La vie chaotique, mouvementée de Claude Maurent (un pseudo) est racontée par Jean-Noël Marchandiau son "nègre ", pardon, il faut dire dorénavant « son prête -plume » ou « son auteur à gages » (mais, personnellement , je ne trouve pas inconvenant ce terme de nègre qui renvoie aux origines de l’expression et respecte l’histoire de ce mot).
Le petit Claude un « loulou », un « titi », parisien n’est pas né avec une petite cuillère argentée dans la bouche, loin s’en faut.
Fruit d’une liaison éphémère, il ne connaîtra jamais son père, perdra sa mère pendant la débâcle. Il sera finalement élevé par une grand-mère miséreuse et tel un Gavroche du XX e siècle, grâce à la débrouille parviendra à subsister pendant la guerre.
Pour échapper à une vie de « purotin », une seule ressource : s’engager à 18 ans dans l’armée . Il portera le béret rouge, celui des paras. Nous sommes en 1952, le baptême du feu se fera en Indochine, il sera sanglant .
Mais quand on n’a pas de bol, ça dure, ça persiste , ça continue. Il connaîtra Diên Biên Phu, les camps de l’oncle Hô, le retour à la vie civile et cachera derrière sa gouaille un traumatise à vie.
Une écriture empathique qui met en exergue ce personnage attachant et qui donne tout son intérêt à ce récit personnel émaillé de souvenirs truculents, mais aussi de réminiscences dramatiques.
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Alors que samedi les Varois se sont mobilisés pour défendre leur Bandol contre le projet d'une ligne à grande vitesse au beau milieu des vignes AOC, je ne peux que rappeler pour le rouge sa robe "rubis foncée-violacée", "pétales de roses" pour le rosé, ses arômes épicés, son parfum de fruits rouges et son goût boisé qui en fait un vin inégalable.
Jean Noël Marchandiau, a publié Gens et vins de Bandol en 1991 lors du cinquantenaire de l'appellation Bandol.Il l'avait dédicacé à mon père.
Des points nouveaux seraient sans doute à éclaircir (ou à compléter puisqu'en 20 ans de nouveaux domaines ont été crées), mais c'est un ouvrage très complet qui parle de vin,de vigne et de vignerons; du bassin du Beausset (D'Ollioules à La Ciotat,en passant par Bandol,Saint Cyr,La Cadière, Sainte Anne d'Evenos et Le Castelet qui accueille les vignobles),relate les conditions (de climat,sol,cépage,Mourvèdre) pour donner un bon cru, remonte dans le passé gréco-romain,évoque la crise du phylloxéra, la belle époque et la création des coopératives et de l'appellation contrôlée.
La vigne c'est tout un "savoir-faire à perpétuer", c'est l'oeuvre, d'un grand-père fier à bras qui s'est fait tout seul, léguée à sa descendance,c'est l'attachement à la terre qu'on fait passer avant tout, c'est le courage et la peur au ventre de la mauvaise année.
A la fois témoignage historique, ode à la vigne,ouvrage scientifique, Gens et vins de Bandol est truffé d'anecdotes savoureuses (comme l'origine du nom du Domaine de Cagueloup dont le cadet avait avalé par inadvertance un Louis d'or) et de poésies français-provençal.
Je conclurai par le bon mot, toujours d'actualité, de Marcel Prébot (de Cagueloup) qui fleure bon le Bandol: "Tu vois, petit,on n'a pas mangé des lentilles et des pois chiches pendant des générations et des générations pour se faire bouffer par des promotteurs"!
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