AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jules Jéromon (2)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Communautés et solitudes

Avec ce troisième tome, je retrouve un coup de coeur très net pour les aventures d'Oru. Nous sommes toujours avec les jeunes Helleïres en route vers leur forêt, l'Ellaris ; pour ce faire, ils doivent emprunter un chemin détourné, marcher toujours à couvert dans les bois et forêts, rencontrant de multiples dangers, notamment lorsqu'ils traversent une région presque entièrement déboisée, couverte de marécages et de zones cultivées, et que des tremblements de terre se déclenchent... Heureusement, Oru accroît ses pouvoirs et le génie du rocher bleu continue à leur apporter son aide magique, avec parcimonie mais quand cela est nécessaire.



Parallèlement à ce cheminement des jeunes Shindoens qui doivent rester cachés, car leurs iris verts sont pour eux d'un grand danger, nous abordons, davantage encore que dans les précédents tomes, un propos géopolitique sur les royaumes du sud du pays, les alliances qui se préparent secrètement, la volonté des ambassadeurs du Kahi et du Sesheng ; nous voyons en temps réel se tisser les intrigues, et éclater les conflits. Cette fois-ci, nous sommes principalement en Mefeir, royaume dirigé par un roi aux mœurs dépravées, Tlelatoemoc : les Kahis règnent en maîtres sur son palais, se servant du gynécée pour entretenir l'ivresse continuelle du roi, d'orgie en orgie, et l'utiliser comme une marionnette servant les intérêts de Phereib, roi du Kahar, le Royaume marchand. Bien sûr, les grandes familles nobles se rebiffent et préparent une insurrection, à commencer par le fils aîné du roi, Zemitopan, ambitieux poussé par le goût du pouvoir, et son frère, moine-soldat dit Crocs-de-Jikagar, redoutable guerrier-jaguar.



Pendant que le groupe d'Oru fait une halte nécessaire dans la capitale de la Mefeir, Popahuakan, à cause de la blessure de Haku - ils sont hébergés dans un château abandonné par une troupe de jeunes gens sans foi ni loi, originaires comme eux du Sah, vivant sous l'égide de Chinjiba, qui les a reconnus pour des Elleïres mais les a pris sous sa protection - la tension monte dans les rues de la ville, les Partis s'affrontent et les premières échauffourées ne tardent pas. Oru et les enfants resteront-ils en sécurité ? Parviendront-ils à quitter la ville, alors même que Chinjiba s'est épris d'Ussuma, et ne voudra peut-être pas si facilement les laisser repartir ?



L'environnement décrit par Jules Jéromon est saisissant de réalisme, il ne néglige aucun détail, que ce soit les affaires du pays, la diplomatie, que la religion, la langue, la littérature et l'art pictural de chaque royaume. Cette fois, les éléments culturels et linguistiques font penser aux traditions aztèques plus que japonaises, mais ce n'est pas vraiment gênant, on s'immerge vite dans ce monde imaginaire, d'autant plus que plusieurs narrateurs prennent le relais du récit. L'auteur a une approche humaniste des troubles humains, il n'ignore pas les crimes et autres perversités que l'homme est capable d'extérioriser, mais à travers Oru, il cherche la nuance, en ce qu'Oru lui-même est devenu un personnage complexe, qui lutte contre ses propres démons, notamment la soif de sang, la vengeance, et souhaite à présent être un bon chef pour ces jeunes Helleïres, en commençant à apprendre le Livre des Anciens, et à réfléchir à ce qu'il voudrait réaliser en arrivant à Faahneï-Iuzu, leur village dans la Forêt. Comme si ces différents niveaux ne suffisaient pas, Oru lui-même invente des contes, les soirs de veillée, de même qu'il écrit des poèmes, souvent retranscrits au fil de son récit.



La série a pris de l'ampleur, et, je le pense, trouvé sa vitesse de croisière. Il faudra sans doute plus de quatre tomes (actuellement publiés) pour venir à bout de cette saga, mais... tant mieux après tout ! Jules Jéromon parvient dans ce troisième tome à un tel degré de maîtrise que le lecteur ou la lectrice n'a qu'une envie : suivre cette épique marche vers la terre des ancêtres, et voir l'Ellaris et ses mystères.
Commenter  J’apprécie          210
Cachés

J'avais noté 5/5 le premier tome, Le Refuge du passé, cette fois je vote plutôt 4,5/5. Ce n'est pas que le roman me plaise sensiblement moins, j'ai toutefois eu besoin de plus de temps pour le lire, j'y étais un peu moins immergée que dans le précédent tome.



