AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Paul Auxeméry (39)


Jean-Paul Auxeméry
     Ayant été condamné…


     Ayant été condamné
Me voici en retraite au pays natal
Pas fâché de pouvoir causer à nouveau avec le vent et les
  nuages
Con comme la lune que j’étais   fada   frappadingue
Et ce n’est qu’aujourd’hui que je goûte ce retour chez soi
Chèvre grimper les monts   nager poisson dans les
  ruisseaux
Libre de toute attache
Conclusion de trois fois dix ans
Enchantement
Et plus rien à foutre
Mon cher     la belle vie


//Zhāng Yăng Hào /張養浩 (1270 – 1329)
/traduction inédite d’Auxeméry
Commenter  J’apprécie          170
Jean-Paul Auxeméry
« Lire est un acte dangereux. Les dictateurs savent cela : ils brûlent les livres (ou, ce qui revient au même, les marchands d’armes achètent les maisons d’édition, comme on le voit ces temps-ci, chez nous), ils en ont peur. »
Commenter  J’apprécie          70
FORMULAIRE
FAILLES

Extrait 3

                 Là, un jour neuf
            s'entrevoit, des aubes,
           une rémission, et enfin la
        simple et distincte perspective
       d'un essor neuf aussi depuis des
     origines. Des possibles, une gestation.

Failles obliques du sens, complots à déjouer.        Défis.

Dans la fente du sol, Ulysse voit les défunts sans voix ;
le sang du sacrifice coagule ; le temps, lui, reprend.

       La voile s’émeut.        Plus tard.
              on appareillera.

p. 315
Commenter  J’apprécie          70
Jean-Paul Auxeméry
ROMAN


Extrait 4

1
Breton s’est ingénié à cautériser la plaie d’Artaud
avec une presque pitié
elle-même très pitoyable
alors qu’il s’agissait de se cathariser
à l’exemple d'Artaud
qui sur ce point en savait tout de même un bout,
lui qui était entré de force dans la grande nuit de l’asile
& avait subi l’immonde bluff à la guérison,
Artaud n’avait certes pas besoin d’être guéri,
n’ayant jamais vécu que pour guérir
sans illusion sur l’état des choses
& par l’effet d’une violence
opposée
à celle dont il avait été l’objet
durant des années,
guérir une société
où les rôles sont distribués
entre des maîtres vils & des esclaves subornés
de façon à pervertir l’ordre du jour & de la nuit,
et la présence au monde des corps & des esprits.
Bien entendu nos doubles nous oublient,
la mise en scène les ennuie.
Commenter  J’apprécie          70
Jean-Paul Auxeméry
ROMAN


Extrait 7

2
tandis qu’Artaud
tombe pile
en refusant le beau
de la syntaxe, qui lui vient naturellement
comme à Breton
et sortir de la syntaxe démonstrative
pour se livrer à un jeu plus engageant
avec le réel
que les tentatives de coïncidence aidée
dont Breton était friand
et contraindre
rythmiquement le réel
à coïncider
avec la minute des états de son corps
– voilà la partition que jouait Artaud
et c’était faire coïncider
bien plus que le désir diffus des choses
avec la conscience
toujours suspecte de se donner sans contrepartie
à la confiance illusoire de la rationalité,
Commenter  J’apprécie          50
FORMULAIRE
Aphorismes
 
 
 Un grand oiseau picore la fumée jaillie des longs tubes de métal
dans une campagne toute neuve, habitée exclusivement de friches
d'immeubles morts. Les vitres effondrées babillent des sanglots de
suie, la pluie sale pisse sur les façades.

p.322
Commenter  J’apprécie          30
Jean-Paul Auxeméry
1

On voyage parmi les mots du poème comme on voyage parmi les paysages.

