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Biographie :

Vit à l’embouchure de la Loire, à Saint-Nazaire, ville ouvrière, détruite et, depuis, en éternelle reconstruction, à la recherche d’une forme qui lui serait propre. Aime cette ville pour ça et parce qu’il s’imagine qu’elle ressemble à Buenos Aires, de l’autre côté de l’eau, où il n’est jamais allé. Pense que la forme de la ville influence son rapport à l’écriture.

Emarge à l’Education nationale, mais seulement la moitié de la semaine (peut-être pour ça qu’il n’a pas encore épuisé le plaisir de la rencontre avec les enfants). Et, depuis quelques années, est fier d’appartenir à cette corporation, dans un département qui a mené une série de luttes exemplaires contre la désagrégation de l’école publique. Pourtant déjà passablement imparfaite, l’école.

Partage donc son temps entre écriture et enseignement. Et accessoirement entre résistance active et nécessaire désobéissance.

(autoportrait sur publie.net)
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Bibliographie de Jean-Pierre Suaudeau   (9)Voir plus

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
J'ignore si durant les deux mois d'occupation et les deux années de lutte menées sur le site même des anciennes forges, au pied des installations subsistant encore,les salariés de la SEMM ont pensé à ceux qui les avaient précédés là,si leur invisible présence a pesé sur leur obstination, si les puddleurs leur ont murmuré à l'oreille un conseil avisé, une parole bienveillante, fraternelle ou s'ils ont rempli à leur insu une sorte de devoir de mémoire.
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On boit pour étancher la soif quand la chaleur est continuelle. On avale deux à trois litres par jour. On tient aussi avec ça. On rentre recru de fatigue, assommé par la besogne et le manque de repos qui affaiblit le corps., l'use prématurément, hébété et vacillant pour s'abattre ensuite, non sans avoir valdingué dans l'obscurité de la cuisine contre le baquet d'eau resté près de l'évier, sur la couche que le corps de la femme a tiédie, sans toucher au frichti qui attend sur la table car ce serait de précieuses minutes ôtées au sommeil, à l'indispensable récupération, quand on pense déjà au lendemain, au réveil, alors même qu'on n'a dans le ventre, pour toute pitance, qu'un quignon de pain et trois oignons mâchonnés le midi, habitude héritée des anciennes pratiques rurales.
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Sous le ciel plombé, le lac pareil à une étroite plaque grise menacée par la ville, ses maisons, ses immeubles qui se bousculent sur les rives. À l’arrière-plan, les Alpes, enneigées sur leur tiers supérieur, le dominent.

Le lac n’existe plus
Juste la ville et les montagnes

entre lesquelles il parvient tant bien que mal à se glisser,
à se frayer un chemin.
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Le timbre de la sonnette avait à peine froissé le silence, un faible grésillement, une suite de brefs crachotements à peine audibles de ce côté-ci de la porte, creuse selon toute vraisemblance, de l’air emprisonné entre deux minces pellicules de bois vernis, et le silence de nouveau là, compact, un bloc indestructible et serein, froid, aggloméré à la pénombre de la cage d’escalier éclairée de deux plafonniers poussiéreux, lui debout, un pied sur le paillasson fatigué, l’autre sur les dalles noires veinées de blanc, hébété, vibrant des pulsations rapprochées et sourdes de son cœur, conséquence d’avoir monté à la hâte les trois étages, battements du sang dans ses oreilles qu’il aurait voulu pouvoir ralentir afin de sonder avec plus de précision la matière silencieuse qui le cernait, percevant une impalpable menace, à l’affût du moindre bruit, sur ses gardes, mais rien.
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Claudie occupait toujours la même position, corps renversé dans l’escalier mais collants remontés, l’avait fait sans la bouger car ses jambes se chevauchaient pareillement l’une l’autre, lui debout maintenant qui retenait Lisa près de lui : Reste là !
Ce n’était déjà plus tout à fait elle, ses paupières, ailes de papillon affolé, battaient sans bruit.
Elle ne criait pas, ne pleurait pas, comme paralysée sous l’effet instantané de quelque rayon laser, un maléfice momentané : elle allait bientôt se relever, se rajuster, épousseter ses vêtements en riant devant leur air interloqué. Tenta un froncement de sourcils, un léger plissement du front, comme pour parler, dire quelque chose, mais rien.
On ne peut pas mourir avec des yeux pareils.
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Rester ici. Ne plus oser sortir. Acculée dans cet appart minuscule, à la fois prison et abri, à quoi s’est réduit l’univers, rétréci comme pull au lavage. Dehors tout m’est devenu hostile, étranger au point de ne plus supporter l’incessant grouillement de la rue, les scintillements lumineux, la déambulation accélérée des passants, le vacarme du trafic, cette effervescence qui me refuse. Comme si je n’appartenais déjà plus à ce monde-là. Quelques années auront suffi pour que je devienne ce fardeau, ce poids mort, entraîné dans un mouvement centrifuge qui progressivement l’éjecte vers une périphérie lointaine, glissant imperceptiblement sans rien à quoi se retenir, s’agripper.
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C'est le ciment qui apparaît, la pierre, l'appareil de mortier qui se délite, mais c'est l'acier, la nécessité du métal, absent, qui est la cause de l'implantation de ces Forges cent cinquante ans plus tôt, au milieu du marais paisible où abondent grenouilles aux ricanements de crécelle, colverts tapageurs, furtives anguilles, hérons hiératiques au garde-à-vous, mouettes et goélands, iris jaunes et corolles de nénuphars, prairies inondables, marécageuses, servant de débord à la Loire et d'abri au petit peuple qui s'était établi là, quelques feux pas davantage, simple hameau dépendant de la commune proche, paysage pour peintres impressionnistes.
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Je n’écrirai pas ce livre, cette fiction dont le séjour ici devait constituer un point de départ, devait me servir à repérer les lieux, à organiser une subtile alliance entre réalité et fiction, avec couple illégitime, amante perturbée (Lucie ? Élise ?) qui aurait été le double de la mère, mystérieuse disparition aux abords du lac, recherches vaines, fragiles péripéties, minces rebondissements à la clé et pointe d’humour cynique. Je n’écrirai pas ce livre tombé à l’eau du lac. Projet devenu dérisoire, avalé par ce creux, ce vide. Subsiste une page vierge toujours à remplir.
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Sa main gauche s'animait pourtant, peu à peu, comme revenant à la vie, s’éveillait, d’une vitalité encore naissante mais perceptible que rien jusque là ne laissait soupçonner, exerçant sur la mienne des effleurements plus appuyés, des caresses maladroites, pataudes, une présence insistante, une encombrante intrusion qui méconnaissait quelque peu les règles du savoir-vivre et peut-être également celles du savoir-faire, la peau rêche de ses doigts courts s’escrimant contre les miens.
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cette image superficielle du bonheur familial, malgré la menace qui y était inscrite en filigrane, celle d’une vie promise qu’on allait prématurément abattre. Ce cliché-là avait sans doute contribué à fixer en moi l’idée de destin, de fatum, qui s’accordait tellement bien avec les préceptes inculqués par la religion catholique dont le dieu régnait sur nos existences, riend’autre à faire qu’espérer et subir puisque tout était déjà inscrit,
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