Nous retrouvons Oru au jour où il est contraint de quitter Shindo, son village qui va être entièrement détruit, sur l'injonction de son maître Shaïku. Etant le seul initié aux dieux des Elléïres, Oru a le devoir de mener les 14 autres adolescents orphelins aux iris verts (la marque de son peuple) jusqu'à la forêt primordiale d'Ellaris, vers l'est. La route sera longue, et il faut protéger ces enfants, sans pouvoir encore vraiment compter sur des pouvoirs magiques, qui ne se développeront que peu à peu, surtout lorsqu'il aura rejoint leur terre d'origine.



Oru doute de tout, et en premier lieu de lui-même : il pourra compter cependant sur l'aide de précieux alliés, des Esprits de la forêt qui vont s'allier à lui, ainsi que de ses amis, Ussuma qui l'a suivi (elle avait tout perdu en la personne de son père adoptif, Shaïku, puisqu'il s'est sacrifié en restant au village), mais aussi d'Aruma, son cher ami et presque frère de coeur, et le frère de ce dernier, Haku, qu'ils retrouvent un peu par miracle, car ils ont réchappé au massacre, eux aussi.



Ainsi, c'est de la marche dans la forêt qu'il s'agit à présent, de la recherche parfois très concrète d'abris, de nourriture, d'eau, en même temps que la communion mystérieuse et puissante avec la nature toute entière et ses esprits. Il faut trouver une route pour sortir de la Xuih (leur seigneurie), car les Salamandrins, l'armée d'élite du seigneur Chaxuih menée par un puissant prince, Psa-Go, est à leurs trousses. Oru doit faire face à de multiples difficultés, celle de mener une troupe d'adolescents composite, aux personnalités différentes, n'étant pas la moindre, d'autant plus qu'il est solitaire, et vit parfois mal cette compagnie permanente.



Pendant ce temps, le roman prend de l'ampleur, et nous atteignons à une vue plus vaste que précédemment, car, alors que le récit alternait entre la vie d'Oru à Shindo et les problèmes des villageois, et les menées de Chaxuih à sa Cour, ses tractations secrètes avec des royaumes marchands voisins, à présent nous avons en plus la vie du royaume de Sah et de son roi, Sah Erya Sin, homme très pieux, sincèrement horrifié par la présence d'Ombriens, l'ancien peuple de la forêt, sur ses terres. Nous assistons aux enjeux de pouvoir dans les deux Cours, aux mensonges diplomatiques, aux intérêts séparés, peut-être aux futures menaces de guerre. J'avais parfois l'impression de lire Games of Throne, avec ses personnages de conseillers retors et manipulateurs !



Jules Jéromon construit et dirige bien son intrigue, il sait où il va, et apprécie autant d'adopter le point de vue intimiste d'Oru, souvent sous une forme poétique, voire lyrique (il inclut du reste de brefs poèmes ça et là), que de passer en revue les enjeux de la politique du monde qu'il a inventé, un peu comme un J.R.R. Tolkien, qui n'oubliait jamais que la petite histoire se fond dans celle des peuples et des personnages de pouvoir. On croit lire parfois des chroniques, cela reste toujours plaisant et utile à l'intrigue. Il aime aussi à analyser les motivations des hommes, les enjeux de pouvoir dans un groupe, l'autorité qui s'installe, ou peine à s'installer, entre les jeunes adultes et les adolescents elléires, les dissensions alors qu'il faudrait s'unir et faire front.



Alors, pourquoi cette réserve quant à ce second tome ? J'ai pris autant de plaisir à sa lecture, et suivi avec intérêt tous les développements de l'histoire. Toutefois, je vois le récit se déployer, je vois aussi que nous sommes au second tome et que cela traîne parfois en longueur. Est-ce à dire que l'auteur délaie son récit ? Je ne le dirais pas ainsi, mais j'ai le sentiment qu'il s'enivre parfois de sa propre histoire, qu'il se perd un peu, passe trop de temps sur des passages, ou y revient d'un autre point de vue alors que cela ne paraissait pas nécessaire. Somme toute, à la fin de ce second tome, la perspective géo-politique s'est bien élargie, mais je suis restée un peu sur ma faim en ce qui concerne les jeunes elléires, qui n'ont pas beaucoup avancé. J'espère vraiment que l'auteur tiendra sur la durée, et je m'apprête à continuer cette série, dont je commande les tomes au fur et à mesure.
Commenter  J’apprécie          150


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jules Jéromon (1)Voir plus

Quiz Voir plus

Capitales dans tous leurs Etats

Quelle est la capitale de l’Australie ?

Sydney
Canberra
Melbourne
Adelaïde

10 questions
74 lecteurs ont répondu
Thèmes : géographie politique , Géographie historiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}