On y va chercher une raison - le principe du mouvement du corps de l’être qui lit ou qui voyage, ce qui l’anime et le fait se réaliser, au bout du compte des jours qu’il aura vécus. Certitude toujours hantée de doutes, la réalisation de l’être, venue de l’expérience et de la pensée du monde, du voyage dans les mots comme dans les paysages, constituera cependant son inaliénable vérité. Et le réel que l’être aura atteint, en son corps lisant ou voyageant, sera situé en ce point d’extrême tension où tous les opposés coexisteront, où les contradictions, désormais, devront se féconder, et où les lieux de lecture du réel, dans la géographie mentale, viendront coïncider et se regarder s’exclure sans parvenir à s’annuler.

Qu’est-ce qui pourrait relier, sur le portulan où je trace, pour moi-même, les points de fuite qui font se croiser les lignes de direction qui constituent mes orients ? Tel souvenir de Poitiers, par exemple, du Poitiers de mes humanités, comme on dit, avec telle présence vive de là-bas, d’ailleurs, dans un autre pays, mettons la Chine ?

Un vers, celui-ci, celui-là, lu et relu dans la solitude de la méditation : visa renouvelé sur un passeport, dont des autorités, je veux dire des auteurs faisant sens pour moi seul peut-être comme ils le font, m’auront donné l’usage, et parce que - parce que, sans rien d’autre que l’impératif induit par ce mot de liaison. Ainsi, des nœuds de signification se créent. Ainsi des chemins, obscurs pour soi-même d’abord, se dessinent, puis peu à peu font leur carte, et finissent par éclairer les lieux où ils mènent. Ainsi, peut-être, une œuvre se met à prendre forme.

Si fo de Limozin... C’est là par exemple le début de la biographie de Bernard de Ventadour, transmise par la tradition. De Saint-Yrieix, en Limousin, d’où je tire moi-même mes origines, à Poitiers où j’ai fait mes études : première ligne, sur la carte. D’autre part, la langue anglaise veut qu’un vers soit une ligne : a line. Second fil de lecture.

Les Cantos d’Ezra Pound ont été pour nombre de gens de ma génération un des ouvrages majeurs du siècle, en ce qu’il nous a fait lire en nous-mêmes certaines des directions où nous devions nous engager pour sortir de l’étroitesse des systèmes de versification que nous avions reçus, ainsi que des thèmes où nous enfermait notre seule tradition. Et ce n’était certes pas avec Aragon, qui durant la Guerre, avait plaidé pour une relecture des Troubadours, y cherchant à son propre usage des prétextes à ses odes-dissertations rythmées, de forme très classiquement conventionnelle, que le trobar, le gai savoir de la ligne de sens et de la forme impérieuse, allait retrouver son compte : la régression était évidente, après Baudelaire, Rimbaud, et quelques autres !

Or, Ezra Pound, venu de son Middle West natal, est arrivé un jour sur le sol de France, pour y lire les Troubadours dans le paysage où ils avaient vu le jour. Il les avait étudiés au début du siècle, à l’université, et avait déjà publié des traductions, ou des poèmes-monologues où il empruntait les voix de ses favoris : Bertrand de Born, Peire Vidal, Arnaut de Mareuil... Les titres de ses recueils disent assez déjà la passion de l’identification qui l’animait : Personae, 1909 ; Exultations, 1910 ; Provença, 1910 ; Canzoni, 1911.

On conserve, à Yale University, les carnets de route et les feuillets détachés qui constituent le compte-rendu de ce voyage que Pound entreprit, à l’été 1912. Entreprise aventureuse également, de déchiffrer tous ces papiers épars, et de les remettre dans l’ordre. Seule bonne méthode pour y parvenir : la marche à pied. C’est l’exercice auquel s’est livré il y a une dizaine d’années mon ami Richard Sieburth, avant de publier, en 1992, chez New Directions, à New York, un volume intitulé A Walking Tour in Southern France, Ezra Pound among the Troubadours. " Faire la navette entre textes et référents topographiques, entre signifiants écrits et réalité physique du terrain ", dit Sieburth : d’abord sur la carte, et puis dans le paysage.

