Ils me questionnent sur le déroulement des semaines à venir et des examens qu'il va subir. Cela m'oblige à parler, me fait pleurer aussi mais je me rendrai compte plus tard qu'il est indispensable d'extérioriser ses pensées ou sentiments pour ne pas devenir fou.
La maladie fatigue, irrite, sape le moral des malades mais aussi de ceux qui les entourent.
Il y a des rencontres que rien ni personne ne peut briser, des amitiés pour la vie.
Quelque part dans le monde, ce fameux 6 novembre, un Veilleur de Vie anonyme va offrir beaucoup plus qu'un peu de moelle osseuse, il va offrir la vie à un jeune homme de 27 ans qui se trouve être mon fils.
Nous sentons que nous allons entraîner dans notre histoire tous ceux que nous aimons et qui nous aiment.
Je ne supporte plus le bonheur, les futilités, les discussions légères. C'est comme si j'avais une perpétuelle crainte qu'un nouveau malheur arrive et que je préférais me concentrer pour m'y préparer.
Il n'est pas facile de ne pas "couver" un malade mais ce qui est sûr, c'est qu'il faut lui faire confiance et qu'il faut au moins lui laisser le droit de faire des choix, sinon que lui reste-t-il ?
On n'a pas de mots assez forts pour traduire notre impuissance et notre amour pour lui .
Mais la vie à trois n'est pas toujours facile. C'est une évidence.
Les enfants devenus adultes doivent vivre leur propre vie, c'est aussi une évidence.
La maladie rend aigri, elle est difficile à vivre.
Elle m'avoue qu'elle aussi a été involontairement agressive avec eux, que c'est malheureusement incontrôlable. Je comprends mieux.