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Bibliographie de John Dorie   (4)Voir plus

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La journée avait été longue et rude. Molly Roth n’avait aucune envie de rentrer chez elle. Alors, elle était venue retrouver son amie Erin West au State Street Bar. Elles avaient commandé un verre de vin blanc, puis un autre. Molly aurait volontiers noyé son stress du boulot dans l’alcool, mais comme elle détestait les effets de l’ivresse sur son cerveau, elle n’atteignait jamais son but.
Au bout d’une demi-heure, elle regarda sa montre.
― Où est John ? demanda-t-elle.
― Je ne sais pas, répondit Erin. Il était là, pas plus tard qu’une demi-heure. Juste avant que t’arrive.
Molly tenta de l’appeler, mais elle tomba sur le répondeur de son smartphone.
― Il ne t’a rien dit ? Du moins, s’il avait quelque chose à faire ?
― Je t’avoue que j’étais occupée à discuter avec Lewis.
Molly hocha la tête sans trop se souvenir de qui était Lewis. Il est plus que temps de rentrer, songea-t-elle.
Sa relation amoureuse avec John passait un nouveau cap : de la fusion à la relation durable. Consciente que toutes les histoires d’amour ne se déroulaient pas suivant un seul et même scénario ; chacun arrivant dans le couple avec ses habitudes, ses fragilités, ses forces, elle pensait que c’était de la rencontre entre ces deux histoires que dépendraient la nature et l’évolution de leur relation. John a connu le temps de la fusion : Molly était celle qu’il attendait. De même que Molly a connu les avantages : une complicité avec John qui lui a permis de découvrir des aspects de la vie qu’elle n’avait pas envisagée seule ou dont elle avait peur…
Molly passa en revue les clients du bar, mémorisant leur apparence dans un coin de son esprit, lorsque à quelques mètres, elle vit un visage qui l’arrêta net, immobile.
Papa ? Impossible.
L’individu était le portrait craché de son père, mais avec des cheveux grisonnants. Elle s’arracha à sa contemplation. Elle était bouleversée. Ses mains tremblaient un peu. Elle ne devait pas regarder de nouveau cet homme, elle ne devait pas essayer de l’aborder.
Elle se dirigea lentement vers le comptoir, sans but précis. Le visage de l’individu la renvoyait quinze, non, seize ans en arrière, l’année où sa mère était morte. Ce n’est pas qu’elle eût depuis cessée d’avoir son père en mémoire. Ils avaient vécu ensemble un peu plus de huit ans, puis, quand il est parti, elle avait beaucoup pensé à lui pendant toutes ces années.
L’individu était là à boire sa bière au comptoir. Son regard clair et vigilant donnait l’impression qu’il était sans cesse sur le qui-vive. Fuyait-il les autorités ou, comme elle, se fuyait-il lui-même ?
Molly se retrouva en train de mélanger son cocktail. Erin avait disparu et elle ne se souvenait pas d’avoir commandé une Margarita. Elle avait le coude posé sur le comptoir et son sac à main était accroché à son épaule. Elle avala le reste de son cocktail et, se sentant plus sûre d’elle, parcourut du regard les clients adossés au comptoir. Délibérément, elle cherchait à présent l’homme qui ressemblait à son père.
Il était assis à une table, en compagnie de quatre autres hommes en blue-jean et chemises de cowboy. D’après leur attitude, Molly comprit qu’ils se fréquentaient. Soudain, il lui vint à l’esprit qu’il pouvait tout aussi être un sosie. Comment justifier, autrement, une telle ressemblance ?
L’individu leva les yeux vers elle et elle eut l’impression de recevoir un coup de revolver. Elle ferma les paupières. Son cœur reprit son rythme, elle jeta un coup d’œil à sa montre et sourcilla en voyant qu’il était sept heures quarante-six. Il est vraiment temps de rentrer, songea-t-elle. Elle saisit lentement son portefeuille et laissa un billet de dix dollars sur le comptoir. Le barman lui rendit aussitôt la monnaie : un billet de deux dollars.
Elle sortit dans la nuit noire, inspira plusieurs goulées de l’air d’été, puis se mit à marcher d’un pas rapide vers chez elle. Elle perçut des bruits de pas derrière elle. Elle s’immobilisa pour examiner les alentours. Un homme la devança hâtivement, avant de pénétrer dans un immeuble un peu plus loin. Un vent froid lui transperça le cou. Après avoir soulevé le col de sa veste, elle observa pendant quelques minutes les lumières des bateaux qui brillaient dans le port. Autour d’elle, la nuit s’était emplie de sons : klaxons, sirènes, vrombissement de moteurs.
Quand le calme était revenu, la réalité la rattrapa lorsqu’un individu jaillit de l’obscurité pour la bousculer violemment. Elle chuta en laissant échapper un cri étouffé. Elle sentit une douleur quand son épaule heurta le sol et fut brièvement paralysée par le choc. Des mains robustes se refermèrent autour de son cou, la privant d’oxygène. À travers la lueur d’un lampadaire, elle put percevoir son regard clair et son visage. L’espace d’un instant, elle eut l’impression que le temps et l’espace se réduisaient autour d’elle. Son ouïe s’affaiblit, sa vue se brouilla et ses membres s’alourdirent. Puis, au moment où elle allait perdre connaissance, le corps qui pesait sur le sien fut soudain soulevé. Elle se réveilla en sursaut. Elle respirait bruyamment.
