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Citation de jojobegood


La souffrance que je ressens, au contraire, n’est jamais assez souffrance, du fait qu’elle se néantit comme en soi par l’acte même où elle se fonde. Elle s’échappe comme souffrance vers la conscience de souffrir. Je ne puis jamais être surpris par elle, car elle n’est que dans l’exacte mesure où je la ressens. Sa translucidité lui ôte toute profondeur. Je ne puis l’observer, comme j’observe celle de la statue, puisque je la fais et je la sais. S’il faut souffrir, je voudrais que ma souffrance me saisisse et me déborde comme un orage : mais il faut au contraire, que je l’élève à l’existence dans ma libre spontanéité. Je voudrais à la fois l’être et la subir, mais cette souffrance norme et opaque qui me transporterait hors de moi, elle m’effleure continuellement de son aile et je ne peux la saisir, je ne trouve que moi, moi qui me plains, moi qui gémis, moi qui dois, pour réaliser cette souffrance que je suis, jouer sans répit la comédie de souffrir Je me tords les bras, je crie, pour que des êtres en soi, des sons, des gestes, courent par le monde, chevauchés par la souffrance en soi que je ne peux être. Chaque plainte, chaque physionomie de celui qui souffre vise à sculpter une statue en soi de la souffrance. Mais cette statue n’existera jamais que par les autres, que pour les autres. Ma souffrance souffre d’être ce qu’elle n’est pas et de n’être pas ce qu’elle est, sur le point de se rejoindre elle s’échappe, séparée d’elle par rien, par ce néant dont elle est elle-même le fondement… Mais elle ne peut être souffrance que comme conscience de n’être pas assez souffrance en présence de cette souffrance plénière et absente.
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