La " Provence ", telle que l’entend Pound, c’est le pays des Troubadours, un pays situé entre parole et écriture : entre légende personnelle (souvenirs d’émerveillements fondateurs) et mythe littéraire (modèles de formulation inclus dans un système de références très vaste, et y jouant sa part essentielle). Lisant les Troubadours, et parcourant à pied leur pays, de Poitiers à Beaucaire, en passant par Chalus, Hautefort, Toulouse et Roquefixade, il trouve matière à alimenter le projet qui sera celui de sa vie, les Cantos. " Toutes les époques sont contemporaines ", tel allait être son axiome. Les époques - et les êtres, et les lieux, et les événements significatifs de l’histoire humaine...

On connaît le principe de composition des Cantos : la juxtaposition, selon la méthode "idéogrammatique ", que Pound avait tirée de la description, par Fenollosa, du caractère chinois comme matériau poétique. Un idéogramme est formellement composé d’éléments signifiants qui, séparément, renvoient chacun à un signifié particulier, et qui, organisés de façon à former un signe nouveau et complexe, créent également un signifié nouveau. Les lignes de sens des Cantos ont une signification en elles-mêmes, mais c’est par accumulation, par mise en parallèle et avancée constantes, qu’elles parviennent à composer un objet poétique de nature nouvelle, et dont les implications élargissent leur angle de lecture : ainsi un vers de Dante trouvera son écho dans une allusion à Joyce ; un morceau de vers de l’Odyssée télescopera un apologue se rapportant aux idéologues fondateurs de l’Empire américain moderne ; une référence à Confucius viendra croiser une citation d’homme politique de notre temps de guerres et de désastres ; ou bien encore, des considérations sur le système d’expropriation économique qui régit le monde et détruit la beauté, se verront rapprochées de tel souvenir de l’église Saint-Hilaire (Canto XLV) et contribuer à la diatribe exaltée de Pound contre l’Usure.

La ville de Poitiers finira par prendre une sorte d’importance primordiale, dans le cours de son œuvre, celle d’un lieu sacré. Et en effet, c’est de Poitiers que commence véritablement le périple de Pound dans le pays des Troubadours. Parti de Paris par le train, le 27 mai, il atteint la ville de Guillaume, qui " avait ramené d’Espagne la chanson/ Avec chanteurs et vielles " (Canto VIII). Pound reviendra en 1919 en compagnie de son épouse Dorothy, et c’est alors (nous dit Richard Sieburth) qu’il découvrit sans doute les mesures pythagoriciennes de Saint-Hilaire, comme les jours suivants, par contraste, il verra en l’architecture " falote " des monuments religieux d’Angoulême l’exemple même du déclin de la culture française, à partir des magnifiques proportions du joyau poitevin, en " ornements de bigoterie et de superstition " (Essais littéraires).

En 1912, " Poictiers ", selon l’orthographe archaïsante qu’il adopte, n’est pas la cité sainte des fondations. Pound la décrit comme une ville au charme provincial assez endormi ; il la compare à de gros bourgs de Pennsylvanie, qu’il abhorre. Le style de la prose poundienne viole quelques principes de l’ordonnancement syntaxique, le désordre de l’émotion se traduisant par une certaine dégaine affectée (je respecte l’orthographe du feuillet pour les noms propres et la citation en occitan) :

"Il y a beaucoup de buissons de roses contre beaucoup de murs. Et Notre-Dame la Grande offre un visage plus vieux que tout ce que je connais ou qui m’intéresse bien qu’elle ait été en fait construite sous les yeux du Comte Guillaume...

