John Stuart Mill

Critique de Alexis Lacroix pour le Magazine Littéraire



La philosophie politique anglaise reste un outil incomparable pour décrypter notre modernité. Dans ce vaste corpus, l'oeuvre de John Stuart Mill (1806-1873) permet de penser à nouveaux frais la liberté politique. Les Considérations sur le gouvernement représentatif figurent ainsi au nombre des classiques de la pensée libérale. Ce texte de 1861, relu à l'aune des enjeux contemporains, apparaît d'ailleurs d'une étonnante modernité. Mill y élabore la notion d'« école de la participation ». À ses yeux, la participation fortifie le sens des responsabilités vis-à-vis des autres. Comme forme de gouvernement, celle-ci devrait permettre à chaque citoyen de se détourner de la poursuite de ses intérêts personnels pour oeuvrer au service de la communauté. Tant il est vrai que, selon Mill, un bon gouvernement suppose de bons citoyens, motivés par le souci du bien commun. Le philosophe vante en conséquence la participation directe au gouvernement local. Une notion promise à une large postérité, surtout aux États-Unis : John Dewey, mais aussi Charles Cooley ou Emerson ont préparé, au travers de leurs lectures attentives de Mill, la redécouverte de la démocratie représentative, au cours des années 1960, et son installation durable au coeur de notre culture politique.