Je me souviens fort bien du jour où nous apprîmes qu'il nous serait désormais interdit de chanter. Journaux, radios, télévision nous informèrent que tout individu, ou tout groupe, surpris à chanter, en privé ou en public, accompagné ou non d'instruments de musique, serait arrêté séance tenante et emprisonné sans jugement. Tentatives d'explication et justifications suivirent : le temps consacré au chant était non seulement perdu mais volé ; le chant menaçait les intérêts vitaux de la nation ; avant d'être le symptôme le plus clair de l'agonie des sociétés, le chant était cause de leur décadence.