M’y voici, donc, dans la cité mère, en proie à des discriminations irrationnelles et émotives... Je dis la cité mère car c’est l’Aquitaine ou si on veut Limoges qui fit s’élever le chant à nouveau, et c’est le Comte Guillaume qui le mit à la mode de la région, et si Henry commença la cathédrale ici son grand-père & son fils commencèrent et poursuivirent le trobar et à la cour des Plantagenêt les princes chantaient Daniel & De Born et Borneil et... on trouverait ainsi maint autre troubadour dont il est écrit, " Si fos de Limousi. " Il fut du Limousin, homme courtois, ou homme de petite extraction, ou tout autre chose de cette sorte...

Et quiconque objecte à la manière & forme de leur façon de chanter, au conzoni, aux cansons, est homme stupide comme celui qui objecterait aux roses qui poussent sur un treillage. Et nul ne pourrait rester assis ici à la fenêtre et croire qu’il y a quelque folie dans la manière de pousser de ces roses."

(Là Pound se livre à un pastiche de la manière de ses chers auteurs, une variation sur les roses, & sur l’amour de la dame de ses pensées - assez scolaire, mais d’une sincérité indiscutable... On le sent plein de son sujet. Cependant la ville qu’il a sous le regard n’est pas celle du mythe littéraire...)

"C’est une ville bâtie comme la planche du jeu du coq-en-pâte" (le terme anglais est plus amusant, pigs-in-clover, "les cochons-dans-le-trèfle " : il s’agit de trouver l’emplacement idéal pour les pièces du jeu sur un support percé de trous), "disposée non sans dessein, de façon que chaque pièce dans la maison ou chaque rue qui suit la pente offre un nouvel obstacle ou une nouvelle exposition vers la saillie qui domine la ville..." (Pound délaisse Sainte-Radegonde pour des raisons impies, dit-il, et poursuit.)

"Le pire côté vient frapper tout de suite - derrière une plaine de peupliers et de rivières paresseuses - une débandade de maisons tapies sur la falaise, et donc la modernité, à damner l’âme de Mansart... J’ai été découragé. Les gens portent les habits qu’on trouve à Milan et à Paris, la cathédrale est blanchie à neuf... et je suis finalement arrivé dans un rue tranquille, vide de gens. Poictiers a les charmes de Germantwon ou d’Utica. Il y a là des jardins calmes mais rien de ce pour quoi j’étais parti..
Commenter  J’apprécie          10
avec cette voix...


avec cette voix que j’ai lisant
& marchant respirant m’en allant vers –



cette voix qui règle
ce qui ne sait qui



cherche à ordonner
ce qui ne se peut



qui fluidifie & qui conçoit



qui coagule & qui disperse -



avec cette voix qui me vient quand
je veux vouloir & que je sais que



je ne pourrai bientôt plus parler je ne



serai plus que cet écho en train de
s’évanouir
& avec cette voix qui me fait



dire que je ne suis que cet écho de moi-même
& qui va où je ne saurais plus être que souvenir



sédiment sable solide crispation infinie –



cette voix qui me dit que je ne suis déjà plus
marchant & lisant
ni respirant ni m’en allant vers –



je parle cependant m’entends me penche sur le puits



vois ces signes dont le sens importe sans parvenir
à fixer quoi que ce soit qu’eux-mêmes plonge



m’en vais me voir disparaître dans l’ultime écho avec
cette sorte de faiblesse minérale du souffle où je sais



que je vais me reconnaître lisant marchant m’en allant



vouloir encore & ne sachant & ainsi marchant & lisant :



vouloir encore & ne sachant & ainsi marchant & lisant :



ligne


ligne ligne ligne de



sens informe nasse réseau



de voix d’outre-moi écho nombreux sourde



machinerie lacis torsion



– Au fond du puits
la veine creuse cette
voix multiple – mots plaqués



lisibles particules du minerai sur
la paroi du ventre de terre humide



leurres pourtant & impostures toujours



marchant lisant mourant à chaque pas



en allé à jamais dans la chambre d’échos dans



la convulsion d’un souffle figé dans la vacillation



des voix livre cols lèvres béant souffle insensé

pp. 56 & 57
Commenter  J’apprécie          10
jusqu’à l’exténuation de toute parole…







jusqu’à l’exténuation de toute parole parler

jusqu’à l’épuisement lire dans la lumière

:

hommes, nous aurions dû être vivants
sous les espèces de l’arbre & de la pierre

:

