D'une nouvelle à l'autre, le lecteur, confabulé avec l'auteur, passe des gloses comiques et fantaisistes d'expressions figurées homériques à l'univers kafkaïen d'un garde barrière, ou à une leçon d'art narrée par un disciple de Léonard de Vinci.
Hilarantes fantaisies mécaniques et industrielles, inquiétantes paraboles sur la conjugalité et la souffrance amoureuse, vaudevilles condensés en deux pages proposent une vision satirique de l'humanité séculaire ou celle d'un monde contemporain régi par le seul profit et le leurre du progrès. Juan José Arreola se fait moraliste pour traiter avec ironie les démêlés des hommes avec le sacré, dans des fables empreintes d'une grande érudition, parsemées d'évocations des grands textes de la tradition littéraire occidentale, réduits à leur quintessence parodiée. Juan José Arreola signe ici un véritable enchantement.
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LA FOIRE de JUAN JOSÉ ARREOLA
Mexique. Une ville imaginaire, Zapotlan.
Ils sont 30000 indigènes plus ou moins, toute la terre était à eux, elle est désormais aux notables et aux religieux. C'est Jean Tepano qui raconte comment il a acheté 54 hectares de terres alors qu'il est issu d'une famille de cordonniers. Il s'adresse à sa Majesté et se plaint des formalités administratives des hommes qui achètent et revendent les terres. St Joseph et la Sainte Vierge sont au village depuis 1745, les prêtres poussent à la confession toutes les semaines, il se souvient qu'il tient le bâton d'autorité donné par le roi d'Espagne à Augustin en 1583. La terre est volée à la mort de chaque indien. Don Cristobal s'installe chez nous en profitant de la révolution, il nous vole les semences. Tous les indigènes dont désormais dévots et dépensent le peu qu'ils ont en dévotions. le récit dérape en souvenirs et anecdotes, semailles et procès, histoire et fantasmes, on saute les siècles, les mois, les années, on passe d'une famille à l'autre. Un enterrement pluvieux où personne n'a de parapluie. La mort du licencié qui ne donnait jamais de reçu pour ce qu'on avait acheté, alors que va t il se passer pour la terre?
Il y a encore l'histoire de la poule sans bec, une femme qui dansait avec Pedro quand un papillon noir s'est posé sur elle, morte. Et l'histoire de Marie Hélène qui veut qu'on lui fabrique le cierge le plus gros possible ou celle des tremblements de terre qu'envoie Dieu comme châtiment divin,
Un récit puissant dans la tradition du réalisme magique, difficile à suivre, on doit se laisser porter par les les phrases pour laisser émerger un sens dans le récit en l'occurrence la lutte des paysans indiens pour le terre qui leur a été volée bien que le roi leur ait octroyée au 16 ème siècle. Un récit poignant par un écrivain mexicain grand spécialiste des nouvelles, né en 1918 mort en 2001
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