Citations de Jean-Paul Marthoz (15)
"Pourquoi est-ce que je continue ?, s'interrogeait-elle. Parce que je suis fatiguée de constater que la perte d'une vie humaine dans mon pays n'en est pas une du tout aux yeux du monde." Sahar Issa, journaliste irakienne,
La voie est parfois étroite entre, d'un côté, le souci de donner du sens au déluge de faits épars et, de l'autre, la révélation de plans qui devraient rester secrets. Les journalistes peinent à reprendre le contrôle de ce terrain de l'explication et de l'interprétation.
Les humanitaires sont devenus des acteurs essentiels sur les territoires de la guerre. Délégués du Comité international de la Croix-Rouge, médecins sans frontières, chercheurs d'urgence des associations de défense des droits de l'homme, ces "do-gooders", ces "bonnes âmes", sont aussi des sources de première ligne.
Trop de partis démocratiques sont "un étage en dessous" de l'affirmation de leur philosophie, comme s'ils se méfiaient de leurs propres valeurs et utopies. Or, si la crise actuelle demande des réponses urgentes et des décisions pragmatiques, une société démocratique ne peut vivre longtemps sans grandes idées ni grand dessein. Sinon, ce sont "les autres", extrémistes et populistes, qui s'engouffreront dans ce néant. Avec leurs idées courtes et leurs noirs desseins.
Dans le journal "Le Soir" du 16 avril 2021
La tension est inévitable entre les militaires, qui veulent protéger leurs opérations (et leur honneur), et des journalistes qui veulent informer le plus possible et le plus librement possible.
Le trucage accompagne le journalisme de guerre comme le pillage suit les armées en campagne.
La guerre, elle aussi, a changé. Beaucoup de conflits récents se résument à des bombardements à longue distance, par définition très difficiles à couvrir, et par des opérations des forces spéciales, par définition secrètes.
Il y a ainsi des "guerres oubliées", qui le plus souvent ne sont couvertes qu'épisodiquement, en raison des efforts de communication déployés par des ONG humanitaires ou des associations de solidarité.
"Bientôt, n'importe quel quidam jouera au reporter, se désole Yvan Morvan. Le temps d'une journée. Parce qu'il est le témoin d'un événement et parce qu'il peut l'envoyer en temps réel aux rédactions. Il ne demandera rien en échange. Juste la mention de son nom. Il ne sera pas conscient qu'il se rendra coupable de la mort d'un métier."
"On", cette communauté internationale qui excelle dans la commémoration des génocides, parce qu'elle n'a pas eu le courage, quand il était encore temps, de les arrêter.
Souvent, on attend des envoyés spéciaux qu'ils confirment ce que leurs rédactions en chef ont vu sur les chaînes télé ou dans les dépêches d'agences. Malheur à l'envoyé spécial qui a vu, entendu, autre chose que le ronron de la grande machine médiatique.
Quand un conflit éclate et que les journalistes affluent, tous les prix doublent, triplent, décuplent. Les avions, les hôtels, les taxis, les "fixeurs", les traducteurs, les primes d'assurances, les services de sécurité privés et les voitures 4x4 blindées atteignent des cotations astronomiques.
Les belligérants considèrent l'information comme l'un des champs de bataille. Quitte à mener une politique de mensonge pour faire valoir leur narratif plutôt qu'un autre.
L'adage le dit: la vérité est la première victime de la guerre.
Il y a 2400 ans, Platon disait déjà l'impossibilité d'appréhender entièrement la réalité. Celle-ci est toujours une imparfaite reconstruction basée sur une perception subjective.