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Citations de Joel F. Harrington (14)


Les quarantaines qu’imposaient les gouvernements [au XVIe siècle, en Allemagne] pendant les épidémies, par exemple, retardaient un peu la contagion, comme aussi de meilleurs régulations sur les ordures et les déchets, mais fuir les zones urbaines lors des épidémies restaient le plus efficace pour ceux qui le pouvaient.
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Dans l’Europe du seizième siècle, les gens, y compris les médecins diplômés et les guérisseurs populaires, croyaient en général que les cadavres possédaient des pouvoirs de guérison puissants. Cela conduisait à une pratique qui paraît maintenant bizarre voire révoltante ... c'était l’ingestion, le port ou l’usage médical de parties du corps humain pour soigner les maladies ou les blessures.
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Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies.

(Montaigne, Essais,I,26, De l'institution des enfants)
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Le Saint-Empire romain germanique, le plus grand État allemand de l’époque, n’était en fait — comme ironisa plus tard Voltaire —ni saint, ni romain, ni empire.
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Les Européens du début de l'époque moderne n'avaient pas le monopole de la violence et de la cruauté humaines, ni des châtiments individuels ou collectifs. ... la fréquence dans toutes les sociétés du seizième siècle des exécutions capitales et des pillages étatiques fait pâle figure face aux guerres totales, purges politiques et génocides du vingtième siècle.
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Comme l’historien Stuart Carol le rappelle, l’honneur « n’est pas un simple code moral régulant la conduite ; comme la magie ou le christianisme, c’est une vision du monde ».
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La peine capitale est-elle destinée à disparaître partout, où bien, la tendance humaine à la punition est-elle trop enracinée ?
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L'épée du bourreau avait acquis une valeur symbolique et monétaire particulière. Elle était grande – longue en moyenne de plus d'un mètre et pesant environ trois kilos – et souvent très ornementée. Au milieu du seizième siècle, l'épée de combat classique, dont s'étaient servis les bourreaux au Moyen-Âge, avait en général été remplacée par une arme conçue exprès, avec un bout plat et non pointu, et une répartition des poids plus adaptée à l'usage exclusif de la décapitation. Beaucoup de ces épées ont survécu et elles témoignent de l'art et du soin exceptionnels qui présidèrent à leur création. Chaque épée avait une inscription unique, telle que "Par la justice, le pays prospérera et s'épanouira, dans l'anarchie il ne survivra pas", ou "Garde-toi des mauvais actes, sinon ton chemin mène à la potence", ou, plus bref, "Les seigneurs jugent, j'exécute". Plusieurs épées portent aussi des gravures de la balance de la justice, du Christ, ou de la Vierge et l'Enfant, ou de la potence, de la roue ou d'une tête coupée. Quelques dynasties de bourreaux inscrivaient les noms et les dates de chaque détenteur, et une famille faisait même une encoche sur l'épée pour chaque condamné ainsi exécuté.
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Le passage du bourreau indépendant au bourreau professionnel à plein temps, comme l'évolution de la justice criminelle allemande, se fit sur plusieurs générations et n'était pas encore achevé quand Frantz Schmidt naquit en 1554. Dans certains régions, les officiels continuèrent de payer le bourreau pour chaque exécution jusqu'au dix-huitième siècle. Beaucoup de juridictions plus petites ne pouvaient payer un bourreau à plein temps, et d'autres suivaient la tradition médiévale : confier à un jeune homme de la communauté la tâche odieuse de l'exécution judiciaire ; ce scénario était bien connu de la famille Schmidt. Quelques localités plus isolées continuaient la coutume encore plus ancienne de confier l'administration de la justice finale à un membre de la famille de la victime. Dans la majorité des territoires allemands qui employaient un bourreau salarié au seizième siècle, la poursuite et la punition du crime n'étaient qu'une partie d'un poste qui comprenait aussi d'autres tâches disgracieuses, allant de la supervision des bordels au ramassage des ordures en passant par la crémation des corps des suicidés.
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Origine du malheur familial des Schmidt.
Heinrich Schmidt et son fils avaient un ressentiment encore plus fort et plus profond envers le margrave déchu que les autres habitants de Hof. Cela remontait au lundi 16 octobre 1553, trois jours après le retour d'Albrecht-Alcibiades et de sa suite dans Hof dévastée. Comme d'autres villes allemandes de sa taille, Hof ne pouvait avoir son propre bourreau à plein temps. Mais quand Albrecht, haï de tous, arrêta trois armuriers locaux censés avoir comploté pour le tuer, plutôt que de prendre un professionnel itinérant pour les exécuter, le margrave têtu invoqua une coutume ancienne : il ordonna à un spectateur de les exécuter sur le champ. L'homme à qui échut cet honneur affreux était Heinrich Schmidt. Etant un citoyen respectable de Hof, Schmidt protesta avec véhémence contre son seigneur, disant que cet acte mettrait l'infamie sur lui et ses descendants, mais en vain. Franz Schmidt raconta, à soixante-dix ans, "Si [mon père] n'obéissait pas, il [le margrave] menaça de le pendre, lui et les deux hommes à côté de lui."
(...)
Comme Heinrich Schmidt l'avait prévu, du moment où il exécuta l'ordre d'Albrecht, lui et sa famille furent exclus de la société honorable, sans pitié et pour toujours, par leurs voisins et anciens amis, avilis à la fois par leur association avec un métier odieux et (avec) un tyran détesté. Déshonoré, Heinrich Schmidt aurait pu tenter d'échapper à l'ignominie en commençant une nouvelle vie avec sa famille dans une ville éloignée. Il choisit au contraire de rester dans sa maison ancestrale et de gagner sa vie dans le seul métier qui lui restait. Ainsi naquit une nouvelle dynastie de bourreaux ...

