Citations de Jean-Pierre Smagghe-Menez (46)
Pour elle, aimer c’était aussi souffrir. Même si par ailleurs, l’amour atténuait ou réduisait son mal de vivre et sa peur de la mort. Aimer pour Amandine c’était enfin tout perdre. Que lui resterait-il, pensa-t-elle, si ce n’est des souvenirs et quelques bleus à l’âme, douceur amère d’un amour perdu. Depuis sa naissance, la vie peu à peu l’abandonnait. L’ADN de ses cellules programmait sa mort irrémédiablement sans qu’elle puisse rien y changer. Pourquoi, alors, cette illusion d’éternité qui vivait en elle ? Pensait-elle souvent. « Pourquoi tant de peines ? » , se demanda-t-elle encore. Chimères de nos pensées. Chimère d’amour. Était-ce pour continuer de croire qu’elle s’obstinait à vivre ? Croire n’était peut-être qu’un désespoir, une tentative désespérée pour se survivre. Pourquoi souffrait-elle parfois de ce qui n’existait que dans son cœur et dans sa tête ? L’amour n’était qu’une abstraction du réel opéré par sa propre pensée. Et cette peur immense de ne plus être aimé. Peur de ce qui finalement se produirait inéluctablement : La solitude devant la mort. La solitude lui semblait moins cruelle dans l’amour. L’amour qu’elle pensait donner, celui qu’elle croyait recevoir en échange, enfin, pas toujours.
...il s’endormait presque toujours après lui avoir fait l’amour. Amandine aurait aimé un peu de tendresse, quelques mots d’attention, qu’il la surprenne, mais Benoît n’était qu’un rustre, apparemment.
- Je ne t’appartiens pas, je ne suis pas un objet.
- Tu te fous du mal que tu me fais, mais moi je t’aime.
- Ta peine est l’expression de ton orgueil, ma peine est l’expression de l’amour qui vit en moi et qui se meurt depuis l’été dernier où tu m’as trahie…
La technologie n’indique pas nécessairement que celui qui la détient ait découvert le savoir qui lui est lié. Le monde antique connaissait déjà l’existence de l’atome, avant Galilée des hommes avaient connaissance que la Terre était ronde, avant que Colomb ne découvre soi-disant l’Amérique d’autres navigateurs avaient déjà accosté les rives du continent Américain. Mais qui se préoccupait de la vérité ?
Tu as toujours préféré le mensonge et la tromperie à la vérité, une fois dans ta vie, sois honnête, dis-moi où tu étais et avec qui tu t’en vas. C’est qui, ce gugusse qui t’a mis le feu au cul ?
Le ton avait changé et bien qu’il fut calme en apparence, elle savait qu’à tout moment, il pouvait exploser et devenir violent et la frapper.
- Tu peux penser que l’amour est une illusion, que l’amour est inutile. Pourtant l’amour ça nous sert à vivre, encore faut-il le vivre vraiment. Qu’est-ce que tu veux faire ? Te venger de moi parce que je ne t’appartiens plus. Ta peine est naturelle, Benoît, mais je n’en suis pas la cause et c’est bien ça le fond du problème.
Elle souffrait parfois des mensonges des autres, de leur trahison mesquine, parce qu’un jour ils avaient aimé quelqu’un d’autre où parce qu’il n’avait su résister à la tentation. Qu’ils soient fidèles et sincères, voilà ce qu’elle aurait aimé.
Lui aussi, avait envie d’elle, de la toucher, de caresser son corps et se fondre dans cet instant d’éternité où plus rien n’existe que la plénitude, dans un océan de douceur et d’abandon infini, aux frontières d’entre les mondes.
L’amour n’était qu’une abstraction du réel opéré par sa propre pensée.
Et cette peur immense de ne plus être aimé.
Peur de ce qui finalement se produirait inéluctablement : La solitude devant la mort.
La solitude lui semblait moins cruelle dans l’amour. L’amour qu’elle pensait donner, celui qu’elle croyait recevoir en échange, enfin, pas toujours.
Comme la plupart des gens, Amandine ne faisait pas toujours la différence entre les relations professionnelles et les relations intimes. Cela lui avait pourtant valu nombre de déceptions. Elle avait encore une fois trop parlé.
« Aimer ! Mais qu’est-ce que l’amour ? » , s’interrogea soudain Amandine. « La rencontre de deux corps qui s’attirent et échangent un peu de leur fantaisie. Oui, sans doute » , se dit-elle. « Mais à quoi ça sert d’aimer, pourquoi cette attirance, ce désir du contact de la peau de l’autre ? » Bien sûr Amandine connaissait ce désir qui nous donne envie d’aimer et qui nous fait mourir, parfois. Tristement, elle pensa aux hommes qui avaient traversé sa vie. Elle se demandait si ce n’était que le hasard d’une alchimie secrète, d’une configuration biochimique qui naît et meurt avec les phéromones, une prédestination de l’espèce, conditionnée par une multitude de paramètres, héritage de l’éducation, de l’expérience issue de la rencontre de deux âmes.
Nous pouvons tout accepter et prendre la vie comme elle se présente à nous, mais nous avons le pouvoir d’en changer le cours. C’est comme ça que certains hommes ont fait de grandes découvertes, c’est probablement ce qui nous a fait émerger de notre animalité. Seulement pour y parvenir, il est nécessaire de se connaître soi-même, savoir qui on est, comment on fonctionne, comment on réagit devant les événements qui se produisent, être conscient des dynamiques qu’on met en place dans notre relation aux autres. Tout ça est très complexe, j’en conviens, mais c’est ça, être libre, mon ami.
Notre seule liberté,au fond, est d’apprendre qui nous sommes et devenir qui nous voulons être.
C’était amusant de penser que durant des décennies le lin avait été considéré comme un tissu de basse qualité et que la mode en avait fait un produit de luxe. Ce que portaient les va-nus-pieds hier, était désormais l’apparat dont se couvraient les petits bourgeois.
Addwin aimait les femmes qui ressemblaient à des félins, fines et élancées. Un peu comme l’était Amandine.
Le deuil était un des aspects les plus accablants de cette couleur, elle marquait le désespoir absolu, l’anéantissement, la perte définitive et inéluctable. Mais paradoxalement, elle symbolisait également la transformation et la transcendance, le renoncement à la vanité.
Il est vrai que l’amour nous pousse parfois à vouloir la vérité jusqu’à en souffrir, Christine ne comprenait pas la mort de son amant, elle voulait savoir, et Lucas était son dernier espoir de découvrir la vérité. Mais Lucas vivrait-il assez longtemps pour lui dire ce qui s’était vraiment passé ?
L’intelligence se développe au fur et à mesure de la fragmentation de notre essence, c’est une des raisons pour laquelle l’humanité ne cesse d’évoluer. Il est probable que les entités que nous avons créées pour ramener ceux qui étaient prisonniers sur terre soient elles-mêmes dans une phase de développement où notre essence leur est indispensable pour évoluer. Si elles parvenaient à leur fin, la fragmentation se démultiplierait dans des proportions tellement grandes que nous perdrions irrémédiablement notre capacité à nous rassembler. Notre chute serait alors éternelle, plus rien ne pourrait nous ramener à notre état antérieur.
Bien sûr, le mensonge ne peut naître de lui-même, il n’est que le fruit d’un secret dont la racine est la vérité. Nous avons oublié qui nous étions, mais nous en avons l’intuition. Le reste n’est que pure invention.