonné un paquet de recueils sensationnels (même s'il en est quelques uns que je n'ai toujours pas lu, j'assume pleinement cette légère extrapolation), majoritairement chez Buchet-Chastel et Camion blanc. Ont ainsi vu le jour des recueils sur La Souris Déglingué, les Berruriers Noirs, Les Cramps, le Gun Club, les Ramones, Les Clashs (je veux dire déjà un autre avant celui-ci), les Doors, Nirvana, Little Bob… Bref, le zig qu'on n'a pas besoin de connaître pour aimer.



Foin de tressage de lauriers, c'est bien du coffret Sandinista! que je devais causer.



Premièrement, non seulement il s'agit d'un bijou mais en plus livré dans un écrin, puisqu'il s'agit d'un coffret. Les coffrets de livres, j'adore ça, je le dis tout net. Pas besoin de dorures à l'or fin à la mode pléiade pour en faire un chouette objet. Celui-ci est bi-colore… rouge et noir, évidemment. Comme les couleurs du FSLN, comme celle du triple album des Clash, comme celles de ce blog, décidément que de hasards ! Les illustrations de Jean-Christophe Chauzy, un habitué de la littérature noire, puisqu'on le retrouve notamment au pinceau de BD adaptées de bouquins de Marc Villard et de Thierry Jonquet, sont bien classes. Celle sur le coffret reprend la célèbre photo d'une jeune combattante sandiniste, le fusil dans le dos, une croix autour du coup et des stylos dans la poche de poitrine. La version dessinée garde le fusil et les stylos mais la croix a sauté, remplacée par, patchées sur son uniforme, une étoile noire sur fond rouge (l'album des Clash arborait lui deux étoiles rouges sur fond noir) ainsi qu'une guitare rouge. Ayant acheté le coffret en souscription, j'ai en plus eu le droit à l'affiche avec le même visuel, autant vous dire que ça en jette dans ma chambre d'ado !



A l'écriture, on retrouve évidemment beaucoup de beau monde. Des auteurs de polar fans de rock, des spécialistes du rock fans de littérature noire, et beaucoup qui sont aux confins de ces deux mondes. En cadeau bonus, on a le droit à une préface de l'auteur de polars le plus rock de sa génération, à moins que ce ne soit un des meilleurs auteurs parmi les fans de rock. Je veux nommer Caryl Férey qui a notamment écris La jambe gauche de Joe Strummer.



En abordant le contenu littéraire, c'est le moment d'être un instant beaucoup moins consensuel (la sensualité n'ayant jamais été mon fort) : Sandinista! n'est pas mon album préféré des Clash ! Je partage l'avis général sur l'audace voir le génie dont il fait preuve, encore plus sur l'importance qu'il a eu dans l'histoire du rock, mais quand j'écoute de la musique, tout ça je n'en ai pas grand-chose à cirer. La seule chose qui m'importe c'est de savoir si c'est du bon son. Non, même pas, je me fous tout autant de la qualité musicale de ce que j'écoute, ce qui m'intéresse c'est le plaisir que m'apporte l'écoute. Or si l'influence reggae n'est pas inintéressante et pas toujours désagréable, je trouve qu'il y a dans l'ensemble un côté un peu gnan-gnan dans les dubs de l'album. Si certaines expérimentations comme le hip-hop de Magnificient Seven sont plutôt réussies, je ne me remets pas du massacre du très bon Career Opportunities gâché au synthé et couvert par la voix des gnards de Mickey Gallagher. Si on peut discuter de l'idée ayant conduit à des titres comme le disco Ivan Meets G.I. Joe ou le gospel The sound of the sinners, je trouve le résultat déplaisant de même que pour Hitsville UK dont la référence à la Motown est pourtant séduisante… sur le papier. Alors je ne crache pas dans la soupe, quelques morceaux de cet album sont vraiment bons et j'écoute le tout à l'occasion, mais je maintiens contre l'avis général, Sandinista! n'est pas mon album préféré des Clash loin s'en faut. Sauf que. Sauf que j'ai introduit ce paragraphe en disant qu'on en arrivait au contenu littéraire et que pour ce type de recueil, je pense que le triple album était idéal.



