Sur un thème classique du roman policier, ou du roman tout court, africain – la lutte contre un régime dictatorial –, Jérôme Nouhouaï (né en 1973 au Bénin) propose une épopée vengeresse et sanglante. Alors que Président-fondateur d’un pays d’Afrique de l’Ouest, arrivé au pouvoir par la force, maintient sa position par la violence et les exactions – les deux fermement condamnées, du bout des lèvres, par l’occident – le narrateur voit sa petite amie d’un soir abattue sous ses yeux lors d’une manifestation. Ayant reconnu le responsable, un militaire sans scrupules qui se trouve être l’un de ses voisins, son unique but va être de le retrouver pour lui faire payer son crime.
Construit en trois parties – Ici, Ailleurs, Maintenant - La mort du lendemain conduit le narrateur de son pays à une terre d’exil où il sera ébloui par les lumières de Ville-forte, la perle de l’Afrique de l’Ouest qui n’est finalement que faux-semblants et miroir aux alouettes, avant de revenir chez lui. Poussé dans sa folie vengeresse à tuer pour ne pas être tué, il rencontrera toutes sortes de gens dans son errance : quelques amis fidèles disposés à l’aider, des compatriotes exilés et contraints à travailler illégalement, les personnels et les occupants d’un camp de réfugiés. Il sera aussi témoin des maux ravageant ordinairement le pays, inefficacité, la misère, la corruption et prévarication, l’usage de la force brutale, maux que la période troublée ne fait qu’amplifier.
Tout autant polar que tragédie de la vengeance, roman d’initiation ou roman picaresque, La mort du lendemain exalte l’évolution personnelle d’un jeune homme, étudiant sans histoires, que les circonstances et les événements dramatiques qu’il traverse vont transformer en rebelle prêt à tout pour se venger mais surtout pour se défendre et survivre, capable même d’inciter certains de ses compatriotes à participer à la révolte populaire. Confronté à la violence quotidienne, ballotté dans une histoire où le hasard et la fatalité jouent un grand rôle, meurtri dans son âme et dans sa chair, il ne sortira ni vainqueur ni vaincu de cette expérience, peut-être un peu plus résigné.
Ecrit en courtes phrases claires et percutantes, peu avare de scènes de violence et de commentaires politiques, La mort du lendemain fait aussi la part belle à l’évolution de la personnalité du héros-narrateur. Un roman qui se lit avec intérêt en dépit d’un rythme peut-être un peu lent.
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