& vois donc ces visages ces traits – tout ici s’efface
tout se met à flotter
dans l’indécis

:

seule certitude – le loquet de la glotte
se prolonge & se perd
sans fin



& dans le bol de lumière noire où les constellations font signe

vivre tête renversée lire lire lire & parler

jusqu’à ce que la lumière vire

& que les pierres crient

& les arbres
Commenter  J’apprécie          10
Dit du pèlerin

Qu’à ce pèlerin
Dont l’horizon toujours renouvelé
S’efface

Qu’à ce pèlerin
Que toujours meurtrit
Un liseré entre ciel
Et collines
Quand de bas en haut
L’éclair des oiseaux
Varangue la barque du ciel (p. 52)


Tandis que les enfants célèbrent
En leurs rires
D’avoir mis le soleil
Entre leurs doigts (p. 53)
Commenter  J’apprécie          10
FORMULAIRE
Aphorismes
 
 
 Un piano martèle les injonctions du métronome, à l'avant-scène,
dans les crissements et les sifflets ; et les voyageurs s'installent.
Ils vont à leur perte, et sourient.

p.323
Commenter  J’apprécie          10
FORMULAIRE
Aphorismes
 
 
 Dans la queue des scorpions se trouve une part non négligeable
de la solution à toutes les énigmes que pose ce jour sans fin. D'ail-
leurs, ce jour fait nuit, à force, et on ne voit plus des fauves que
l'éclair des prunelles sous les phares, et puis s'entendent quelques
plaintes, vers un matin qui doit revenir. On ne voit plus les corps.

p.324
Commenter  J’apprécie          10
FORMULAIRE
Aphorismes
 
 
 Lueurs, donc – traces de lumière véridique, on l'affirme pauvrement,
mais avec une sorte de résolution interrogative, et sans objet réel, de
fait. Les énigmes seront bientôt révolues, en conséquence, c'est cer-
tain. En attendant, le venin court dans nos membres, des volées de
rideaux blancs s'engouffrent dans les chambres, les corridors se
mettent à hurler.

p.324
Commenter  J’apprécie          10
FORMULAIRE
Aphorismes
 
 
 L'écran s'affiche, minaude, bégaie : pertes irrémédiables de matière
mémorielle. Et les doigts des secrétaires ‒ goules mécaniques, photo-
copieuses – continuent de taper des épîtres aussitôt détruites qu'enre-
gistrées. Les ondes transmettent aussi des manifestes oiseux, articulés
à perdre haleine sur des claviers en perdition. Les lianes prospèrent.

p.324
Commenter  J’apprécie          10
Jean-Paul Auxeméry
ROMAN


Extrait 6

2
dans l’échange social
ritualisé
où la foi commune
joue le rôle de monnaie
entre les âmes & les êtres,
est le garant, & interdit
toute contrefaçon
et donc Breton représente
la face explicite
& clairement & rhétoriquement explicitée
& finalement admissible
de la valeur fiduciaire de la monnaie poétique
(j’écris en ce moment dans le métro
entre La Monnaie & Pont au Change,
et puis sorti de la bouche du métro
vais m’asseoir sur un banc
pour continuer à écrire,
au pied de la Tour Saint-Jacques
entourée de baraques de travaux,
car on creuse la ville entre les Halles
& Gare de Lyon – on creuse le ventre
de la ville, et ça parle, là-dessous
dans les tripes de la Cité)
Commenter  J’apprécie          10
Jean-Paul Auxeméry
ROMAN