En effet, la variété des styles musicaux entraîne la variété des univers des nouvelles. Non que les autres recueils du genre – et à titre de comparaison, tout particulièrement le précédent sur les Clash, London Calling – soient ennuyeux par manque de variété. le principe d'une nouvelle pour un titre de chanson est beaucoup moins contraignant qu'on pourrait l'imaginer. Certaines nouvelles entretiennent un lien étroit avec ce que raconte la chanson, d'autres avec les conditions de sa conception ou de sa sortie, certaines sont beaucoup plus librement inspirées par la chanson, voir surtout par le titre. Certaines nouvelles mettent en scène les membres du groupe, d'autres des fans du groupe, d'autres des personnages qui écoutent simplement le groupe (y compris en n'aimant pas, comme dans la très plaisante nouvelle de Thierry Gatinet) ou même qui n'ont rien à voir avec le groupe. Mais, et c'est la preuve que malgré les apparences la contrainte n'est pas de façade, il y a généralement un univers commun entre les nouvelles. Ça fait partie de ce qui est appréciable, mais sur un triple recueil de trente-six nouvelles, on pourrait craindre que cela soit lourd. Or l'éclectisme du triple album permet aux auteurs et autrices de nous amener dans des univers très différents. Il n'y a pas trente-six nouvelles sur l'univers punk77 et c'est tant mieux.



Je ne vais pas m'amuser à reprendre les trente-six nouvelles pour les commenter une par une, ça n'aurait aucun intérêt. Je n'ai pas spécialement envie d'extraire mon petit top personnel de ce recueil qui a avant tout un intérêt pour son ensemble. Ayant tout lu d'affilée, j'ai alterné des moments sombres, de sacrés éclats de rire, des poussées de nostalgie comme d'euphorie, des envies de casser quelque chose… Et c'est avant tout cette impression d'ensemble que je préfère vanter. Si j'ai évidemment mes préférences dans les nouvelles du recueil, la plus belle preuve de qualité d'ensemble est qu'aucune ne m'a particulièrement marqué négativement, ce qui est quand même rare. Je citerai juste une nouvelle dont une particularité ne manquera pas d'attirer votre attention, Rebel Waltz de Anne Bourrel, mais je n'en dis pas plus, surprise. Si vous aimez les Clash et les nouvelles noires précipitez-vous pour acheter cette petite pépite. Si vous n'aimez qu'un des deux, faites le quand même, ça vous ouvrira sur l'autre domaine sans a priori vous décevoir pour autant !



Petite précision pour la fin, les contraintes de l'industrie du livre font que celui-ci, contrairement au triple album des Clash, n'a pas pu être commercialisé au prix d'un simple. Cependant, si vous n'avez pas les moyens de claquer trente-six billets (oui, un par titre) d'un coup, vous pouvez acheter chacun des trois volumes à l'unité. Vous perdrez alors le privilège du coffret, mais si ça peut vous permettre de faire rentrer l'achat dans votre budget, c'est toujours ça de pris.
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The Cramps : 24 nouvelles noires

Lux Interior et Poison Ivy, le mythique couple à l’origine des Cramps, ont toujours fait baigner leur rock dans une imagerie de séries B et de films d’horreur. De quoi attiser les imaginaires. Notamment celui de Jean-Noël Levavasseur, déjà à l’origine de plusieurs recueils de nouvelles noires sur des artistes rock : The Clash, Ramones, Little Bob, Bérurier Noir… À son invitation, plusieurs écrivains ont plongé leur plume dans ce cocktail explosif pour en sortir vingt-quatre nouvelles bien allumées. Auteurs de polars (Frédéric Paulin, Stéphane Le Carre…), journalistes rock (Isabelle Chelley, Alain Feydri, Jean-Luc Manet, Mathias Moreau…), avant tout fans, ils prennent comme prétexte un titre des Cramps pour raconter des histoires

tantôt loufoques, tantôt tragiques, souvent déjantées. Au fil des pages, on croise un tueur azimuté chantant le classique Surfin’bird, des sosies des égéries aux arguments imposants du cinéaste Russ Meyer (Faster Pussy Cat, Kill, Killl…), des adeptes de spiritisme, des braqueuses en bikini… et même Tarantino ! Toute une armada de freaks qui collent à merveille à l’univers des Cramps. À lire le volume à fond, bien entendu ! [Philippe Mathé dans Abus Dangereux]
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