Citations de Julia Weber (23)
Quelle drôle d'impression que d'avoir soudain la certitude que le monde ne ressemble en rien à ce qu'il était, il y a encore quelques jours. Tout à coup, le soleil pourrait s'appeler lune. Tout à coup, la terre pourrait être plate.
Elle a l'impression qu'elle est un bateau auquel on a coupé ancre, amarres et voiles, pour l'abandonner en pleine tempête. Sa coque est fendue, elle prend l'eau et elle essaie d'arrêter les dégâts à l'aide d'une serpillière – pas très efficace.
L'alcool rend pas mal de gens sirupeux, collants, la libido de certains prend ses aises.
Je ne sais pas pourquoi aimer et ne comprends pas comment ça arrive. Je vois, à vous observer vous les humains, que vous recommencer sans cesse, et que ça n'a jamais de fin heureuse alors... Pourquoi ?
Des questions se bousculent dans ma tête et je tente - autant que je le peux - de les effacer à coups de verres.
Est-ce qu'il a souffert ?
Est-ce que lui a plus mal que nous ou est-ce l'inverse ?
Est-ce qu'il n'est plus rien ?
C'est une notion qui m'échappe et pourtant je ne suis pas croyant.
— T'es belle.
— Tu veux me faire rougir ?
— Je ne vis que pour ça.
Il exècre ces futilités. Ces 'ça va' qui n'en sont pas vraiment. Qui pose cette question en attendant qu'on lui réponde sincèrement un non ? Qui ? Quand quelqu'un demande si tout va bien, il veut un oui, histoire de ne pas trop développer, de ne pas être noyé dans une plainte interminable.
Tout à coup-un peu comme une envie d'aller aux toilettes-, lui vint une idée.
Une bonne tragédie dans votre vie et l'on vous regarde comme si vous n'étiez plus la même personne. Un petit oiseau à protéger. Ou alors on vous fuit. Normal, qui sait quoi dire ? La mort, elle, est indicible, point.
Je n'ai envie de parler à personne. Je me suis levée avec l'envie de rester recluse dans cette chambre d'hôtel, de dire au monde qu'il n'a qu'à continuer de tourner sans moi. Après tout c'est bien ce qu'il ferait si je n'y étais pas. Alors pourquoi ne commencerait-il pas aujourd'hui ?
Il a toujours pensé que si les hommes aiment découvrir d'autres pays, ce n'est que pour mieux se fuir eux-mêmes.
Comme si s'éloigner physiquement de son quotidien nous permettait de mieux nous retrouver, de changer, alors que les réponses sont à portée de main - si l'on daigne les chercher.
Ce boulot lui évite le contact de personnes trop curieuses ou avenantes. Et puis, observer les gens a son charme. C'est un peu comme aller au cinéma, mais en version gratuite.
L'Homme a besoin de régularité, de routine pour survivre. Ça lui donne un cadre, un but, et limite l'angoisse. Un objectif est anxiolytique, il permet d'affronter les lendemains.
Sam se retient. David courbe le dos sous le poids de la vérité. De la culpabilité sûrement aussi. Trop tard, il n'y a aucune excuse qui tienne face à l'abandon. Ce fils, il ne le connaît pas il n'en voulait pas, d'ailleurs. Alors pourquoi se tordre les boyaux comme ça ? Parce que la fin le guette?
— Non, mais aimer ce n'est pas forcément être amoureux.
- [...] Il y a toujours un événement qui vient nous sortir la tête des chiottes quand on pense être en train de s'y noyer.
- Sympa la métaphore.
On se raccroche à tout et n'importe quoi quand on est en détresse. Un grain de sable fait l'affaire tant qu'on repère quelque chose de rassurant.
Face à nos peurs et nos doutes, nous sommes seuls. On peut avoir des tas d’amis, de gens qui pensent à nous, la lutte reste intérieure.
Je rentre à pied, le coeur traînant derrière moi comme les casseroles derrière une voiture de jeunes mariés. Il rebondit sur le trottoir, se heurte à un réverbère, trempe dans le caniveau. Il bute et souffre à chaque marche de l’escalier de l’immeuble.
Je souris et à l’intérieur, c’est moi qui suis morte.
Froide.
Brisée en mille morceaux.