Un nom qui ne doit pas évoquer grand chose au plus grand nombre. A lire la biographie de Thibaudat, il semble avoir mené sa vie tambour battant... C'est vrai, dans son domaine, le théâtre. Tournées, mises en scène, directeur de troupe pro à 24 ans, écriture. Puis la maladie, celle qui a décimé les milieux homosexuels et artistiques, qui continue ses ravages... Mais le travail, l'écriture jusqu'à la fin, à 38 ans.
Un homme dont les pièces ont fait peur de son vivant, découvertes réellement et montées après sa mort, mises au programme du bac L-Théâtre. C'est ainsi que je l'ai découvert. C'est une écriture qui happe, un tourbillon de mots. Une grande tristesse, et de la joie. Aussi. Des textes parfois prophétiques, frappés du sceau de la mort et de la disparition, même avant sa séropositivité. Un grand lecteur, un graphomane impénitent (lettres, pièces, Journal. Jamais de roman publié ; pas faute d'avoir essayé.)
Une écriture qui happe, des mots à lire à haute voix pour en saisir la poésie, le rythme, la beauté. Alors oui, ce n'est pas facile, c'est même assez déstabilisant. Mais ça vaut le coup. Juste pour vous faire une idée, je vous conseille Juste la Fin du Monde.
J'ai assez peu parlé de la biographie, en fait. C'est un tort. Elle est claire, étayée de nombreux extraits du Journal, de lettres, de témoignages de proches, amis et gens du théâtre. Tous furent impressionnés par sa présence, ses mots, ses mises en scène, son courage. Par l'homme.
Sincèrement, j'espère vous avoir donné envie de le découvrir.
http://www.lagarce.net/
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« Pour rendre Céline inoffensif, il suffit de le démasquer. » écrivait déjà Hanns Erich Kaminski (fanatique du Céline du Voyage au bout de la nuit), en 1938 (!) dans son Céline en chemise brune. Jean-Pierre Thibaudat, lui, donne le récit passionnant qui revient sur la trouvaille des manuscrits perdus ou volés ou remisés pour plus tard... de Louis-Ferdinand Céline. Car avant l’événement littéraire extrêmement bien planifié par les ayants-droits et surtout par Gallimard, il y a la trouvaille de ce trésor que tous les "céliniens" pensaient perdu à jamais : des manuscrits laissés par Céline dans son appartement en 1944 alors qu’il fuit en Allemagne pour échapper à son arrestation pour collaboration active et antisémitisme virulent (ex. dans Bagatelles pour un massacre : "S’il faut des veaux dans l’Aventure, qu’on saigne les Juifs ! c’est mon avis !"). Au milieu des années 80, alors que Thibaudat, journaliste chez Libération, écrivain, rencontre tour à tour Fabrice Luchini - déclamant à merveille du Céline pendant un repas - et Lucette, la veuve de Céline, on lui remet, sans lui expliquer clairement la provenance, une malle au trésor : un coffret contenant des milliers de pages inédites de Céline. La seule obligation : n’en parler à personne, tant que Lucette Destouches est en vie. Thibaudat accepte, sans se douter que Lucette attendra 2019 pour mourir. Il va donc cohabiter, dans le secret et la solitude qui l’accompagne, avec cette bombe éditoriale, chez lui, pendant près de vingt-cinq ans. Les feuillets de Céline, tous ses "inédits", Thibaudat les découvre souvent avec émerveillement, les répertorie, les classe selon certaines thématiques. C’est tout ce travail méticuleux que raconte ce livre essentiel pour qui s’intéresse à "l’affaire Céline" – une affaire littéraire que Thibaudat espérait collective et ouverte, finalement contrariée puisque lors de la remise du trésor - comme promis - aux ayants-droits, ces derniers en appelleront aux forces de l’ordre et déposeront plainte contre Thibaudat, l’accusant d’avoir volé et privé les lecteurs de ces précieuses pages. Précieuses pages ? Rien n’est dit du "dossier juif" qui figure dans le lot. Une drôle d’affaire que cet excellent livre vient éclairer.
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il y a trois parties dans l'ouvrage:
une partie sur le parcours rocambolesque des inédits et digne d'un roman de Céline: de la sincérité, de la rancune, de l'intérêt, de l'invérifiable ....
une autre partie sur l'écriture, le travail de Céline
et enfin, le scénario du Roi Krogold, personnellement, j'ai moins aimé.
A lire plus comme un reportage, comme un article de presse, mais que les amateurs de Céline apprécieront.
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Ils m'ont rien laissé... pas un mouchoir, pas une chaise, pas un manuscrit", se plaignait Louis-Ferdinand Céline. En 1944, l'écrivain fuit vers l'Allemagne. Des manuscrits disparaissent de son appartement, parmi lesquels plusieurs inédits. Au début des années 1980, Jean-Pierre Thibaudat entre en possession d'une caisse, un mètre cube de papiers... de la main de Céline. Des documents de toute sorte, dont les mythiques manuscrits. Une condition était posée : ne rien divulguer avant la mort de Lucette Destouches, veuve de Céline. Au début du mois d'août 2021, leur découverte est rendue publique à la suite d'un imbroglio judiciaire. Le dépositaire accidentel d'archives de l'un des plus grands mythes littéraires du XXe siècle livre ici la véritable histoire de ce trésor retrouvé.
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