Extrait 5

2
– C'est le dernier shaman, dit Eshleman
et certainement Artaud
y est allé voir
de façon beaucoup plus organique
et révulsée-révulsante
que Breton, dont Artaud ne méconnaît pas
les vertus de voyant des choses
mais avec l’ironie des possédés véritables
et Breton était sans aucun doute prisonnier
de cette rhétorique
dont la syntaxe correspond
au génie de la langue classique, apprêté & poli
où l’état des choses & l’état du moi
se doivent de s’ajuster à la réalité policière de l’état
dont le dieu
Commenter  J’apprécie          10
Jean-Paul Auxeméry
ROMAN


Extrait 3

1
il aurait dû coller à la version d’Artaud, c’était
de l’ordre de l’indiscutable, cette échauffourée
où il s’était conduit en double chevaleresque
contre les représentants de l’ordre des choses immondes,
et pour tout dire, lui la merveille,
lui l’arc-en-ciel & le preux
il aurait parfaitement pu se voir là en vérité
dans la conscience en ruine d’Artaud
dans l’aigu de la conscience du possédé,
et Breton n’a pas su lire
l’ironie d’Artaud à l’adresse de l’ordre
de la farce sociale ritualisée
dans laquelle les rôles sont distribués
pour la consommation des désastres intimes
et Breton s’était pourtant vu attribuer
par le metteur en scène Artaud
le beau rôle
et le spectacle lui a déplu :

Commenter  J’apprécie          10
Jean-Paul Auxeméry
ROMAN


Extrait 2

1
il est là où il faut, naïvement
persuadé de n’y être pas
alors que tout le désigne comme
la pierre angulaire de l’édifice
présent-absent des lieux où l’être se révèle à soi
sans oser l'affirmer, comme Artaud le fait, lui
ni s’en convaincre lui-même, car
il a peur que son propre corps l’ait trahi
et se soit trouvé en de graves circonstances
loin de sa propre conscience, et au lieu de laisser
son corps vivre dans l’extrême conscience
d’Antonin Artaud,
il s’applique à ratiociner & à instruire de la réalité
celui qu’il considère comme un possédé
et c’est bien ce qu’était Artaud – possédé,
instruit du peu de poids de la réalité
& très au fait de ce qu’il faut entendre
par le réel vrai
et Breton
qui très jeune avait le don
de se laisser prendre au charme d’un arc-en-ciel
mourant-naissant au milieu d’un champ de ruines,

Commenter  J’apprécie          10
Jean-Paul Auxeméry
ROMAN
Les romans sont trop longs.
Louis Scutenaire


Extrait 1

1
Bien entendu André Breton était au Havre
pour délivrer Artaud des griffes de la maréchaussée
venue cueillir Artaud au débarqué d’Irlande
mais il ne l’a jamais su, André Breton
n’a jamais su que son corps était double,
il ne s’est jamais vu jouant
dans le théâtre mental d'Artaud
et Artaud a beau jeu, lui
c’est une façon de parler
de n’en rien croire & de tenir à sa version des faits
car c’est évidemment la seule possible & vraie
et Breton dans cette affaire
est semblable au délicieux instituteur de son enfance
dont il nous entretient au détour
d’une chiche confidence,
Commenter  J’apprécie          10
petits animaux...


petits animaux porteurs de plumes
      dans les mains des jeunes filles

renards gu¨¦risseurs :
                  Am¨¦rique ¨D prends donc
                  un peu soin de toi

                  l'ancienne m¨¦decine des sauvages
op¨¨re
ta t¨ºte enfl¨¦e bouche
                  les ¨¦gouts de ton paradis

    moi-m¨ºme grain de sable

    dans le mandala navajo

         mes crocs
         d¨¦chirent
         l'air
         sec
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jean-Paul Auxeméry (8)Voir plus

Quiz Voir plus

La Tresse

Quel est le nom de la femme indienne qui est une intouchable ?

Giulia
Smita
Sarah
Julia

15 questions
208 lecteurs ont répondu
Thème : La tresse de Laetitia ColombaniCréer un quiz sur cet auteur

{* *}