― Ça va ? demanda John, sorti lui aussi de son sommeil.
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Une fois allongée, Lauren eut une drôle de sensation. La chose était là, mais elle ne la voyait pas. Pas encore. Mais elle sentait le poids d’une présence qui se balançait d’un pied sur l’autre. Elle la sentait s’approcher tout en douceur à pas silencieux derrière le voile noir de la nuit. Elle la sentait faire les cent pas dans sa cage thoracique.
Perturbée, elle sortit discrètement de la chambre en essayant de ne pas faire de bruit, afin de ne réveiller personne. Elle marcha d’un pas lent dans le couloir et pénétra dans le salon éclairé par la lune.
— Tu n’es pas restée dans ta chambre.
Lauren sursauta en voyant Diana, plantée derrière son épaule.
— Tu dois rester dans ta chambre.
— Pourquoi ?
— Pour qu’elle ne te voie pas.
— Qui ça ?
— La chose.
— La chose ?
— La chose qui s’est…
— Écoute Diana, la coupa Lauren. J’ai travaillé dans un hôpital pendant quatre ans. Durant tout ce temps, plusieurs malades ont essayé de m’effrayer en utilisant toutes sortes de stratagèmes. Et tu sais ce que j’ai appris ? Que contrairement aux apparences, j’ai beaucoup de courage. Ça me surprend moi aussi.
— Je n’essayais pas de t’effrayer, Lauren. Je savais que tu n’aurais pas peur.
Une expression de soulagement éclaira le visage de la jeune femme qui répliqua :
— Ah, oui ?
Diana sourit en haussant les épaules.
— Bien sûr. Je l’ai su dès l’instant où je t’ai vue.
Un bruit anodin et familier coupa court à leur conversation.
— Qu’est-ce que c’est ? chuchota Lauren.
Lentement, elle s’approcha de Diana, surprise de constater en elle-même une sorte de calme.
— Ce n’est qu’un bruit, la rassura-t-elle.
Lauren se positionna en bas de l’escalier menant au grenier.
— Ça vient de là-haut. Quelque chose qui cogne à la porte, décrivit-elle avec une parfaite lucidité.
Le bruit ébranla la porte. Plus fort que jamais, assourdissant.
— Ne crains rien, je suis là, dit Diana.
Lauren la regarda d’un œil perplexe. Un frisson lui traversa le dos. Un frisson très désagréable, semblable à une vague qui naît dans l’estomac, puis monte en remuant et ensuite redescend, comme quelque chose de vivant.
Soudain, ce fut le silence.
Un froid anormal se déployait dans le couloir, jusqu’à l’emplir tout entier. On aurait cru le voisinage plongé dans le plus doux des sommeils, tant le silence était profond. Lauren se mit soudain à trembloter, au point que Diana s’empressa de l’enlacer dans ses bras.
— Ne crains rien, je te dis.
— Je n’ai pas peur. Je meurs de froid.
Empoignant un plaid, Diana le jeta autour des épaules de la jeune femme.
Le bruit recommença. À croire qu’il s’était interrompu pour les écouter, les espionner. Figée, Lauren maintenait les yeux rivés sur le haut de l’escalier. Elle se sentait encore capable de cogiter de façon cohérente : elle n’était pas anormalement terrifiée – en tout cas, pas plus qu’elle ne l’aurait été dans ses pires cauchemars.
Il y eut de nouveau un silence.
— C’est fini, dit Diana.
Lauren, les yeux fatigués, se tourna vers elle.
— Comment fais-tu pour supporter tout ça ?
— L’habitude, sans doute.
— C’est bizarre. J’ai l’impression que j’ai chaud de nouveau, s’étonna Lauren.
— La chose n’est plus là, confirma Diana.
Le froid avait en effet disparu. Il n’en restait qu’un vague souvenir, une caresse dans le dos de Lauren lorsqu’elle regardait l’escalier. Elle ôta le plaid et le plia machinalement avant de le déposer sur le bord du canapé.
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Une lumière pâle et étouffante éclairait l’interminable couloir de l’hôpital menant à sa chambre. Après une longue période passée à hanter les murs de cet établissement, John avait oublié combien ce lieu dégageait une étrange odeur fétide faite de remugles, de plâtres, de chloroforme et de sang.
La lune était pleine et brillante et, lorsque ses rayons vinrent frapper sur la fenêtre de sa chambre, leur éclat, que les barreaux en fer forgé voilaient, le ranima. Il criait dans son sommeil et tentait de rejeter le drap qui lui servait de couverture, comme s’il repoussait une bête répugnante. Son corps tremblait et son visage, d’une pâleur extrême.
― Réveillez-vous, John ! dit une voix féminine.
L’un des radiateurs au fond de la salle cliquetait bruyamment.
― Où suis-je ? demanda-t-il.
― Calmez-vous ! Vous avez encore fait un cauchemar.
L’infirmière tenait un petit gobelet à la main, parée à lui administrer sa dose de tranquillisants.
― Je vous en prie. Dites-moi où je suis.
― Institut Bradley, à St Paul, Minnesota.
― Quel jour, on est ?
L’infirmière eut un petit rire gêné.
― Le jour de la Saint-Sylvestre ! Le 1er janvier 2006. Alors, bonne année !
John ne répondit pas. Il pencha la tête sur le côté, l’air pensif. Soudain, il se rappela…
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