p. 47-48
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Dans l'Europe du XVI°s, les gens, y compris les médecins diplômés et les guérisseurs populaires, croyaient en général que les cadavres possédaient des pouvoirs de guérison puissants. Cela conduisait à une pratique qui paraît maintenant bizarre voire révoltante, mais qui était bien connue à l'époque de Meister Frantz : c'était l'ingestion, le port ou l'usage médical de parties de corps humain pour soigner les maladies ou les blessures. (...) Boire le sang, "la plus noble des humeurs", était considéré (comme ) un remède très puissant ; les usages étaient nombreux, dont dissoudre des caillots sanguins, protéger des humeurs douloureuses ou de la toux, prévenir les convulsions, libérer des menstruations bloquées ou même guérir les flatulences. Comme les écoles de médecine croyaient que le sang était produit en continu par le foie, son approvisionnement était en théorie illimité, diminuant ainsi toute inquiétude sur les saignées fréquentes, ou phlébotomies, destinées à restaurer l'équilibre entre les humeurs. L'âge et la virilité déterminant la puissance du fluide, le sang des jeunes criminels exécutés d'un coup, dont la force vive n'avait pas eu le temps de s'échapper, était très prisé. Les épileptiques, voulant boire le sang frais et chaud des "pauvres pécheurs" [exécutés], s'alignaient souvent près de l'échafaud après une décapitation - une scène choquante pour nous mais banale pour Frantz Schmidt et ses contemporains.

pp. 250-251
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Les conseillers municipaux de Nuremberg et les autres autorités séculières d'Europe ne devinrent pas plus indulgentes (sic) envers le crime au XVII°s, au contraire, mais elles finirent par se sentir assez sûres de de leur autorité légale pour s'appuyer sur des manifestations publiques de clémence plus que sur des rituels de brutalité mis en scène avec soin. Grâce en grande partie au (sic) travail de Meister Frantz et de ses collègues bourreaux, l'autorité de l'Etat et de ses juges était maintenant une réalité établie, au contraire des assertions (sic) pas toujours convaincantes faites un siècle plus tôt. Les bourreaux professionnels et sobres étaient devenus la norme et non l'exception, et le rite de la rédemption publique sur l'échafaud était maintenant assez fermement établi dans la conscience sociale pour qu'il n'ait pas besoin d'être rappelé aussi souvent. Les crimes continuaient de proliférer et les guerres faisaient plus de victimes que jamais, mais le contrôle des gouvernements sur la justice criminelle était devenu une réalité indiscutable.

pp. 288-289
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Plus souvent, les bourreaux professionnels du temps de Meister Frantz étaient les alliés indispensables des chasseurs de sorcières auto-proclamés. Johann Georg Abriel ... et Christophe Hiert de Biberach étaient des experts recherchés pour trouver les prétendues "marques de sorcière", et ils contribuèrent (sic) à beaucoup de chasses aux sorcières en Bavière et en Haute-Souabe dans les années 1590. D'autres bourreaux eurent des rôles clés pour obtenir des aveux sous la torture et répandre la panique. Le sud de l'Allemagne vit en fait plus d'exécutions pour sorcellerie que toute autre région d'Europe - de l'ordre de 40% d'un grand total (sic) de 60000 - et la Franconie fut le poitn de départ de la chasse aux sorcières, restant célèbre pour les paniques de Bamberg et Wurtzbourg de 1626-1631 qui entraînèrent les exécutions de 2000 personnes.

p. 258
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Salaire d'un bourreau titulaire à Nuremberg au XVI°s.
Son salaire de base mettait Frantz dans les 5 pour cent les mieux rémunérés de Nuremberg et son salaire était 60% plus élevé que celui de son homologue de Munich ; il était sans doute le bourreau le mieux payé de l'Empire et, au moins financièrement, au même niveau que certains professionnels médicaux et légaux. Sur un plan plus personnel, il gagnait par an au moins trois fois plus que son père.

p. 138
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